Chapitre Deux

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Point de vue June

J'y crois pas. Je rêve, pas vrai ?

Non mais dites moi que je rêve !

Il a raccroché.

Ce connard a raccroché.

Même pas un "s'il vous plaît". Non, bien sûr. Ça pourrait le tuer d'être poli visiblement. Mais de toute manière ce n'est même pas mon travail ! Je suis censée m'occuper de répondre à des appels concernant la rédaction de ce magazine, pas d'un stupide café.

Ah oui, je suis juste à l'essaie pour l'instant. 

Non sans avoir envie de me taper la tête contre mon bureau, je sors de la pièce et pars à la recherche d'une salle de repos ou d'un distributeur qui pourrait trainer dans les parages. Aucune porte n'indique une quelconque salle pour les employés, aucune grosse machine à distribution express ne pointe le bout de son nez.

Hors de question que je sorte de ce bâtiment pour aller dans un Starbucks !

Après plusieurs minutes, je trouve enfin mon précieux et entre dans la pièce regorgeant d'employés tous attablés, leurs cafés dans une main, le magazine de la firme dans l'autre. Devant la machine à café, je saisis un gobelet et le remplir d'un café noir, sans oublier de prendre un sachet de sucre pour le plus sympa des patrons du monde - ironie quand tu nous tiens.

De retour dans le couloir, je fais attention pour ne pas renverser ce qui va très certainement me valoir des ampoules aux pieds. Devant la porte de l'homme qui m'a fait passer mon entretient il y a à peine une demi-heure, je toque et fais deux pas brusquement en arrière quand la poignée s'abaisse quelques secondes après, me laissant pleine vue sur le brun responsable de la suite de mon travail dans cette entreprise. Des lunettes de vue sur son nez commun, il hausse un sourcil et me fait signe de le suivre, jusqu'au bureau au centre de la pièce. Il retrouve sa place sur son fauteuil en cuir pendant que je m'occupe de déposer simplement le gobelet, en veillant juste à ne pas tâcher les documents. Sans remerciement ni mouvement de tête, il attrape la boisson et boit une gorgée avant de reprendre le cours de son travail.

J'ai envie de le frapper. Je sais que je ne suis pas importante, certes. Mais il se prend pour qui ? Je ne suis pas son esclave tout de même.

Heureusement ou malheureusement pour moi, ça n'est pas dans mes habitudes de me laisser faire. Qu'on puisse être froid, passe encore. Mais impoli, je ne tolère pas.

Malgré tout, je tente de rester sage et croise les bras, toujours devant son bureau. Quand il s'aperçoit que je suis toujours là, il soupire et enlève ses lunettes noires.

- Un problème Mademoiselle ?

Zen June, zen.

- Non, aucun, je serre la mâchoire.

- Alors retournez à votre travail de secrétaire.

Troublée et encore trop en colère, je fais demi-tour et sors rapidement du bureau pour retourner dans le mien.

Bordel mais qu'est-ce j'ai fait de demander un entretient ici ?

*

Il est enfin treize heures et je peux me détendre. J'ai passé la matinée à faire des aller-retour entre le bureau du patron et la salle d'impression, à sa demande. Chaque fois que Monsieur Carter demandait une photocopie, je m'exécutais, malgré ma profonde colère. Je n'ai vraiment pas aimé sa façon de me parler. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter d'être traitée comme ça ? Est-ce que je lui rappelle quelqu'un qu'il n'aime pas ?

The BossWhere stories live. Discover now