Chapitre 3

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"Nos parents et nos maîtres sont nos ennemis naturels quand nous entrons dans le monde." - Prosper Mérimée.

Cette première journée de cours touche à sa fin et je me dirige, seul, vers la sortie du lycée, mon sac noir de la marque Tumi sur le dos. Je ne suis même pas étonné de croiser les visages épuisés des autres lycéens, comme s'ils avaient subi d'atroces souffrances. Ce n'est que la rentrée, il serait dommage qu'ils se soient déjà foulé le cerveau.

Je trouve la voiture de mon père et m'y dirige sans plus tarder. Il est en pleine conversation téléphonique avec un de ses associés via le Bluetooth de la voiture. Je dois donc me faire discret pendant qu'ils discutent des affaires fleurissantes de la société de Marc Flynn, le père de Stefan. L'entreprise de Flynn et celle de mon père sont deux grands laboratoires de recherche.

Si l'entreprise de mon père a toujours été la meilleure sur le marché, en particulier depuis qu'il en a pris la direction, celle de Flynn connaît une ascension fulgurante depuis les cinq dernières années. Parmi ses employés, on compte les meilleurs chercheurs du pays, alors cela échauffe en quelques sortes l'esprit de mon père qui cherche à tous prix à les recruter.

Ils ne s'entendent et ne se supportent pas. Il y en a toujours un pour rabaisser publiquement et subtilement l'autre lors d'interviews comme ça a été le cas la semaine passée dans le magazine Forbes, dans lequel Flynn affirmait que le F de Flynn se rapporte au mot Fabuleux et que le A se rapporte à Abomination.

Cette guerre puérile n'a rien d'inhabituel, c'est loin d'être la première fois qu'une génération d'Amadeus fait la guerre à une génération de Flynn.

En parlant du loup, voici son louveteau qui attache son casque avant de grimper sur sa moto. Il y a à ses côtés Marguerite qui retrousse sa jupe. J'ignore si elle le fait dans le but d'être plus à l'aise sur la moto ou si elle le fait dans le but d'attirer le regard de tous les mecs, y compris celui du jardinier du lycée. Je ne sais pas pour son confort, mais mon autre théorie semble, si j'en crois le nombre de regards masculins et même féminins pointés sur elle, on ne peut plus plausible. Elle est belle, je ne peux pas le nier, surtout avec ce casque sur la tête, cachant la totalité de son visage.

Le moteur du cabriolet ronronne et nous voilà partis pour la maison. Mon père est toujours au téléphone, je suppose que nous aurons notre petite discussion père fils sur comment s'est passée la rentrée plus tard, certainement quand nous irons faire notre footing ensemble.

Mon père n'a pas décoléré, il se contient tout de même afin que son correspondant téléphonique ne sache rien de son état de colère, quoi qu'il doit s'en douter. Ils parlent d'un certain Docteur Hanks, chercheur de renommée mondiale que mon père essayait de recruter depuis des lustres qui a finalement signé chez Flynn.

En rentrant à la maison, j'ai juste le temps d'enfiler un jogging et un t-shirt noirs avant que mon père ne vienne frapper à ma porte.

"-Tu viens, on y va. J'ai un dîner important ce soir et je n'ai pas vraiment envie que tu me mettes en retard."

Il est encore sur les nerfs je crois, à moins que ça ne soit son expression habituelle en me voyant.

J'opine en enfilant rapidement mes chaussures. Je prends soin de vérifier la météo depuis mon portable, selon les prévisions, le soleil devrait commencer à se coucher vers 19h, ce qui me laisse un peu moins de trois heures de liberté avant que la nuit ne tombe.

Nous courons à travers les sentiers de Central Park. Nous suivons toujours le même itinéraire, celui avec le moins d'enfants auxquels nous devons faire attention et avec le moins de touristes qui risqueraient de nous photographier tout de sueur vêtus en voulant immortaliser le paysage.

SPARKLE (Terminé)Where stories live. Discover now