The Other Side (BxB) - Tome 1

IX. Le vilain petit canard

J'ai l'impression d'étouffer. Tout est bien trop serré, voire carrément moulant. À chaque fois que j'essaye de passer mes doigts dans le nœud de la cravate, Nick me regarde d'un œil et me tape sur la main.

« Tu devrais être fier, regarde le nombre de filles qui se retournent juste pour mater ton petit cul.

— T'es jaloux c'est ça ?

— Même pas ! Je te laisse profiter de ton heure de gloire. C'est un peu comme si le vilain petit canard venait de se transformer en cygne.

— C'est ça, fous-toi de ma gueule en plus. »

Mais il marque un point. Y'a pas mal de gens qui se retournent sur nous. Au début, je me suis dit que c'était pour Nick, car de toute évidence, il fait son petit effet à un peu tout le monde, mais il faut croire que cette fois, c'est mon tour. Ça me dérange. Je ne me sens pas à l'aise.

« Décoince-toi Tobias !

— J'aimerais bien t'y voir.

— Honnêtement, si ce soir tu me fais ce genre de numéro, je risque de ne pas être très content, et crois-moi, tu ne veux pas voir ce que ça donne quand je ne suis pas content.

— Qui sait ? Ça serait intéressant de te voir perdre ce petit sourire narquois que tu portes. »

Il s'arrête de marcher et me retient par le bras.

« Oh, tu m'en diras tant ? Tu ne viendras pas le regretter plus tard. »

Qu'est-ce que...

Il reprend alors son chemin en me passant presque devant. L'ai-je contrarié ? Donc il y a bien des points où il est chatouilleux hein ? Intéressant.

On entre alors tous les deux dans un bar, désert, avec pour seul être, un barman, torchon sur l'épaule.

« Yo Nick !

— Lilian ! Tu nous sers quelque chose ?

— Comme d'hab ?

— S'te plaît. »

Sans dire un mot, je continue de le suivre jusqu'à un endroit assez reculé, presque sombre. Un coin banquette.

« Tu connais tout le monde toi.

— Hmm ?

— Le tailleur. Le barman.

— Oh, juste des amis de la famille. T'es curieux ?

— Non, ça m'étonne c'est tout.

— Mais t'as cru que j'étais un monstre vivant dans un donjon et mangeant de la chair humaine ou quoi ?! Plus ça va et plus je m'étonne que tu n'aies pas encore pris tes jambes à ton cou.

— J'ai essayé je te rappelle...

— Et tu t'es écrasé comme une grosse merde. Je m'en souviens bien. »

Et je crois que je vais en entendre parler pendant longtemps encore.

Le barman, Lilian, arrive avec deux verres, nous les pose et me dévisage un moment.

« C'est qui ? Ton nouvel oisillon ?

— On peut dire ça.

— T'en as fait quoi du dernier ?

— Il a appris à voler de ses propres ailes. Il a quitté le nid.

— Triste pour toi, mais bon choix. »

Merci. Je ne sais pas comment le prendre alors je vais essayer de me satisfaire de ça.

N'empêche ces deux-là discutent de moi, sans aucune retenue, alors que je suis juste devant. Je me sens ignoré.

« Et tu penses pouvoir en faire quelque chose de ce grain galet ? »

Hé ! J'ai des muscles, OK ? Ils sont juste... cachés, c'est tout.

« Il n'est pas très intelligent, mais il sait se débrouiller. Je ne me fais pas de soucis. »

Et maintenant, je me fais insulter.

« Bon, quand vous aurez fini de vous foutre de ma gueule en ma présence, vous me faites signe !

— Détends-toi gamin et boit un coup, ça ira mieux après. On fait que discuter. »

Lilian s'en va tandis que mon regard se retourne vers Nick mimant l'innocence même.

« Ne me regarde pas comme ça. On dirait que tu vas me sauter dessus.

— Je pourrais très bien le faire !

— Ouuh Tobias ! Ne prononce pas ce genre de parole devant moi. Tu ne sais pas à quoi t'attendre en retour. »

Au contraire, je pense que je commence à me faire une petite idée sur le sujet justement.

Si Nick termine son verre en un temps record, il me faut un peu plus de temps que lui pour ne serait-ce que finir les trois dernières gouttes.

« Tobias ? Tobias ?! Hé oh ? Tu m'écoutes ?

— Hmm ? Oui, oui.

— Tu n'as pas intérêt à... Ne me dis pas... Tu n'as jamais bu ?

— Si... »

Le Champomy, ça compte ou pas ?

« Lilian ! Tu peux m'amener une carafe d'eau et une serviette ?

— Ne me dis pas... Le petit ne tient pas ?

— C'est terrible.

— Quelle idée t'as eu de l'emmener ici toi aussi ?

— COMME SI JE SAVAIS TOUT DE LUI MOI ! Allez Tobias, lève-toi on va prendre l'air à l'arrière. »

Il prend mon bras, le passe sur son épaule tandis que je sens son bras venir m'entourer. Me soutenir.

« Dis Nick...

— Quoi ? Je te préviens si tu me vomis dessus, je te défonce.

— Nick...

— Quoi ?!

— T'es gentil en fait. »

Et à cet instant, l'irréparable s'est produit. Alors que l'on se dirigeait difficilement vers la porte arrière, nos pieds se rencontrent sur le chemin et un croche-pied mutuel nous mets au sol, l'un sur l'autre tandis que nos lèvres se rencontrent pour la première fois.

« Ça va vous deux ? J'ai entendu... Oh bah, dites donc ! »

Je vais vomir.