XXXVII. Break Time

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« Il faut qu'on parle toi et moi. »

Honnêtement, j'ai envie de beaucoup de choses en ce moment, mais cette phrase n'est pas dans ma liste. Je ne l'ai jamais aimée d'ailleurs. Personne ne l'aime. Personne n'aime entendre « Il faut qu'on parle » parce que ça sonne forcément comme quelque chose de grave et sérieux.

« Tu me fais peur quand tu dis ça Nick. »

Ai-je raison d'avoir peur ?

« Et moi, j'ai peur de ta réaction. »

OK. Ça n'annonce rien de bon.

Maintenant, ça commence à me faire stresser et je déteste les crises d'adrénaline comme ça, quand le cœur s'emballe et que vous commencez à paniquer en vous imaginant tous un tas de choses tordues et inimaginables. Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qu'il va me dire ?

J'ai peur.

« Tu vas retourner à l'école Tobias. »

Hein ? Quoi ? Tu peux répéter parce que je n'ai pas très bien entendu sur le coup ? J'ai cru entendre « école », mais je n'en suis pas tout à fait certain.

« Pardon ?

— Aujourd'hui, je suis allé voir le président et ils sont d'accord pour te reprendre.

— C'est une blague ?

— Écoute, j'ai bien réfléchi ces derniers jours et avec tout ce qu'il s'est passé, ce n'est pas "toi" ça. Faire l'escorte, porter des costumes hors de prix, traîner tard dans les soirées. Ta place c'est dans un cours. Ton avenir c'est avoir un diplôme et un honnête métier.

— OK... et il ne t'est pas venu à l'esprit de m'en parler avant de m'annoncer ça ? Je veux dire, je suis quand même le principal concerné, non ? Et qu'est-ce que tu essayes de faire au juste en m'inscrivant là-bas ?

— Je me dis que c'est ce qui est le mieux pour toi.

— Aux dernières nouvelles, je suis le plus à même de décider ce qui est le mieux pour moi. Je suis le seul à pouvoir décider de ce que je fais de ma vie ou de ce que j'en ferrais. Pourquoi tu viens faire ça ? Dans quel but ? Qu'est-ce que tu me caches Nick ?

— Mais rien voyons ! Arrête de paniquer. Je pensais que ça te ferait plaisir de retourner là-bas et de pouvoir reprendre tes études, c'est tout.

— Ouais bah, tu t'es trompé figure-toi ! »

Même si je reconnais que ça partait d'une bonne intention et que c'était fort mignon de sa part, je n'ai pas envie de remettre les pieds là-bas. J'ai été jeté comme un mal propre parce que j'ai perdu ma bourse. On ne m'a même pas laissé la moindre chance d'en trouver une autre ou même d'envisager une solution, non. On m'a juste dit « vous pouvez prendre vos affaires et nous quitter », fin de l'histoire. Je n'ai pas envie de remettre un pied là-bas et je n'ose imaginer ce que Nick a dû faire ou dire pour permettre ça.

Au fond, je suis furieux.

« Tobias... Ne le prends pas comme ça, j'essaye de te trouver des solutions.

— Et je n'ai certainement pas besoin que l'on me mâche le travail ! Ecoute Nick depuis que mes parents sont morts, je me suis démerdé tout seul. J'ai certainement pas pris les meilleures décisions, mais je m'en suis toujours sorti, OK ? Je n'ai pas besoin que tu viennes mettre le nez dans mes affaires !

— Très bien, dans ce cas, si tu veux la jouer comme ça, je présume qu'il est inutile que ce soit réciproque ? Inutile que tu fourres tes petites fesses dans mes problèmes familiaux.

— J'essaye de te soutenir, c'est différent.

— J'ai Rachel pour ça.

— OK je vois, donc je présume que Rachel dormira avec toi ce soir, hein ?

— On peut savoir où est-ce que tu vas ?

— Me démerder tout seul ! »

J'attrape mon pull et ne me prive pas de claquer la porte en sortant. Je n'ai jamais été un grand fan des drames, mais je dois bien l'avouer que celui-là me sort déjà par les trous de nez. Je pensais sérieusement lui enlever une épine du pied et lui montrer qu'il n'est pas aussi seul qu'il le pense, mais au lieu de ça, il préfère me renvoyer dans cet enfer personnel, et ce, sans même me consulter.

Je le déteste. Vraiment, je le déteste pour ça.

« Tobias ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que...

— Désolé Carl, mais... je peux squatter chez toi pour quelques jours ? »

Ne me demande pas le comment du pourquoi, par pitié.

« Bien sûr, entre. »

T'es un ami ! Tu me sauves. Je songeais presque à quémander dans une auberge ou quelque chose du genre.

« Tu t'es battu avec Nick ?

— On ne s'est pas vraiment "battu", mais j'aurais bien aimé lui mettre mon poing dans sa gueule, c'est clair.

— Tu veux en parler ?

— Pas vraiment, puis ça serait une trop longue histoire à raconter.

— Ça tombe bien, j'ai toute ma soirée ! »

Dois-je vraiment parler de ça avec Carl ? Et qu'est-ce qu'il pensera de moi si je venais à lui dire la vérité ? Il connaît la mauvaise réputation de Nick... Il m'a prévenu maintes et maintes fois, mais je n'en ai fait qu'à ma tête.

« T'as des chips ? On va en avoir besoin. »

The Other Side (BxB) - Tome 1Where stories live. Discover now