The Other Side (BxB) - Tome 1

XXII. Combattre ses démons

Quelques fois, je me sens comme une Princesse Disney à faire un caprice et partir dans ma chambre en courant pour bouder.

« Tobias. »

Nick est de l'autre côté de la porte et je me refuse à lui ouvrir. En fait, je ne veux pas lui ouvrir parce que je sais pertinemment que quoi qu'il dise, il aura sûrement raison et ça finira sur une partie de jambe en l'air de réconciliation. Je le vois venir gros comme une maison.

« Tobias, ouvre-moi. »

Non. Pas envie.

« Tu sais que j'ai les doubles... »

Soudain, j'entends le bruit métallique d'un trousseau de clés que l'on agite tandis que la poignée s'agite.

Merde. Merde. Merde.

Triple merde.

Ou me cacher ?

Sous le lit ? Dans l'armoire ? Dans la salle de bain ?

Je pourrais très bien repasser par la fenêtre, quoique ça c'est seulement en dernier recours.

Toute ma vie semble être au ralenti, comme dans un film. La porte va s'ouvrir d'un instant à l'autre et je n'ai toujours pas trouvé de cachette acceptable.

Et là, c'est l'étincelle, l'idée du siècle. J'ouvre la fenêtre en grand, laissant les rideaux s'agiter dans le vent et me faufile en roulant sous le lit. Il croira bêtement que je suis passé par la fenêtre, encore une fois.

Je remets la couette correctement de sorte à cacher mes pieds ou un coude qui pourraient dépasser allant jusqu'à retenir ma respiration quand je l'entends entrer.

« Tobias ?! »

Tobias n'est pas là. Il est parti !

« Rachel ?! Tu n'as pas vu Tobias ?

— Est-il porté disparu ? Dois-je aller à sa recherche ?

— Non... Non ! »

Je l'entends marcher sur le parquet et j'essaye tant bien que mal de ne pas pouffer de rire. Vous n'imaginez pas comme c'est dur. Je mériterais un oscar pour une telle maîtrise de moi-même.

« Bon... Il a encore dû se faire la belle. Rachel ! Appelle Nathan, dis-lui de venir ici, il faut que je lui parle. »

Nathan ? Comment ça « Nathan » ? Hors de question que Nathan vienne ici.

Je sors de ma cachette en hurlant.

« ALORS CA JAMAIS ! »

Soudain, je remarque que Nick est étalé de tout son long sur mon lit, tout sourire comme à son habitude et je comprends la subtilité de sa manœuvre. Je viens de tomber dans son piège tel un gamin de trois ans. Je n'ai même pas pris la peine de réfléchir trois secondes.

« Alors comme ça, tu aimes traîner par terre ?

— Va-t'en, je ne veux pas te voir.

— Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ? »

Le « encore » veut certainement tout dire, je crois.

Pourtant, je garde mes mots pour moi. Je me sentirais con à lui balancer ses quatre vérités dans la tronche comme ça.

« Oh allez ! On vient pas de vivre une partie de cache-cache pour que tu te mues dans ton silence ! Crache le morceau bordel ! Sinon, crois-moi, j'ai des méthodes toutes particulières pour te faire parler. »

N'y pense même pas mon gars. T'es pas prêt de me toucher de toute façon.

« Sérieusement Tobias ? Tu vas me faire la gueule pour un truc que j'ignore ? »

Bouder serait plus exact que faire la gueule. Si je pouvais parler en langue des signes, crois-moi joli cœur, je le ferais. Mais c'est tout juste si je sais demander l'heure en anglais alors bon...

« Franchement, tu veux jouer à ça ? Je crois que t'as pas compris encore contre qui tu jouais ? »

Il m'attrape l'avant-bras et m'attire sur le lit sans aucun ménagement.

« Donc ? »

Je ne peux que le fusiller du regard pour me traiter de la même façon qu'il traiterait sa poupée gonflable. Ma main au feu qu'il en a eu ce cochon.

« Tu veux savoir ce que j'ai ? OK, parfait ! Je vais te le dire ! Mais avant, je vais te poser une question et tu vas me répondre. Sans réfléchir. Tu réponds le plus vite possible ?

— Attends, attends, attends... Faut que je puisse comprendre aussi ta question.

— Attention, la voilà... Un deux trois... Nick, est-ce que tu m'aimes ? »

Sa tête fait un bref mouvement de recul sous l'effet de surprise et son manque de réaction sur le moment en dit long.

« J'aurais dû m'en douter. »

Je me redresse, mais avant que je ne puisse avoir le temps de quitter les draps, Nick me rattrape et me plaque contre le matelas, allant jusqu'à me grimper dessus, maîtrisant mes bras juste en haut de ma tête.

« Écoute, avant de faire ton petit drama là et de surréagir à absolument tout, laisse-moi au moins le temps de te répondre.

— Oh, mais inutile, ne te fatigue pas. Ton silence en dit long.

— Tu m'as demandé si je t'aimais, n'est-ce pas ? Et c'est vrai, je ne t'aime pas. »

J'aurais dû m'en douter. C'est qu'une histoire de cul.

« C'est juste que mettre le mot "amour" sur ce que je ressens, je ne trouve pas ça assez fort, tu vois ? Au début, c'est vrai, je jouais un peu avec toi. Je voulais te tester. Tester tes limites et voir jusqu'où tu pouvais aller. Puis, progressivement, je me suis rendu compte que je me noyais dans tes bras à chaque fois que j'y étais. Je devenais dingue de ce regard que tu as à chaque fois que nos yeux se croisent. Je suis comme happé. Capturé. Je suis fou de cette façon que tu as de me faire tourner en bourrique. T'es qu'un putain d'égoïste, Tobias. Parce que t'es là, à t'agiter et t'exciter comme une petite pucelle de douze ans, mais tu ne me laisses jamais le temps de rien. Je marche complètement à l'aveugle avec toi. Chaque jour est nouveau et totalement excitant. Je ne sais pas ce que l'on fera, ce que l'on se dira, ce que l'on vivra toi et moi. Mais tout ce que je sais c'est que je veux vivre encore plus de jours avec toi. C'est niais et cucul la praline et honnêtement, c'est pas mon truc de dire ce genre de chose... Mais apparemment, c'est ta cam' à toi, alors si c'est pour toi, je le ferais. Tous les jours. »

Sur le moment, je reste sur le cul. Il dit que c'est moi l'égoïste, mais lui-même ne semble pas se rendre compte de l'emprise et de l'impact qu'il a sur moi. Il pourrait me faire escalader des montagnes comme si ce n'était que de petites collines.

Je veux combler le trou que ces autres ont creusé pour lui. Je veux le sortir de cette obscurité dans laquelle il s'est enfoncé avec le temps.

Oui, je veux sauver Nick de ses démons.