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Aujourd'hui tout va mal demain tout ira mieux, hier j'en pleurais aujourd'hui j'en rigole.

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• Changement de point de vu. (Amy)

Hier était notre dernier soir sur le sol espagnol.. C'est vraiment un beau pays mais j'suis pas sûre d'en garder que des bons souvenirs. J'ai dû forcer Assa pour qu'elle passe la dernière soirée auprès de son homme, sinon c'est clair qu'on serait retournée faire la mala au carnaval et je n'sais où encore.. Elle veut tellement me changer les idées qu'elle en oublie celui qui fait battre son petit cœur des fois. Enfin bref, du coup ils ont encore passé une nuit à l'hôtel donc j'étais encore seule avec Ahmed. Après le soir où il a faillit brûler toute la cuisine, il y a eu la soirée d'hier qui était vraiment bizarre. On était chacun dans notre coin et on s'est pas adressé un mot, mais vraiment pas un seul.. Même pas un regard. J'avoue que j'étais pas spécialement bien, moralement ça suivait pas, j'étais ailleurs et ça avait l'air d'être la même chose pour lui. Du coup, quand je me suis levée aujourd'hui j'étais vraiment dans un mauvais mood, déjà que j'étais dégoûtée de partir..

Je me suis levée en traînant des pieds et je suis allée prendre une douche. En sortant j'ai mis un long t-shirt gris et un legging noir, j'ai attaché ma tignasse et j'suis descendu fumer une clope dehors. J'ai pris l'habitude de cette connerie et franchement c'est mauvais, j'suis pas sûre de pouvoir réussir à arrêter un jour. Le tabac me procure un truc encore inconnu que j'apprécie mais que je trouve nulle part ailleurs, alors je pense pas être prête d'arrêter cette merde tout de suite.

Après ça j'ai déjeuné, seule, et Ahmed est descendu. Tout comme hier on s'est pas donné l'heure, j'ai dû le froisser à un moment donné parce que d'habitude il me lance au moins un regard.. Et là c'est à peine si j'existe. J'aime pas ça. Du tout. Un peu vexée j'suis remontée dans ma chambre pour faire ma valise, et même pas quelques minutes après on tape à ma porte.

- Ouais ? je gueule en ouvrant mon armoire.
- On peut parler vite fait ? demande Ahmed en ouvrant la porte.
- Pour ?
- Fais pas l'idiote.
- Entre, je soupire en refermant mon armoire.

Il s'est un peu assis sur le bureau de chambre, les bras croisés et le regard pointé sur mon parquet alors que j'étais installée sur mon lit en tailleur. Après quelques secondes il a passé sa main sur son visage et a tourné sa tête vers moi..

Putain pourquoi est-ce qu'il est aussi beau ? Franchement c'est permis ça ?

Quand il a ouvert la bouche c'était tout autre chose. Il avait la voix brisée, sûrement par la fatigue, il cherchait même pas ses mots pour vous dire à tel point il parlait à cœur ouvert. Il a l'air mort. Vide. Sans émotions. Ça me peine de le voir comme ça et en même temps je suis tellement heureuse qu'il revienne vers moi.. J'ai chaud et mon cœur bat tellement vite, on aurait trop dit une adolescente devant le mec qu'elle kiffe.. Ridicule. C'est ça, j'étais complètement ridicule.

- J'ai pas vraiment d'excuse mis à part le fait que j'sois con. Quand j'ai perdu Sa.. *raclement de gorge* C'était la fin de tout, le coup de massue de trop, le décès de trop. Tu sais ce qu'il représentait pour moi.. J'ai pas fait attention à ce qui se passait autour de moi j'voyais que ma propre souffrance. J'ai mal agit, par la suite j'ai mal réagit j'ai accumulé les conneries je le sais.. Je.. *soupire* C'était le bordel dans ma tête. Qu'est-ce que j'm'en bats les couilles de Camille, depuis le départ j'te l'ai dit j'm'en fou d'elle ! J'te l'jure sur tout c'que j'ai de plus cher, sur tous mes morts même que c'est elle qui m'a embrassé ce jour-là. C'est quand j'ai appris que t'étais en couple avec l'autre pédale que j'me suis mis avec elle..
- Tu sais Ahmed pendant cette période j'avais besoin de toi, j'avais vraiment besoin de toi, je dis en jouant avec mes doigts. T'as vraiment été un putain d'egoïste de merde.. Mais en fait le pire je pense c'est de voir que tu cherchais même pas après moi. J't'en veux, sur ma mère tu peux pas savoir comme je t'en veux..
- Tu me pardonneras un jour ?
- Je sais pas, je dis en regardant droit devant moi.
- J'abandonnerait pas, cette fois crois-moi que j'te laisserait pas, t'es ma meuf à mort oublie pas, il me dit en quittant la pièce.

