~Chapitre 26~

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Bonjour ! Petite aparté en ce début de chapitre ! A un certain moment de la lecture, il sera question de musique. Je vous invite donc, si vous le souhaitez, à mettre cette musique lorsque la petite icone  ♪  apparaîtra : https://www.youtube.com/watch?v=4VR-6AS0-I4 . SI LE LIEN NE MARCHE PAS : tapez juste Nuevole Bianche sur youtube ;) ! Bonne lecture ! 

La première chose qu'elle sentit fut un mal de crâne horrible, puis les sons commencèrent à revenir :

-On les a trouvés en plein milieu du champ de bataille. La fille va s'en sortir, mais l'elfe... Il est dans un état déplorable. Ce serait un miracle si...

- J'ai compris ! Pas besoin d'en rajouter !

C'était la voix d'Aragorn, et il avait l'air passablement énervé. Anya bouillonnait. Elle avait réussi à assimiler les mots "elfe" et "miracle", et se faisait violence pour ouvrir les yeux. Elle devait voir Legolas. Après de longues minutes de débâcle interne, elle vit enfin le plafond de la salle dans laquelle elle se trouvait. Elle tourna difficilement la tête, et vit Aragorn, prostré a son chevet. Elle était faible, mais parvint quand même à articuler : "Legolas...". L'homme releva brusquement la tête, et une lueur de profonde tristesse vint s'ancrer dans son regard. Il se leva : "Reposez-vous, Anya."

La panique s'intensifia un peu plus quand le Dùnedain ferma la porte derrière lui. Que se passait-il ? Pourquoi n'avait-il pas répondu ?

Ne tenant plus, la jeune femme repoussa ses couvertures, et se leva. Elle avait beaucoup de mal à se tenir debout et titubait dangereusement, mais qu'importe. Elle devait le voir. Elle ouvrit la porte, et entendit deux femmes parler : "L'elfe ? Il est dans cette chambre avec un nain." Anya s'empressa de pousser la porte que l'infirmière avait indiqué, et entra dans la petite pièce. Son regard se posa d'abord sur Gimli qui dormait dans un coin de la pièce, puis ses yeux dérivèrent vers l'unique lit de la chambre. Elle s'approcha, puis s'arrêta net. C'était bien lui, là, étendu dans ce lit, les traits tirés, les joues creusées. Elle tendit sa main pour toucher la joue pâle de Legolas. Elle ne put contenir ses larmes plus longtemps. Il était froid, si froid. On aurait pu le croire mort si sa poitrine ne se soulevait pas faiblement à intervalles réguliers. C'était sa faute. Il avait été blessé en la protégeant. Ses yeux parcoururent le corps de l'elfe, et elle fondit en sanglots, tombant à genoux à côté du corps de son cher ami. Elle ne voulait pas le perdre, pas lui. Non, elle ne le supporterait pas. Elle n'avait même pas encore pu lui dire combien elle tenait à lui. Elle voulait revoir ses doux yeux bleus, ressentir à nouveau la caresse chaleureuse de son regard posé sur elle, voir virevolter ses cheveux blonds au grès du vent. Elle voulait le voir en vie...

Les pleurs d'Anya réveillèrent Gimli, et celui-ci s'empressa de se lever pour se rentre près d'elle. Quand il voulut mettre une main sur son épaule, il sentit les tremblements incontrôlables de la jeune fille. Elle peinant à respirer tant elle pleurait. Le nain ne sut que dire ni faire, et préféra rester silencieux, auprès d'elle, espérant lui apporter ne serait-ce qu'un petit peu de réconfort. Il posa les yeux sur son ami, et une perle d'eau salée roula sur ses joues.

Quand elle s'arrêta enfin de pleurer, elle se leva, et partit sans dire un mot. Gimli la suivi des yeux, jusqu'à ce que la porte se referme derrière elle. Elle sortit du château, et s'accouda aux rambardes de la grande cour. De là, elle surplombait le monde, plongé dans les ténèbres de la nuit. Pourtant, en contrebas, des milliers de lanternes s'élevaient dans le ciel. Il était de coutume d'honorer les morts ainsi chez les hommes. Si l'instant n'avait pas été aussi tragique, un tel spectacle l'aurait émerveillée. Au milieu de toutes ces lanternes aux couleurs vives et chaleureuses, son esprit divagua. Elle repensa à Halvan. Où était-il, allait-il bien ? Elle allait peut-être le perdre lui aussi. Elle scruta ainsi l'horizon jusqu'au petit matin, suivant des yeux les petits points orangés qui s'envolaient dans les cieux.

