Chapitre Cinquante-trois

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Point de vue Julie

Il est dix-neuf heures lorsque je rentre chez Jacques. Après avoir passé mon après-midi avec ma fille, j'ai décidé d'aller voir le médecin pour être rassurée sur quelques points et pour avoir des informations.

Posant mes clés de voiture sur le meuble de l'entrée, je vérifie mon téléphone et m'avance dans le salon. Jacques y est installé, son ordinateur sur les genoux. Je le rejoins et m'installe à ses côtés. Quand il se rend compte de ma présence, il me sourit et pose l'ordinateur sur la petite table devant lui avant de me prendre dans ses bras chauds et réconfortants et Dieu sait combien j'en ai besoin.

- Comment s'est passée ton après-midi ? Me demande-t-il après m'avoir embrassé.

Je souffle et tente un sourire difficile.

- Julie ?

- Je suis passée voir le médecin.

- Oh... Alors ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Il m'a proposé d'avorter. Il a dit qu'il n'était pas trop tard et que j'ai encore quelques jours pour me décider avant que le bébé ne se développe trop.

Je regarde mon compagnon qui me fait de gros yeux. Prenant ma main dans la sienne, je décèle de la tristesse dans ses yeux.

- Je... n'ai envie de perdre aucun de vous deux. J'aime déjà ce petit autant que toi, m'avoue-t-il.

- Je ne veux pas lui empêcher la vie Jacques.

- Et si tu avortes, il n'y a aucun risque pour toi ?

- Le médecin m'a dit qu'il y avait cinquante pour-cent de chance que j'y survive.

Jacques passe ses mains dans ses cheveux puis sur son visage. Une larme coule automatiquement sur ma joue.

Saleté de maladie !

- Je ne veux pas t'enlever la chance d'avoir un autre enfant.

- Julie, c'est toi qui passe avant tout pour le coup. Je ne veux pas t'obliger à avoir ce petit s'il te tue.

- Je ne sais pas quoi faire Jacques, lui dis-je avant de m'effondrer dans ses bras. Je ne veux pas être égoïste mais je ne veux pas t'abandonner ni toi, ni June et Liam. Je vous aime tous tellement.

Il embrasse mon front et me prend dans ses bras.

Quelques minutes passent avant qu'un téléphone ne sonne. Celui de Jacques.

Il se lève et déverrouille son mobile. En un instant, son visage devient blanc, livide.

- Jacques ?

- Je...Tu...Liam et June...

Je me relève et le rejoins pour l'attraper par les épaules.

- Jacques qu'est-ce qu'il se passe ?

- Liam et June... un attentat a eu lieu sur le lieu de la fête. Il vient de m'envoyer un message pour appeler la police.

- Oh mon dieu ! Je m'écrie en mettant mes mains sur ma bouche.

Je pars chercher mes clés de voiture pendant que mon homme appelle la police pour leur signaler l'attentat.

Dans la voiture, je me place au volant et attends que mon compagnon soit assis à mes côtés pour démarrer et prendre le chemin de l'hôtel où se déroule la fête.

____

Point de vue Jacques

Nous sortons en vitesse de la voiture et rejoignons les agents de police à plusieurs centaines de mètres du lieu de l'attaque.

Oui c'est complètement débile de venir sur le lieu de l'attentat, en plein attentat mais si je peux aider à sauver mon fils, je ne relâche rien.

Julie serre ma main très fort dans la sienne. Depuis presque dix minutes, elle se contient pour ne pas pleurer et je l'en remercie. Si elle s'y mettait, je ne pourrais pas me retenir. Je ne peux pas perdre mon fils, le seul et unique lien avec sa mère, mon ex femme, la première femme que j'ai réellement aimé.

- Eh ! Nous crie un agent. Que faites-vous ici ? Vous n'avez pas le droit de rester là !

- Nos enfants sont piégés à l'intérieur ! Lui hurle Julie en s'effondrant en pleures. Est-ce que vous avez des nouvelles ?

Des bruits d'impacts de balles se font entendre. Julie hurle de plus belle et vient s'accrocher à moi.

- Très bien, commence l'homme et donne un verre d'eau à ma femme, calmez-vous, je vais essayer de trouver des informations.

Nous hochons la tête et pendant que je tente de résonner et de rassurer Julie, des cris dans l'hôtel se font entendre.

- Mon bébé...murmure la femme que j'aime en se berçant d'avant en arrière sur la chaise que lui a proposé l'officier.

J'observe la scène qui se dresse à environ cent mètres de moi : plusieurs hommes, des soldats militaires certainement se préparent à rentrer dans l'hôtel.

Un regroupement à quelques mètres de moi a lieu. Laissant deux minutes Julie pour écouter les hommes qui parlent, je m'approche du petit groupe.

- Donc deux assaillants munis d'armes mitraillettes, explique l'un d'eux. Les militaires vont essayer de rentrer et de les maîtriser.

Je retourne, choqué, auprès de Julie et la berce dans mes bras, essayant de me convaincre moi-même que tout va bien se passer.

- Comment on va faire ? Me demande Julie. S'ils ne reviennent pas, je ne vais pas y arriver Jacques.

- Hey, lui dis-je en attrapant son visage, tout va bien aller, ils vont sortir vivant de là-bas. Se sont des battants. Ils s'aiment, ils vont se protéger.

Elle hoche difficilement la tête tandis que l'entrée des militaires se fait entendre. Julie et moi restons à nos places à regarder la tentative des militaires.

*

Il est une heure du matin lorsque de nombreux cris se laissent entendre. Presque endormis, nous levons la tête et regardons des personnes, certainement des otages, sortir de la porte principale de l'hôtel. Nous nous relevons et nous rapprochons un maximum du lieu pour tenter de voir nos enfants sortir à leur tour.

Des pompiers qui attendaient que l'attaque soit passée pour aller chercher les éventuels blessés, sortent avec des brancards de l'hôtel.

Soudainement Julie se met à crier.

- June !

Je regarde l'endroit qu'elle observe avec attention. June se tient debout, marchant difficilement, une couverture de survie sur le dos, un pompier la maintenant debout. Son visage est blanc, privé de toutes émotions, de couleurs...et de vie.

Lorsqu'elle entend sa mère l'appeler, elle tourne la tête vers nous et nous regard, son regard ne cachant pas la tristesse, le peu d'espoir lui restant et la peur.

Que lui est-il arrivé ?

Malgré avoir vu que June semblait aller bien, ma seule préoccupation actuelle est mon fils, qui ne sort pas du lieu de l'attentat.

Liam où es-tu ?

En courant, Julie et moi partons rejoindre June qui monte dans un camion de pompier. Quand Julie arrive devant sa fille, elle la prend dans ses bras et lui murmure combien elle l'aime. Pourtant, June n'a aucune réaction. Elle ne répond même pas au câlin.

- June tu vas bien ? Je lui demande.

Elle hoche très doucement la tête et la baisse.

- June où est Liam ? Demande Julie.

Je vois une larme s'échapper de son œil. Mon fils... Elle relève la tête et son regard part sur un des brancards qui arrivent au loin.

- Liam !

Je cours jusqu'aux pompiers et observe mon unique enfant sur le brancard, allongé, les yeux fermés.

The BossWhere stories live. Discover now