Comment ça « oublie pas » ? Entre nous deux qui est-ce qui l'avait oublié ça ? Toi ou moi ? Des fois il m'énerve tellement que je préfère même pas lui répondre. Ça me gonfle qu'il revienne comme ça parce qu'il a « enfin » pris conscience et que moi comme une idiote j'sois toute contente intérieurement. Franchement va falloir que j'me calme moi aussi. Je sais pas comment j'ai fait pour me mentir à moi-même et me convaincre que je pouvais faire ma vie avec quelqu'un d'autre que lui, c'est cramé rien que quand je le regarde.. Remarque c'est sûrement pour ça que je posais pas mes yeux sur lui.

Je vais pas faire la meuf insensible, c'est bien qu'il s'excuse, ça m'a quelque peu soulagé, mais c'est pas assez. Il regrette, c'est bien aussi, mais c'est pas assez non plus. Attends combien de nuits j'ai pleuré ? Quand je m'inquiétait ? Quand il m'a largué ? Quand j'ai assumé le début de ma grossesse toute seule ? Quand j'ai perdu notre enfant, où est-ce qu'il était quand je pleurais ? Quand il était susceptible d'avoir besoin de moi j'me suis montrée présente, c'est lui qui voulait pas de ma gueule dans ses environs. Bref, j'ai pas envie d'attiser la pitié, mais je garde en tête que quand je voulais me flinguer il était loin de moi. Très loin même. C'est facile de revenir maintenant que je vais à peu près mieux, maintenant que j'ai laissé tout ça derrière moi. Peut-être que c'est mieux que j'le laisse derrière lui aussi.. Tout le monde dit que de retourner avec son ex c'est ravaler sa merde, et personnellement j'suis pas du genre à répéter plusieurs fois les même erreurs.

Une fois ça me suffit Dieu merci.

Autant vous le dire j'avais la tête ailleurs toute la journée, dans l'avion je faisais que de cogiter et encore pire dans la voiture quand mon frère est venu me chercher. Il m'a demandé où était passé le « blanco » comme il l'appel et quand j'lui ai expliqué il en revenait pas..

- Moi j'ai toujours dit c'est eux les pires infidèles ! Vous vous dites c'est les noirs ! Bah la vie que nan, les « chérie je suis au bureau je vais quitter tard » ça c'est qui hein ?
- Idriss t'es quel genre de chacal ? je demande en rigolant.
- T'es fou toi j'suis so clean so fresh so hlel moi cousine.
- Allez forcing, je lance en sortant mon téléphone.

Il m'a déposé à la maison avec mes affaires et il est retourné chez lui, on a cette habitude là et je me vois pas revivre avec lui. Hein hein, pas question. J'ai à peine eu le temps de m'allumer une clope que ça sonne à la porte. *souffle* Comment j'ai horreur de ça, oh purée. J'ouvre la porte et devinez qui je vois ?

La blondasse postichée devant mon pallier, toute belle toute parfaite genre.

Frère pourquoi tu viens sonner chez le diable t'en sortiras pas vivante alors dégage !

- Tu viens faire quoi ici ? je lui demande en la regardant dans les yeux.
- Sois pas sur la défensive.. Faut qu'on parle, si tu veux bien.

Sans un mot je m'écarte de la porte pour la laisser passer.

- C'est bon assis toi arrête de faire des manières, je lance en remettant ma cigarette dans mon paquet.
- J'vais pas passer par trente chemins Aminata, il t'aime. Je sais très bien que depuis que j'suis partie il a dû demander à s'expliquer avec toi, c'est simple, il t'aime..
- Qu'est-ce que t'en sais toi ? je la coupe.
- Il m'a jamais touché en plus de six mois, et sur toutes les occasions possibles quand ça allait vraiment se faire il m'a appelé par ton prénom. Ça te crève pas les yeux ? Il t'aime. Ça me tue mais c'est évident, c'est toi qu'il veut. J'peux pas m'obstiner à vouloir ce qui ne peut pas être à moi, il te veux et il t'a. Il t'as dans les veines. Il me regarde il pense à toi. C'est clairement toi qu'il veux et qu'il lui faut.. J'ai tout fait pour qu'il s'intéresse à moi, tout, ça a pas marché, c'était un désastre alors je vais pas forcer le destin. Pense que j'suis venue pour que tu tombes dans ses bras, si je l'ai pas honnêtement ça m'arrange que toi non plus. Mais j'pense à son bonheur avant le mien et depuis toutes ces années que j'le connais j'l'ai jamais vu aussi heureux qu'avec toi.. Pour moi c'est lui qui compte, toi t'es là t'es pas là, c'est la même j'te le dit clairement, mais t'es son sourire sa raison de vivre et j'suppose que c'est la même pour toi. Alors réfléchis bien avant d'le jeter aux oubliettes, agis pas par fierté.

Après ça elle a pris son sac qu'elle avait posé à ses pieds et elle est partie. Là j'avais de quoi cogiter toute la soirée c'est sûr..

Double A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant