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Nous trois c'était QLF.

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« Lettre à mon frère. 🌹 »

Quand j'ai su qu'encore une fois, un être cher était arraché à moi, la vie m'a semblait encore plus triste que d'habitude,
Mon sang est mort, ma chaire est morte, c'est ma putain de vie qui tombe en ruine,
Mec t'étais mon frère, quand on s'disait « que la mif » c'était pas des blagues, c'était vraiment sincère,
T'étais la vie du groupe, toujours entrain de rire, jamais sérieux, c'était plus que ton habitude c'était ça ton attitude.
Ce p'tit pd a bouffé ta vie hein, il voulait ta meuf la prunelle de tes yeux, t'étais dans le mal, t'en dormais pas la nuit, ce fou te donnait une sale mine.
Quoi de pire que d'assister à ton enterrement ? Que de voir les larmes sur le visage de ta mère ?

Toi et moi on était frères, mes galères tu les connais, les tiennes j'les connaissaient et pourtant.. T'es un de plus dans les nuages ou dans les flammes, qui sait ?
Qui s'attendait à ce que tu clamses sous préméditation ? Faut le dire, ce bâtard t'as plumé, il t'as fumé et on était pas prêt,
Moi le premier.
Bordel comment j'ai chiâlé ta mort, toutes les larmes de mon corps je les ai pleurées, j'pourrais boire des litres d'eau j'suis complètement à sec,
Des larmes, les mots des armes, blessée est mon âme, c'est sans dire que ta présence tous on la regrette.
C'est pas le fait que tu partes qui m'a fait mal, on partira tous un jour j'le sais et c'est pas ça le problème, le truc qui m'a eu, c'est que c'était ton départ à toi.

Gros quand j'te disait que t'étais le sang de la veine j'me fouttais pas d'toi, c'était vrai.
J'te connais par cœur, t'es resté le même, toujours aussi con et fêlé.
Même si t'as changé quand la santé de ta mère faillait, même si t'as changé quand tu t'es marié..
Maintenant que t'es plus parmi nous c'est tout qui a changé.

On était les Trois mousquetaires et on se retrouve à deux comme des cons,
Tu te rends compte que le mec t'as fait cramer, sur la civière t'étais méconnaissable,
Fallait voir la gueule d'Emre quand j'ai dû lui dire qu'un membre de la fine équipe nous a quitté..
Sur le coup on allait se monter dessus et s'arracher la gueule mais comme tu l'avais prédit on pleurait.
De toutes les personnes sur terre t'es celle que j'aurais sûrement voulu voir mourir en dernier, pas aussi vite en tout cas,
C'est ça qui me rends les yeux si humide j'arrête pas de me demander pourquoi toi,
T'avais fait quoi pour mériter ça ?

T'es le mec le plus droit que je connaisse, avec la Masse on t'appréciait plus que comme un pote,
Alors forcément t'es pas là ça fait un vide, on se demande c'qui nous arrive,
Pourtant des décès c'est pas ce qui a manqué dans ma vie, t'es pas le premier et tu seras sûrement pas le dernier, mais comme c'est toi ça change tout.
Sabri ça reste Sabri, mort ou vivant, ça reste la famille.
T'avais ta place dans la fine équipe, t'étais comme le moteur du groupe, bien sûr j'étais le carburant, mais t'étais grave important vieux fou,
La mort n'arrête pas l'amour alors pourquoi elle arrêterait la fraterie ? Si t'es le sang un jour t'es le sang à vie.

Forcément que j'aime pas qu'on parle de toi, t'es malade ou quoi depuis que t'es plus là tout le monde prétend te connaître,
Quand on divisait un grec-frites de chez Pakat à trois, assis à même le sol qui était là ? Y'avait que nous trois, on errait comme des chiens sans maîtres.
Vous me prenez pour un fou à partager ma graille à trois, mais avec rien dans les poches à l'époque si on réunissait cinq balles à trois bien sur qu'on mangeait à trois.
J'espère que t'es au paradis, que ton âme erre pas les rue, t'étais un mec bien personne peut nier ça,
Putain Sabri tu réalise ? Un fils de pute t'as enlevé la vie !

Tu remarques comme j'ai les nerfs ?
Moi qui était toujours contre les insultes sur les mères..
Faut dire ce qui est, le mec voulait le beurre, l'argent du beurre et cul d'ta beur,
Qu'il finisse avec qui j'pense dans les flammes, qu'on lui brûle l'âme.

Rien que pour toi j'aimerais devenir ces cons de médiums et de télépathes,
Parler avec toi c'était trop nos vies, t'étais un clown, vraiment t'étais un baisé,
T'es plus parmi nous, t'es plus sur terre mais t'es toujours des nôtres.
T'inquiète que le fou paiera, il crèvera ce psycopathe,
Dire que la dernière fois que j'ai vu ton sourire remonte à avant ta mort, j'ai envie d'hurler à jamais,
T'es pire qu'unique mon gars, t'es toi, et ça ça prouve bien que t'as pas à voir avec les autres.

J'espère que t'es bien où t'es, te dit pas qu'on est rien sans toi enfoiré,
On survivra sans ta putain de présence, c'est juste qu'on est pressé du jour où on te rejoindra mon gars.
C'est pas la fin joyeuse que tu voulais, encore moins la fin heureuse dont on rêvait,
T'es parti bizarrement personne a vraiment compris le déclic du fou, tout c'qu'on savait de lui c'est qu'il était complètement fêlé.
Putain Sabri, tu t'rends pas compte mon gars, sans toi ici on avance pas,
On avait beau dire que t'étais con comme tes pieds, au moins t'avais la joie de vivre que nous on avait jeté.

Pour nous t'étais l'homme parfait, le modèle type, le pote parfait, le frère sans défaut,
Un mec droit, loyal, avec l'esprit d'la famille..
Le mec qui se sentait trop high juste pour un grain de beauté flanqué au dessus de sa lèvre.
Le nouvel ange de la Cité d'Or, l'ancien frère que j'partageais avec l'Arménien.

Ce p'tit con fais le fier mais j'te jure qu'il chiâlait avec moi.
Tu t'marre peut être d'où t'es mais tu t'en rends pas compte, c'est un truc de ouf qu'on a perdu mon gars,
C'est quelqu'un d'important même, de trop important si tu savais,
Quelqu'un qui comptait de ouf pour nous, à tel point qu'on aurait préféré être à sa place.

Parce que c'est toi qu'on a perdu, c'est toi qu'on reverra plus jamais.
J'sais pas si tu l'sais mais au fond on se sent fautif, on a du mal à s'regarder dans la glace.

On garde en tête qu'on a perdu un soldat mais pas la guerre, on sait pas si on réussira à t'venger mon frère, mais t'inquiète pas que tout le monde saura que t'étais le plus grand bonhomme sur Terre.

J'ai les yeux rouges à force de me mettre en tête que j'peux plus dire que j'vais chez toi,
Dis-moi d'arrêter d'pleurer, dis-moi que sans ta gueule on a des dégaines de pd,
C'est mieux pour moi de m'arrêter là,
D'arrêter cette lettre que tu liras jamais,
Surtout de m'arrêter sur ces quelques mots qui riment pas trop :
Même que sous-terre tu restes le sang, la chair de ma chair, t'es plus parmi nous pourtant tu restes la fierté des nôtres.
Mais comme tu disais souvent,
Tout ce qui rime à rien faut savoir y donner du sens..

Double A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant