Mourir en hommes libres !

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Le Blue Wave filait à vive allure, le vent puissant le menant comme une main géante et déterminée. Aucune pause ne fut accordée au navire qui naviguait aussi vite que possible.

Environ vingt-quatre heures plus tard, le Blue Wave ralentit et finit par s'immobiliser complètement non loin de Black Bay pour ne pas se faire repérer, à peine soulevé par de légères vagues.

Une brise fraîche s'enroulait autour des matelots rassemblés sur le pont. Ils avaient œuvré toute la journée quasiment sans pauses, mais ils ne trahissaient aucun signe de fatigue. Au contraire, des frissons de nervosité et d'impatience les parcourait, semblant considérablement alourdir l'atmosphère tandis que James regardait dans la longue vue, guettant la baie.

D'un bond d'une agilité féline, le Capitaine gagna la balustrade derrière la barre surplombant le pont et se tint là, droit, protecteur, et plein d'assurance, observant chacun de ces marins, des hommes en accord avec sa philosophie de vie, et qui avaient bravé d'innombrables dangers avec lui. Toute l'attention était dirigée vers lui.

D'une voix pleine de fierté, il s'exclama:

« Mes amis ! Nous, gentilshommes de fortune, jouissons d'une grande satisfaction, du plaisir et de l'aise, de la liberté et du pouvoir ! Comment un homme doué de raison, pourrait-il résister à une telle vie ?! »

Les matelots levèrent le poing à l'unisson en poussant des cris d'approbation.

« - Nous ne craignons rien ! Ni la mort, ni la souffrance, et encore moins les rois qui tentent de nous piétiner, et qui sont en fait plus misérable que le plus pauvre d'entre nous ! »

La folie monta d'un cran tandis que les marins rugissaient. Greed dut leur ordonner de se calmer pour que Crow puisse poursuivre d'une voix plus grave et posée que d'ordinaire.

« - Nous sommes libres, et nous devons à tout prix le rester ! Cela implique de tout faire pour ne pas nous retrouver prisonnier de notre liberté, au point de fuir à la moindre crainte qu'on nous l'enlève. »

James jeta un regard oblique à Léonore qui acquiesça, un léger sourire aux lèvres. La petite foule était pendu à ses lèvres, et Fiday, amusé, ferma la bouche d'un marin qui commençait à baver tellement elle était béante.

James poursuivit d'une voix forte :

« Alors ce soir, mes amis, il est temps de nous montrer réellement braves ! Car ce soir nous partons à l'aventure, sans que cela ne nous profite matériellement. Vous risquez de mourir, plus que d'ordinaire, et certain d'entre nous ne verrons pas l'aube ! »

Le marin à la bouche de nouveau béante frissonna lorsque James pointa le doigt vers lui :

« Cela peut-être toi. Cela peut-être moi. Cela peut-être n'importe qui. Mais le sang qui coule dans nos veines réclame la vengeance ! Des mercenaires cupides ont entravés et massacrés des hommes aspirant à la paix ! Si ces hommes parviennent à leurs fins, ils deviendront riches et puissants, et pourraient bien devenir les prochains gouverneurs à tenter de contrôler vos vies et vos droits. Il est temps d'agir ! Que la bête sauvage qui sommeille en vous se réveille, et se jette sur son ennemi, peu importe les risques encourus ! "

Les marins rugirent littéralement en brandissant leurs armes.

James se saisit du sabre pendu à la ceinture de Fiday et le brandit bien haut :

« Car si vous mourrez, vous mourrez en hommes LIBRES ! »

Il n'en fallut pas plus pour que les marins se ruent vers leur équipement, fasse descendre les chaloupes et se lancent à l'assaut de la baie.

James posa une main sur l'épaule de Fiday :

« Je sais que je t'en demande beaucoup, mais j'aimerais que tu restes sur le Blue Wave. Si ça tourne mal, tu deviendras le second de Greed, qui sera capitaine. »

Honoré, Fiday inclina la tête en clamant :

« Bien reçu Capitaine ! »

Crow se laissa tomber dans une chaloupe. Surpris, il vit que la princesse était déjà installée, prête à se battre. Devant son regard étonné, elle haussa un sourcil amusé.

« Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais vous laisser sans surveillance ? Et de toute façon, ces bandits méritent de tâter de mon sabre.

- En parlant de sabres... »

Crow tira deux lames de poignet de ses bottes et les fixa sur ses avant-bras.

« Et vous, vous pensiez vraiment que je n'avais aucune solution de secours ? Maintenant, faites-moi le plaisir de rengainez ce foutu sabre, vous me rendez nerveux. »

Amusée, Léonore s'exécuta.

Les chaloupes accostèrent à l'abri des regards derrière une barrière végétale. Un marin impatient lança :

« Allons-y ! On va les massacrer, ces chiens galeux !

- Calme-toi. » intima le capitaine « Si on fonce comme ça on va surtout se faire tuer. »

Il ramassa un bâton, s'accroupi et traça un demi cercle.

« Ça, c'est la baie. »

Il fit serpenter le bout de la branche dans le sable, traça un carré, trois petits ronds et plus loin, un rectangle.

« Ça, c'est un chemin bordé de buisson et d'arbres que j'ai aperçu tout à l'heure. Il mène près d'une tour de garde faite à la va-vite, en bois. Plus loin, j'ai dénombré trois huttes et au fond, il y'a un grand bâtiment de pierre. Je pense que nos hommes sont là-bas.

- Cet endroit a l'air ancien... Remarqua Léonore.

- Je pense que ce sont les restes d'un temple maya. Supposa Greed.

- Excusez-moi de vous dérangez vous-deux, mais puis-je finir ? » ironisa James.

Devant l'air penaud des deux autres, il expliqua :

« Je vais partir en éclaireur de ce côté là. Je me débrouillerai pour vider la tour de garde. Je veux qu'un groupe de cinq marins dirigé par Greed aille s'assurer que le côté ouest est libre. Si il y'a des gardes, neutralisez-les, mais en silence. Pas de pistolet ! C'est clair ? »

Les marins acquiescèrent et il reprit:

« - Une fois que ces deux voies seront dégagées, on prendra d'assaut le vieux temple maya.

- Et si ça tourne mal ? » Demanda un vieux pirate.

Crow lui adressa un clin d'œil.

« On se repliera par la voie ouest, puisqu'elle aura été nettoyée avant ! Trois marins resteront ici pour préparer à mettre les barques à la mer si on doit se replier rapidement. »

Les pirates opinèrent du chef. Le plan était simple et efficace, exactement comme ils l'aimaient, et ils se sentaient rassurés que leur capitaine prennent les choses en main.

James passa nerveusement sa langue sur ses lèvres sèches et murmura :

« C'est partit... »

Puis il se glissa dans les feuillages.

Blue WaveWhere stories live. Discover now