Une Biche blanche dans la Forêt Noire

~Chapitre 4~

La communauté prit la route le lendemain à l'aube. Ils étaient dix ; quatre hobbits, deux hommes, un magicien, un nain, un elfe, et une demi-elfe. Ils étaient accompagnés de deux équidés, le cheval d'Anya, Rhavan, et le poney de Sam, Bill. Les deux chevaux portaient les bagages de la communauté sur leurs dos. Tous étaient en admiration face à Rhavan, le magnifique mearas noir, mais le cheval ne se laissait approcher que par la jeune fille. En effet, avant de partir de Fondcombe, Gimli avait jugé bon de donner une tape amicale sur l'arrière train de chacun des deux chevaux. Si Bill n'en avait rien eut à faire, ce ne fut pas le cas du mearas. Ce dernier avait foncé sur Gimli, lui promettant un bon coup de sabot, mais heureusement, Anya avait eu le temps de l'en empêcher. Gimli n'avait plus osé approcher le cheval après cet incident.

 Après quelques heures de marche dans un silence pesant, Gimli s'attela à faire la conversation avec ses compagnons. Si les hommes n'avaient guère envie de lui répondre, les hobbits et la demi-elfe semblaient s'amuser en compagnie du nain. Il leur racontait les exploits des nains, leur décrivait la cité d'Erebor... Anya, qui n'avait pourtant entendu que des récits très péjoratifs sur les nains, trouvait dans le personnage de Gimli un très bon compagnon, jovial et attachant. Elle riait de bon cœur à ses blagues, même à celles sur les elfes. C'est d'ailleurs sur ces blagues qu'elle voyait le prince Legolas lancer des regards noirs à Gimli. Les elfes de Fondcombe n'appréciaient certes pas les nains, mais elle savait que les elfes de la Forêt Noire, eux, les détestaient au plus haut point. On ne lui en avait jamais donné la raison, et elle nota dans un coin de sa tête de ne pas oublier d'en parler un jour à Legolas. Elle ne parlait pourtant guère avec lui, malgré tous les regards courtois qu'ils avaient échangé ces derniers jours. Pour faire simple, il n'y avait que Gimli, les hobbits et elle qui communiquaient.

Le soir, alors que Gandalf arrêtait la communauté pour la nuit, Legolas s'approcha d'Anya alors que celle-ci était en train de décharger Rhavan.

- Vous avez un très beau cheval. 
- Merci, mais vous savez, il ne m'appartient pas. Il n'appartient qu'à lui-même. Ce cheval à une âme intrépide et indomptable. J'ai eu beaucoup de chance qu'il m'accepte à ses côtés.

Comme pour lui répondre, Rhavan frotta sa tête contre l'épaule d'Anya en guise de geste d'affection. Celle-ci sourit et reprit :

- Mais je sais que même s'il est maintenant à mes côtés, peut être que demain son peuple l'appellera pour revenir parmi les siens.

- Et comment va t'il faire ? La plupart des mearas sont partis rejoindre les terres blanches il y a longtemps, lui répondit Legolas.

- Il mourra. Une lueur de tristesse était apparue dans les yeux de la jeune fille. Son peuple le demandera et il n'aura pas d'autre choix que de les rejoindre.

- Excusez-moi, j'aurais mieux fait de ne pas vous poser cette question.

- Non, vous n'avez pas à vous excuser, je me suis faite à cette idée depuis longtemps, voulez vous que nous parlions un peu ? Demanda Anya.

- J'en serais enchanté.

C'est ainsi qu'ils parlèrent pendant quelques heures, jusqu'à ce que les bras de Morphée viennent prendre Anya. Elle n'avait pas la capacité des elfes à ne pas dormir durant des jours. Elle n'avait hérité que de la croissance très lente des Elfes. Elle devait d'ailleurs être seulement un peu plus jeune que le prince de la Forêt Noire. Legolas, qui montait la garde, regardait de temps en temps la jeune demi-elfe, et il se surprit à la détailler. Ses longs cheveux roux se mellaient aux feuilles mortes et à la fourrure de son cheval, et ses traits fins semblaient crispés, comme si elle cauchemardait. Elle était enveloppée dans sa couverture et couchée contre Rhavan, qui lui ne dormait pas. Il regardait fixement Legolas, comme s'il voulait protéger la jeune fille de l'homme qui la regardait dormir paisiblement. 
Legolas s'adressa alors au cheval :