XVII. Un ennemi commun

4.3K 377 19
                                    

Quand j'ai eu pour idée de mettre Nick au parfum quant à sa sœur, je ne m'attendais certainement pas à avoir toute sa compréhension et son approbation. Je pensais même qu'il m'aurait dit de me retirer, que ça serait trop dangereux. Mais non. Nick, encore une fois, fut fidèle à lui-même et me prit par surprise.

« Qu'est-ce qu'on fait là ? »

Assis l'un en face de l'autre, sur des tapis dans une salle de sport, il me dévisage avec un grand sourire tandis qu'il ressert la ceinture autour de sa taille.

« Tu vas prendre des cours de self-défense. »

« Self-défense » tout est dans le mot normalement.

« Lève-toi, je vais t'apprendre les bases.

— Tu sais, si c'est juste mettre un coup et partir en courant, ça, je sais le faire tout seul.

— Justement, non. Tu vas apprendre à frapper là où il faut et quand il le faut. Les petites bagarres de rue c'est bon pour les gamins. »

Au début, j'ai pris ça pour un jeu. Voir Nick avec tout son sérieux, son kimono étant à lui-même une arme de destruction contre ma concentration et le peu de sérieux que je pourrais avoir.

Je vois tout son torse pratiquement, c'est de la triche.

« Concentre-toi Tobias !

— Oui, oui.

— Bon, essaye de me mettre un coup de poing, je vais te montrer une technique simple. »

Si par « simple » il sous-entend le fait de me retourner le poignet et de m'envoyer valdinguer au sol. Alors oui, c'est « simple ». D'ailleurs, en l'espace de trois heures de temps, je ne me souviens pas... ne pas avoir volé une seule fois.

À chaque fois que Nick me demanda d'attaquer, il me repoussa, m'envoya voler, me retourna contre moi-même.

« Tu sais quoi ? Je trouvais ça déjà physique ce que l'on faisait au lit, mais je crois que je viens de trouver quelque chose de pire. »

Lui ça le fait rire tandis qu'il me tend gracieusement sa main pour m'aider à me relever alors que je gis dans ma propre transpiration.

J'attrape cette dernière, le plaque au sol et lui roule dessus, maîtrisant ses bras et ses jambes, ne lui laissant aucune chance de bouger. Pourtant, ses yeux semblent indiquer qu'il ne désire pas bouger. Pas le moins du monde même.

Sérieusement ? Aucune résistance ? Alors que pour une fois, je suis fier de ma prise ?

« Je vois que tu apprends vite...

— Je suis plutôt bon élève sans vouloir me vanter.

— C'est rassurant. Tu sais, tu peux trouver ça idiot, mais tu as eu raison en disant que l'on ne serait pas toujours l'un vers l'autre. On ne peut pas passer nos vies à se sauver ou se secourir mutuellement, ce n'est pas possible. Alors dorénavant, dès que tu auras du temps, on viendra là. Là, c'est moi, mais dès demain, tu auras un professeur.

— Faudrait-il encore que je survive à aujourd'hui.

— Tu ne vas pas te plaindre vu ta position actuelle, n'est-ce pas ? »

Comment pourrais-je me plaindre ? Je suis assez content d'apprendre comment péter le bras d'un gars, mais au fond, je n'ai jamais vraiment cru au côté « pratique » des arts martiaux. La théorie c'était bien beau, mais allais-je vraiment pouvoir faire ça ? Le moment venu, est-ce que je m'en souviendrais ? Ne vais-je pas agir sur instinct comme d'habitude ?

« Quoi ? À quoi tu penses Tobias ?

— À rien...

— Ah ouais ? »

D'un coup de hanche et en un rien de temps à l'aide de ses pieds, Nick se dégage et retourne la situation en sa faveur, prenant la position dominante.

« Si tu n'avais pas l'esprit ailleurs, tu l'aurais vue celle-là.

— Ta confiance te bouffera tout cru un jour, tu vas voir. »

Notre combat ne s'interrompt que lorsque Rachel apparaît devant nous, l'air désespéré.

« J'ai l'impression de garder deux grands gamins. Veuillez aller à la douche tous les deux.

— Pourquoi ? On s'amusait bien.

— Votre téléphone a sonné. »

L'appel.

Tout ce que l'on attendait.

Mon signal de départ.

Je ne suis toujours pas à l'aise à l'idée de jouer l'espion dans le camp ennemi, même si c'est mon idée. Je me demande sans cesse ce qu'il pourrait éventuellement se passer si j'en viens à me faire attraper.

Ce n'est pas des cours de self-défense qu'il me faudrait, mais des cours de théâtre. Je veux savoir mentir et être un autre moi.

« Tu vas y arriver ?

— Les doigts dans le nez, aie confiance en moi ! »

Histoire que l'un de nous ait confiance au moins.

Une fois la douche prise, je m'habille en quatrième vitesse et me rends à l'adresse indiquée sur le texto que j'ai reçu plus tôt.

« Tu en as mis du temps. J'ai failli attendre.

— L'important c'est que je sois là, non ? »

Je n'aime pas cette fille. Je n'aime pas cette famille non plus et pourtant, la maison dans laquelle je suis me rappelle étrangement celle de Nick. Un modèle exact ?

« Avant de commencer, voici ton contrat et mes termes.

— Si je signe, Nick sera tranquille ?

— Bien sûr.

— Promis ?

— Bien entendu. »

Elle ment. Je le sais. Ses yeux, l'espace d'un court instant, regardent ailleurs. Elle me ment.

« Parfait. »

J'attrape le stylo sans une once d'hésitation et appose ma signature en bas de la page.

« C'est tout ? Je suis venu ici pour ça ?

— Pourquoi ? Tu es déjà pressé de retourner chez Nick ?

— Va savoir. Peut-être pourrais-je faire un détour aussi au passage, tant que je quitte ta compagnie qui me déplait au plus haut point.

— Au moins, tu as le mérite d'être honnête.

— Contrairement à certains, oui. L'honnêteté vaut cher de nos jours.

— Tu n'imagines pas à quel point tu as raison. Malheureusement, non, ce n'est pas fini. Je vais avoir besoin de toi. Maintenant. »

Au fond, je ne sais pas vraiment ce qu'il m'attend, mais la seule certitude que j'ai à ce sujet, c'est que ça pue les emmerdes et qu'il est dorénavant trop tard pour faire marche arrière.

Je suis dedans, pour le meilleur comme pour le pire.

Je suis dedans pour avoir un chouilla de vérité. Savoir ce qu'elle me veut. Savoir pourquoi Nick est impliqué et qu'est-ce qui unit véritablement cette fausse famille ?

Premier adversaire à mettre au tapis : Élisabeth.

The Other Side (BxB) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant