Blue Wave

Frapper ou mourir.

De retour sur le navire, Crow confia ses trophées au cuisinier qu'on surnommait Coq-en-pattes, sous l'œil admiratif de son équipage, qui se révéla être aussi heureux d'avoir de la viande que des fruits... Et même un crabe.

Greed, remarquant l'œil sombre de son Capitaine, essaya de tirer les vers du nez de Crow qui se contenta de lui renvoyer un sourire éblouissant.

Les marins se rendirent bien compte que quelque chose s'était déroulé sur l'île entre la princesse et le pirate, mais sous l'œil menaçant de leur capitaine, s'abstinrent de tout commentaire.

Le voyage se déroula sans autre incident majeur, et le Blue Wave s'amarra finalement au port d'une ville.

« C'est le moment idéal pour vendre nos cargaisons de sucre et nos produits de chasse ! Déchargez tout cela, et après vous pourrez allez vous amusez mes amis ! »

L'équipage poussa un cri de joie et s'attela immédiatement à la tâche.

Les transactions effectuées, quelques marins allèrent tenter leurs chances auprès des représentantes de la gent féminine qui déambulaient dans la ville, d'autre se rendirent dans les différentes échoppes, mais la plupart se ruèrent dans une taverne d'où s'échappaient de la musique, des cris de joie, une bonne odeur de dinde grillée et une musique entraînante.

Tandis qu'il s'approchait du bar, James croisa le regard d'une demoiselle dans les bras d'un ivrogne qui la tenait par la taille en braillant des insanités. Celle-ci lui sourit en détaillant son visage malicieux, son torse large et ses yeux perçants. Crow, amusé par cet échange joueur, ne brisa pas le contact visuel et adressa un clin d'œil à la demoiselle.

L'ivrogne se rendit compte que l'attention de la belle n'était plus dirigée sur lui, et, découvrant l'origine de ce changement, un pli de mécontentement barra sa bouche. Il fronça les sourcils en écartant la jeune femme et, bombant le torse, s'approcha du charmant capitaine dont il agrippa brutalement le col de chemise.

Une corde de l'instrument de musique principal qui contribuait à la joyeuse atmosphère de la taverne sembla se briser, et un lourd silence tomba dans la salle, tandis que tous les regards convergeaient vers eux.

Crow réagit au quart de tour.

Il asséna un coup de genou dans l'abdomen du malappris, un direct à la tempe, et le balança contre une colonne de bois.

Toute l'attention de la foule était maintenant dirigée sur lui, et hommes et femmes se mirent à taper du pied en rythme sur le sol, tandis que les compagnons de l'ivrogne que venait de malmener James s'approchait, menaçants, en le traitant de tous les noms.

« Calmez-vous, les gars. C'est lui qui cherchait la bagarre, pas moi.

- C'est James Crow ! Lança un des hommes. Quel escroc ! Tu me dois 500 reales!

- Ah, salut Pete. Je vois que tu es toujours aussi prompt à te battre...

- Salopard ! Tu tente de gagner du temps mais tu vas me rembourser, même si je dois vendre tes dents pour ça! Répliqua-t-il.

- En attendant, je ne savais pas que tu avais besoin de trois autres hommes pour mater un pauvre bougre comme moi... Lavette. »

Poussant un grognement de rage, Pete se jeta sur James, poing brandit.

Ce dernier se dit que Pete ne devait pas se battre très souvent avec des combattants expérimentés.

Son attaque désordonnée relevait du suicide. Crow n'eut qu'à effacer les épaules pour s'y soustraire, et lui asséna un coup de poing bien sentit à la mâchoire, qui émit un craquement sinistre.

Poussant un hurlement, Pete tenta une fois encore d'atteindre le capitaine, mais il était tellement aveuglé par la douleur qu'il trébucha et s'étala par terre tandis que la foule éclatait de rire et lui lançait des objets.

Les compagnons de Pete décidèrent alors de s'occuper de celui qui les ridiculisait et se portèrent à son contact tous en même temps.

James se baissa sur ses appuis, brandit ses poings et les apostropha. Il évita un coup de pied, attrapa une cheville et la tordit de toute ses forces.

Son propriétaire poussa un hurlement et roula plus loin, recroquevillé sur son pied.

Crow reçut alors simultanément un coup à la tempe qui l'étourdit, et un violent coup de poing dans le dos.

Poussant un grognement de douleur et se retenant de dégainer ses sabres, il fit volte-face, mais ses poings se montrèrent bien moins précis qu'il ne l'avait escompté car son adversaire reculait en même temps que James lançait ses coups.

« Alors Crow, ricana l'adversaire en question, on n'a plus les yeux en face des trous ? »

Un deuxième coup de pied dans le dos fit rugir James de fureur et de douleur. Il fit de nouveau volte-face, et cette fois-ci ne rata pas sa cible, qui reçut un coup de poing sur le nez qui se désagrégea sous les jointures du capitaine.

Lâchant des larmes de douleur, l'homme qui venait de perdre son nez prit la fuite sans demander son reste.

Le dernier adversaire de James, celui qui s'était moqué de lui, était moins serein maintenant qu'il se retrouvait seul et exposé à la colère du capitaine pirate.

Menaçant, James s'approcha de lui tandis que la peur naissait dans le regard de l'autre, qui refusait de perdre la face en s'enfuyant.

James lui envoya un coup au menton qui l'envoya rouler, le releva de force, le plaqua contre un mur et se mit à boxer rageusement le visage du crétin qui avait osé tenter de le ridiculiser.

Bam. Bam. Bam.

Chaque coup remplissait Crow d'une joie malsaine, d'un féroce sentiment de puissance et de pouvoir, tandis que sous lui, l'homme tentait désespérément de se dégager, le visage de plus en plus amoché.

Deux bras fins mais fermes agrippèrent le cou de Crow et le forcèrent à reculer, appuyant douloureusement sur sa jugulaire. L'homme au visage tuméfié glissa au sol dès que l'étreinte du capitaine se fut relâchée.

« Tu es complètement malade Crow ! » hurla Léonore à qui James tentait d'échapper à son étreinte pour aller achever son œuvre.

En reconnaissant la voix de la jeune femme, il s'arrêta brusquement, et Léonore lu sur son visage un profond effarement, avant que le masque impassible ne se pose de nouveau sur ses traits.

Une main pressée contre son œil violacé, l'ivrogne se mit à ramper pour s'éloigner de James. Pete, qui se tenait la mâchoire, l'épaula et ils se traînèrent tous deux hors de la taverne. Ceux qui avait assisté à la scène explosèrent alors de joie, acclamant James en hurlant et en tapant des mains et des pieds.

« Viens là mon gars, c'est ma tournée pour toi ! » s'exclama un homme d'âge mûr qui lui donna une accolade bourrue et l'entraîna vers le bar.

James aperçut furtivement le regard brillant de mépris de Léonore avant qu'elle ne tourne les talons et aille s'asseoir avec d'autres demoiselles plus ou moins éméchées.

James haussa les épaules, accepta l'offre et entama une discussion avec une charmante demoiselle.