La sentinelle, ou comment apprendre à voler sans ailes.

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James progressa quelques minutes au couvert des arbustes, puis, apercevant la tour de garde, s'arrêta pour réfléchir à sa stratégie pour neutraliser la sentinelle à son sommet.

Il sursauta brusquement lorsqu'un cri lui déchira les tympans. Une fraction de seconde plus tard, ses jambes furent fauchées et il tomba brutalement à terre, se cognant le crâne contre une racine. Une botte se posa sur son visage et l'écrasa dans la terre. James se saisit du pied qui pressait sa tête contre le sol et tira dessus d'un coup sec, tout en roulant. Son assaillant tomba à terre en criant.

Priant pour que la sentinelle soit trop éloignée pour les voir et les entendre, Crow frappa l'estomac de son adversaire et n'eut qu'à donner un ultime coup de pied à la tempe pour qu'il ne bouge plus.

Il prit le temps de l'examiner : le bandit n'avait pas de pistolets ni de sabre. Il devait être de passage dans le coin et, ayant aperçu James, devait avoir pensé qu'il pouvait s'en charger seul et sans arme si il agissait par surprise.

« Sombre idiot...» marmonna James entre ses dents.

Il le fouilla mais ne trouva que que quelques baies ramollies et un vieux mouchoir dans l'une de ses poches.

James le laissa là et continua de progresser en ignorant la douleur qui irradiait à l'arrière de son crâne. Dès qu'il arriva à la limite du terrain découvert, il leva la tête et observa la sentinelle. Celle-ci avait l'air de mortellement s'ennuyer, elle faisait quelques tours d'un pas traînant avant de s'asseoir et se perdre dans la contemplation de l'océan.

Lorsqu'elle fut tellement absorbée par le paysage qu'elle ne fut pas plus mouvante qu'une statue, James se glissa le plus rapidement possible jusqu'à l'échelle menant à la modeste tour en bois. Il la gravit silencieusement et ne laissa aucune chance au garde. Délaissant son pistolet, il saisit d'une main sa tête en l'agrippant par les cheveux et la cogna violemment contre la balustrade en bois. Voyant que le garde bougeait encore, il le fit basculer par dessus cette dernière, et il s'écrasa dans un buisson qui dut légèrement amortir sa chute. James se saisit du fusil qui était posé contre le mur et s'assit confortablement pour regarder l'océan : il n'avait plus qu'à attendre l'autre groupe.


Léonore, discrète, fut envoyée en éclaireuse. Se plaquant contre un palmier, elle jeta un coup d'œil au petit sentier. Deux bandits faisaient un bras de fer, les coudes sur un rocher plat, et un troisième plus loin,somnolait adossé à un arbre fruitier.


Ils étaient tous les trois armés, mais en les prenant par surprise, ils n'avaient aucunes chances contre des pirates prêts à en découdre.

Elle s'éloigna furtivement et rapporta ses analyses à Greed. Puis elle s'adressa aux trois autres :

« S'il vous plaît messieurs, ne les tuez qu'en dernier recours. Je sais bien qu'ils sont vils, mais il serait lâche de les massacrer alors que nous sommes en surnombre et eux en position de faiblesse, c'est d'accord ? Et surtout, pas de pistolet pour l'instant, restons discrets. »

Les marins grommelèrent un peu mais obéirent, à contre-cœur.


Les trois bandits furent complètement pris au dépourvu lorsque cinq pirates se jetèrent sur eux en braillant comme des possédés. En voyant que ses deux compagnons étaient maîtrisés sans difficulté, et brutalisés, le troisième, pas fou, s'agenouilla et posa ses mains bien en évidence sur son crâne.

Restant le dernier conscient, un pirate lui attacha les mains et le releva sans ménagement en grognant :

« On en fait quoi de lui ? On pourrait le balancer à la mer pour voir combien de temps il mettrait à se noyer, ce serait drôle... »

Greed haussa les épaules, et, à la grande joie des deux autres matelots, laissa tomber :

« J'en ai rien à cirer, fais ce que tu veux de cette pourriture. »

Le bandit, au bord des larmes, lança des regards éperdus autour de lui. Léonore eut pitié de lui et s'interposa :

« Réfléchissez un peu, bande de crânes vides ! Il pourrait nous guider dans le temple maya et nous faire éviter les pièges et les gardes !

- Mouais... Comme tu voudras, princesse. Mais au moindre mensonge je lui tranche la gorge. Grommela le marin.

- Si tu le désire. »

Le bandit jeta un regard éperdu de reconnaissance vers la jeune femme qui lui renvoya un visage dur comme la pierre : elle n'oubliait pas qu'il faisait partie de ceux qui avaient enlevé et probablement séquestré son fiancé.

Blue WaveWhere stories live. Discover now