The Boss

Chapitre Treize

Point de vue June

Liam a exigé que je regarde le film avec eux pour me changer les idées, comme il le dit si bien.

Nous sommes donc tous devant la télévision, Jacques et ma mère sur le grand canapé et Liam et moi sur un petit fauteuil chacun. Lui et moi sommes à l'opposé l'un de l'autre.

Le film que Jacques a choisi est un film romantique, il me semble qu'il s'appelle Love Rosie ou quelque chose comme ça et je dois dire que je m'ennuie énormément. Je n'ai rien contre les films comme ceux-ci mais je les trouve trop cul-cul. Des films d'actions ou d'horreur ne peuvent faire de mal à personne.

Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche et le sors discrètement. Je descends au maximum la luminosité de l'écran pour qu'on ne remarque pas mon mobile et vais dans mes messages.

Reçu aujourd'hui à 21h34 : Alors on s'ennuie Mademoiselle Miller ?- Liam

Je relève la tête vers mon employeur qui tient son téléphone dans sa main et me fait un sourire malicieux. Je lui souris à mon tour et réponds à son message.

Envoyé aujourd'hui à 21h35 : Je vous retourne la question Monsieur Carter.

Je le regarde attendant sa réaction et lorsque je le vois sourire devant son écran, je ne peux m'empêcher de me mordre la lèvre.

Reçu aujourd'hui à 21h36 : On ne peut rien vous cacher. Vous allez mieux ? - Liam

Nos regards se croisent et je crois voir de l'inquiétude passer dans ses yeux.

Envoyé aujourd'hui à 21h37 : Ça va un peu mieux mais je m'ennuie maintenant.

Reçu aujourd'hui à 21h39 : Je crois qu'il y a un peu de vin dans le frigo et les transats nous attendent dans le jardin. -Liam

Je souris à la lecture de son message. Comment fait-il pour me rendre si...sereine rien qu'en me parlant ?

Je me lève, m'excuse auprès des amoureux et sors sur la terrasse sur laquelle nous nous trouvions la dernière fois. Je suis très vite rejointe par Liam (et sa bouteille de vin) qui s'installe sur son transat pendant que je m'installe sur le mien. Il nous sert deux verres et nous commençons à boire.

- Alors ce film ne vous plaisait vraiment pas ?

- Je n'aime pas trop les films à l'eau de rose, je lui avoue et ses yeux s'ouvrent en grand.

- Vraiment ? Rares sont les filles qui n'aiment pas ça.

- Vous avez l'exception devant vous alors.

Son petit rire mignon joint le mien et casse le silence. J'aime beaucoup passer des moments comme ceux-là, surtout avec lui.

- Vous vous souvenez quand je vous ai parlé d'une passe difficile dans ma vie ? Je l'interroge et m'amuse à faire tourner mon vin dans mon verre.

- Bien-sûr.

- Depuis que je suis toute petite, j'ai du mal à faire confiance aux gens. Vous imaginez bien que ça ne doit pas être facile d'être mon ami...

Il acquiesce et je trouve le courage pour continuer mon récit.

- Il n'y a pas beaucoup de personnes qui ont réussi à faire tomber ma carapace. Ma meilleure amie Marine a réussi. On est restée plus de quinze ans les meilleures amies du monde.

Je rigole lorsque je repense à tout nos moments et une petite larme perle dans le coin de mon œil.

- Vous êtes restées ? Que s'est-il passé ?

- Marine a découvert il y a un an qu'elle était atteinte du cancer. Les médecins ont dit qu'il était trop tard pour commencer des traitements et que ça ne servirait à rien. Elle s'est battue le plus longtemps possible mais n'a tenu que deux mois, deux petits mois. Après ça je suis tombée en dépression, j'ai perdu mon job et je ne suis plus sortie de chez moi pendant plusieurs mois jusqu'à ce que ma mère vienne m'aider à remonter la pente.

Les larmes ont coulé à flot pendant mon histoire. Je ne regarde pas Liam, je ne veux pas voir son regard rempli de pitié.

Des doigts chauds viennent caresser ma main et un souffle chaud se pose dans mon cou. Je me tourne et tombe nez à nez avec Liam qui a du s'approcher de moi pendant que je lui faisais part des événements. D'un coup de pouce, il efface les larmes de mon visage et me souris.

- Elle doit être fière de la personne que vous êtes June.

- Je l'espère, je souris tristement.

- Vous êtes quelqu'un de bien June, moi je n'en doute pas.

Il a arrêté ses caresses pour entrelacer nos doigts ensembles. Ce petit geste affectueux rempli mon cœur qui était si vide il y a encore quelques minutes. La situation fait que je ne me pose pas de questions. Nos mouvements sont presque normaux à mes yeux.

Pourtant ça ne devrait même pas avoir lieu.

Il se lève et main dans la main nous montons à l'étage. En chemin je remarque que Jacques et ma mère ne sont plus dans le salon. Ils ont dû sans doute aller se coucher.

Arrivés devant les portes de nos chambres, je lâche la main de Liam et commence à ouvrir la porte de ma chambre, toujours le regard porté sur l'homme qui se trouve avec moi.

- Merci de m'avoir écoutée.

- Merci de m'avoir confié une partie de votre vie.

Je lui fais un faible sourire et m'approche de lui. Ma main sur sa joue gauche, je le regarde tendrement. Mes lèvres viennent se coller à son autre joue. Je ferme les yeux pendant ce moment et en profite. Rien ne me dit que j'aurais l'occasion de le refaire.

Me détachant de lui, je me rends compte de ce que je viens de faire. Je me tourne rapidement et entre dans ma chambre, refermant la porte derrière moi. Je me laisse couler contre celle-ci et ferme les yeux.

- Pourquoi j'ai fait ça ?

____

Point de vue Liam

Je me laisse tomber comme une chaussette contre la porte de ma chambre. Ma main passe sur la joue qu'elle a précédemment baisé. Son geste était rempli de tendresse et de tristesse en même temps. Je suis encore choqué qu'elle ait eu le courage de faire ça mais je ne regrette en aucun cas qu'elle l'ait fait.

Cette femme est décidément pleine de bonnes surprises.