Aragorn, qui avait été surpris de ne pas trouver la jeune fille dans sa chambre, la cherchait dans tout le château. Quand il la retrouva enfin, perdue dans ses pensées, au bord du vide, et qu'il posa une main sur son épaule pour la faire réagir, il s'aperçut qu'elle était terriblement froide. Elle avait dû passer la nuit dehors, en robe de nuit. "Anya, rentrons. Vous êtes glacée.". Elle tourna alors la tête vers lui. Ses yeux vinrent se planter dans ceux d'Aragorn. Il connaissait ce regard. C'était le même que celui qu'avait Legolas quand Anya était tombée. La même lueur sans vie et le même désespoir. Le monde était vraiment cruel.

Aragorn l'emmena à l'intérieur, mais Anya refusa de rejoindre ses appartements. Elle erra donc dans le château, jusqu'à tomber sur une grande salle, certainement une salle de bal, où un grand piano moisissait dans un coin. Elle s'avança machinalement vers l'instrument, s'assit sur le tabouret, posa ses mains sur le clavier, prit une inspiration, et commença sa complainte.

♪ Ses doigts se baladaient gracieusement sur les touches noires et blanches, comme si le temps s'était suspendu. Elle repensait aux souvenirs qu'elle avait avec la communauté, leurs sourires et leurs voix. Mais aussi à tous ceux qui les avaient quittés. Boromir, Haldir, Rhavan, Théoden... Pourquoi les Valars s'étaient montrés si cruels envers ceux qu'elle chérissait... Elle martelait à présent les touches. La rage l'avait envahie.

Cette colère immense, qui résonnait en elle, se calma soudain, et les notes devinrent plus douces. Non, elle ne devait pas perdre espoir, elle devait être présente à ses côtés, elle devait lui donner la force de se battre. Il devait survivre.

La mélodie résonnait sur tous les murs de la bâtisse, et tout le monde écoutait ces notes, ce cri de désespoir. Certains pleuraient même, repensant à ceux qu'ils avaient perdus.

Ses doigts effleurèrent une dernière fois le clavier, et les derniers accords retentirent dans le château. Après quelques minutes de silence, elle se leva, et se dirigea vers la chambre de Legolas. Elle poussa délicatement la porte et entra. Gimli, qui était toujours au chevet de Legolas, se tourna vers elle : "C'était magnifique ma p'tite dame !". Une larme solitaire coula sur sa joue. Anya l'essuya, et posa un sourire chaleureux sur son ami nain.

- Eh bien, maître nain, vous pleurez pour une elfe ?

- Oh Anya, si vous saviez comme les querelles de nos ancêtres n'ont plus aucunes valeurs à mes yeux ! S'exclama Gimli, pleurant maintenant à chaudes larmes.

Anya le prit délicatement dans ses bras.

"Madame Anya ?! Madame Anya !". Ces deux petites voix, elles ne pouvaient qu'appartenir à Merry et Pippin. Anya passa la tête de l'autre coté de la porte et vit les deux hobbits faire des vas et viens frénétiques dans le grand couloir. Quand ils la virent, ils se jetèrent sur elle. Elle s'accroupit pour les prendre, eux aussi, dans ses bras.

- Quand Aragorn nous a dit que vous étiez réveillée, on vous a cherché partout !

- On a vraiment eu peur pour vous ! Renchérit Pippin.

Gandalf apparut derrière eux. Il la regarda, plein de compassion. Elle lui rendit un sourire triste. Il lui fit un signe de tête, lui demandant de le suivre. Elle s'écarta alors de ses jeunes amis, et leur intima de rejoindre Gimli, qui lui aussi, avait besoin de compagnie. Elle emboîta alors le pas à Gandalf, et ils commencèrent à marcher.

- Anya, je ne sais quels liens vous entretenez avec Legolas, mais je peux lire sur votre visage toute la souffrance que vous éprouvez. Mais ne perdez pas espoir. Il a besoin de vous sentir a ses côtés.

- Je sais bien tout cela. Et pour rien au monde, je ne l'abandonnerais.

- Bien.

- Gandalf ? Demanda d'une petite voix la jeune fille, avez-vous des nouvelles d'Halvan ?

- Eh bien, nous l'avons cherché, mais rien. Il est parti, certainement.

Halvan l'avait abandonnée ? Son dragon l'avait laissée ? C'était impossible. Il avait dû lui arriver quelque chose... Anya laissa Gandalf, et reparti vers les appartements de Legolas. Elle fut surprise de ne pas y trouver Gimli, mais le pauvre nain avait veillé sur son ami tant de temps, il avait bien besoin de s'aérer lui aussi. La demi-elfe tira une chaise, et s'assit au chevet de Legolas. Elle regardait à travers l'unique fenêtre de la pièce, espérant qu'un point blanc apparaisse à l'horizon. Mais après de longues heures à scruter ainsi le ciel, la fatigue prit le dessus, et elle se laissa tomber dans les bras de Morphée. 

Une Biche blanche dans la Forêt NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant