XVI. Fièvre

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C'est la première fois que je vois Rachel en petite tenue et pantoufles. Ça la change de son look trop sérieux de fausse secrétaire. J'aime bien. Elle fait plus « jeune fille » en shorty et tee-shirt large. Elle est décontractée, à l'aise et je l'envie. Je suis comme un con dans le couloir devant la chambre à faire les cent pas comme si j'attendais que le médecin m'annonce que Nick allait mourir dans l'heure qui allait suivre. Je stresse et je ne sais même pas pourquoi.

C'est de sa faute à cet abruti d'être resté sous la pluie. Il n'aurait pas dû.

« Combien de temps ça va prendre encore ? Ça fait déjà des plombes !

— Seulement une vingtaine de minutes. Je pense que le médecin devrait bientôt revenir vers nous. »

Pour nous dire quoi ? « Oh, il a juste un rhume » bravo docteur ! Même moi j'aurai deviné ça.

Ça m'énerve. Mon stress me stresse. Toute cette situation me stresse.

« Vous devriez aller vous recoucher, je suis certaine que ce n'est rien. »

Je sais, mais je ne peux pas m'en empêcher. Quelque part, je me sens coupable. Je me dis que c'est de ma faute.

Putain non, c'est de la sienne et puis merde ! Ne commence pas Tobias. C'est bon quoi, si ce mec ne sait pas prendre soin de lui tout seul, c'est qu'il a un sérieux problème.

Au moment où je m'apprête à regagner ma chambre, le médecin sort de celle de Nick avec une neutralité d'expression à faire peur.

« Ce n'est sans doute qu'un coup de froid. Un peu de repos et demain tout ira pour le mieux. »

Brillant diagnostic ! Merci docteur pour votre utilité certaine.

« En revanche, il vous réclame. »

Il pointe du doigt et j'ai soudainement le regret de ne pas être reparti me coucher plus tôt.

« Moi ?

— Oui, vous. Vous êtes Tobias, non ?

— Oui, oui, mais...

— Alors, allez-y. »

C'est limite s'il ne me jette pas dans la pièce en refermant la porte derrière moi. Quel genre de docteur est-ce sérieusement ?

« Nick ? »

La chambre en elle-même est assez sombre. Silencieuse s'il n'y avait pas la pluie dehors faisant un ravage.

Je distingue à peine les bords du lit et sa silhouette allongée. Est-ce qu'il dort au moins ? Il me répondrait sans doute.

« Il était une fois, un petit cochon venant s'introduire dans la tanière du loup. Celui-ci, inconscient du danger qui le guettait, s'avançait péniblement, cherchant refuge. Mais voilà que le grand méchant loup était là, tapi dans l'ombre, attendant le moment propice pour sauter sur sa proie.

— Si tu crois que j'ai l'âge de croire aux contes pour enfants. Tu es censé dormir !

— Ah, oui. Conseil du médecin : me reposer. Mais tu vois, je suis un petit garçon difficile et je ne dors pas sans mon doudou favori. »

Je sens soudainement sa main sur mon bras, me tirant sur le lit tandis qu'en l'espace de quelques secondes seulement, je fus plaqué contre lui. Ses bras m'entourant.

« Là, c'est vachement mieux.

— T'es une sorte de chat pour voir dans le noir toi ?

— Va savoir... Peut-être bien. Je ronronne aussi quand on me caresse.

— Je ne veux pas savoir. »

À peine ai-je essayé de me redresser qu'il utilise sa force monstre pour me garder contre lui.

« Ta ! Ta ! Ta ! Je t'ai dit que je n'arrivais pas à dormir sans doudou.

— Je ne suis pas ton putain de doudou mec !

— Tu es beaucoup de chose Tobias. Tu n'en as seulement pas conscience.

— En plus, t'es malade, tu vas me refiler ta crève dégueulasse.

— Je pète la forme ! »

Mais bien sûr, prends-moi pour un con. Vu comment ton corps me brûle limite la peau, je ne vais pas dire que tu as de la fièvre et que tu n'es certainement pas au mieux de ta forme.

« Je suis content, tu sais ?

— Pourquoi ?

— Parce que tu as dit que tu resterais avec moi.

— Hé ! Tu as entendu ?

— J'ai eu un pic de fièvre, je n'ai pas rendu l'âme non plus.

— Dommage. »

C'est fou. Plus j'essaye de me détacher lui, plus il utilise son superpouvoir sur moi. Je mentirais si je ne disais pas que Nick exerce une sorte de force d'attraction à laquelle je ne peux pas résister. Je mentirais si je disais que j'essayais de lutter.

C'est faux.

Je ne lutte pas. Je ne veux pas lutter. Je ne veux pas me mentir à moi-même et pourtant, je ne veux pas me donner à lui comme un petit lapin sur un plateau d'argent. Je veux lui compliquer la tâche. Je veux voir où sont ses limites avant qu'il ne trouve les miennes. Je veux le tester. Je veux jouer.

Je veux me jouer de lui.

« Hé ! Où est-ce que tu glisses ta main toi encore !

— Franchement, j'ai besoin de répondre à ta question ?

— Enlève-la ! Il est hors de question que... que...

— Que quoi ?

— Que l'on fasse ça !

— Cela n'a pas semblé te déranger la dernière fois pourtant.

— Oui, mais là tu es mal... »

Sans finir ma phrase, mes mots se perdent et s'étouffent dans ma bouche, couverte par la sienne. Je ne vois absolument rien, je ne le vois pas, à peine, et pourtant je le sens. Ici et là, au fond de moi. Je sens la chaleur de son baiser et la douceur de sa caresse.

Je sens ce feu en moi qui s'allume soudainement à son contact.

Ne craque pas. Ne craque pas. Ne craque pas. Résiste.

« Oh ! Je te fais de l'effet...

— Ta gueule. »

J'ai honte de ça. De mon incapacité à lui résister ou à lui dire juste « non ».

« Je trouve ça chou. Ça prouve que malgré tout ce que tu dis, ton corps entier te trahit.

— Juste, tais-toi... N'en rajoute pas.

— Pourquoi ? Je suis presque certain que tu es tout rouge à l'heure actuelle. J'aimerais tellement voir ta tête, mais tu sais ce que l'on dit ? Les plus grandes choses se font à l'aveugle !

— Nick... Nick ! »

Un cri m'échappe tandis qu'il me grimpe dessus. Je sens chacun de ses baisers sur moi, chacun de ses mouvements. Chacune de ses caresses qui raidissent mon corps tandis que mes mains s'agrippent aux draps.

« Si tu fais du bruit... Rachel va venir nous punir. N'as-tu pas un peu honte Tobias ? Laisser le dur labeur à un malade.

— Je... Je ne...

— Chut. Pas un bruit. Si tu fais le moindre bruit, on va se faire disputer. Tu ne voudrais quand même pas que l'on se fasse disputer par Rachel, n'est-ce pas ? »

La paume de sa main vient couvrir ma bouche tandis que l'incendie au fond de moi répond naturellement à ses mouvements.

« Il n'y a pas que moi qui suis tout chaud finalement. »

Il ose me faire un suçon, je le tue. Je l'étouffe dans son sommeil avec son oreiller en satin.

The Other Side (BxB) - Tome 1Where stories live. Discover now