~Chapitre 30~

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C'était le grand jour. Ils étaient là, une armée d'Hommes face à l'enfer qui les attendaient derrière les portes du Mordor. La tension était palpable, et l'avenir, préoccupant. Que se passerait-il, une fois les portes ouvertes ? Anya, angoissée au possible, jouait nerveusement avec la bride de son cheval. Legolas, posté à ses côtés, posa sa main sur la sienne, lui affichant un petit sourire chaleureux. Malgré le visage réconfortant de son ami, elle avait peur. Elle n'était plus aussi confiante que le jour où elle avait affirmé à l'elfe de la Forêt Noire qu'elle se sentait prête. Pourtant, ce jour-là, elle se sentait prête à affronter la mort. Mais maintenant qu'elle était devant ses portes, rien n'était moins sûr. Tous attendaient, la même question silencieuse suspendue au bord des lèvres. C'est finalement Pippin qui osa la prononcer :

- Où sont-ils ?

Il n'y avait pas un seul bruit, mais c'était le silence avant la tempête.

- Que le Seigneur de la Terre Noire s'avance. Justice lui sera faite ! Hurla Aragorn, las d'attendre.

C'est alors que l'on entendit un fort grincement. Les portes lugubres s'ouvrirent, laissant apparaître une silhouette à l'allure fantomatique. Elle ressemblait aux Nazguls, sans pour autant en être un :

- Mon Maître, Sauron le Grand, vous souhaite la bienvenue. Y a-t-il quelqu'un qui ait autorité pour traiter avec moi ?

- Nous ne sommes pas venus pour traiter avec Sauron. Perfide et maudit, répondit calmement Gandalf. Dites à votre Maître ceci : les armées du Mordor doivent se disperser, il doit quitter ses terres et ne jamais y revenir.


- Oh, la vieille barbe grise, cracha dédaigneusement la bouche édentée et répugnante du spectre. J'ai là un souvenir que j'ai été chargé de te montrer.

Anya vit les yeux du magicien se retourner dans leurs orbites, ne laissant apparaître de ses yeux que le blanc. Le plus effrayant, c'est qu'il en était de même pour Merry et Pippin. Après quelques instants, ils revinrent à la réalité. Pippin et Merry hurlaient le nom de Frodon, terrorisés. Qu'avaient-ils bien pu voir ? Alors que Gandalf leur demandait le silence, le gardien des portes avait bien remarqué leur trouble.

- Le semi-Homme vous était cher à ce que je vois. Sachez qu'il a enduré mille tourments entre les mains de son hôte. Qui aurait cru qu'un si petit être puisse supporter tant de souffrances. C'est pourtant le cas Gandalf. Il l'a fait. La créature se tourna vers Aragorn. Et qui est-ce ? L'héritier d'Isildur ? Il faut plus pour faire un Roi qu'une épée elfique brisée.

- Voilà qui met fin aux négociations, dit Gandalf d'un ton sec. 

Le cœur d'Anya se serrait atrocement, son estomac était noué. Qu'était-il vraiment arrivé à son ami. Le porte-parole, mentait-il ? Et si Sauron les avaient réellement retrouvés. Quelles tortures avaient-ils bien pu subir. Étaient-ils seulement encore en vie. Alors qu'elle implorait les Valars de toutes ses forces, l'étreinte sur sa main se resserra, la ramenant à la réalité. Elle devait se ressaisir. Ce qui était fait ne pouvait être réparé. Maintenant, s'ils ne parvenaient pas à vaincre Sauron, ils étaient de toutes façons voués à mourir. Ils pourraient certes se cacher, mais pour combien de temps ? Les orcs finiraient par les retrouver, un jour ou l'autre. Alors, elle sut qu'elle faisait le bon choix. Mourir pour tenter de sauver l'humanité, quoi de plus honorable. Elle se battrait, jusqu'à son dernier souffle. Elle repensa à tous ses amis, la communauté, le visage souriant et radieux d'Eowyn, celui, chaleureux, d'Arwen, d'Elrond. Bien qu'ils furent sa famille adoptive, Anya tenait à eux bien plus qu'a sa propre vie. C'est alors que son regard dévia sur Legolas. Si elle pouvait lui assurer un avenir, elle le ferait. Même si cet avenir doit se dérouler sans elle. Elle voulait à tout prix le sauver. Elle lui sourit, et il en fit de même, quelque peu attristé. Il avait essayé de dissuader Anya de se battre. Mais il saivait bien que c'était peine perdue. Il ne pouvait rien faire non plus face à ce regard. Elle était déterminée, plus que jamais.

Un nouveau grincement se fit entendre, mais cette fois, la porte s'ouvrit en grand, laissant se dévoiler une armée, gigantesque. Anya aperçu l'Œil, qui se braqua instantanément sur eux. Sauron était vraiment impressionnant. Mais la rage qui commençait à monter dans le corps de la jeune femme ne faisait qu'augmenter. Sous ses directives avait été tuée sa famille, et des milliers de personnes avaient été massacrées. La goût amer de la vengeance lui imprégnait la bouche. Il est temps.

- Tenez vos positions ! Tenez vos positions ! S'égosillait Aragorn.

Les rangs des Hommes tremblaient. À la vue de cette armée, la peur les prenait aux tripes. On pouvait voir leur regard tressaillir, et leurs mains frémir. C'est alors qu'Aragorn s'élança sur son cheval, et devant tous ses hommes, brandit son épée :

-Fils du Gondor, et du Rohan. Mes frères. Je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur !

Les soldats étaient pendus à ses lèvres. Sa prestance n'avait pas d'égal, et tous lui vouaient une confiance aveugle. Si Aragorn le disait, tous suivraient.

- Un jour peut venir, où le courage des hommes faillira, où nous abandonnerons nos amis et briserons tous liens. Mais ce jour n'est pas arrivé ! Ce sera l'heure des loups et des boucliers fracassés lorsque l'âge des Hommes s'effondrera ! Et ce jour n'est pas arrivé !

Petit à petit, tout au long de son discours, la peur laissa place à la rage et à la détermination dans les yeux des soldats. Ils le suivraient, quoi qu'ils leur en coûtent.

- Aujourd'hui, nous combattrons ! Pour tout ce qui vous est cher sur cette bonne terre, je vous ordonne de tenir, Hommes de l'Ouest !

C'est alors que, comme d'un seul homme, les hommes brandirent leurs épées et la levèrent au ciel. Le bruit du métal sortant du fourreau leur donnait force et courage, pour affronter la mort.

Aragorn revint se placer entre Legolas et Gandalf, alors que l'armée des hommes se faisait encercler par les orcs.

Du coin de l'œil, Anya vit Gimli s'adresser à Legolas : 

- Jamais je n'aurais songé mourir au combat aux cotés d'un Elfe !

- Et que pensez-vous de mourir aux cotés d'un ami ? Lui sourit gentillement l'elfe.

- Ah oui. Ça, je peux le faire.

Les larmes montaient aux yeux d'Anya. Pas des larmes de tristesses bizarrement, mais des larmes de joie. Ça pouvait paraître cliché, mais c'était bel et bien l'amitié, pure et profonde, qui ralliait soudainement deux peuples qui se haïssaient sous la même bannière, et elle trouvait cela magnifique. Les membres de la communauté ainsi qu'Aragorn descendirent de leurs chevaux, et leur rendirent leur liberté. Anya était un peu honteuse de laisser partir le cadeau d'Eowyn et dur Roi Théoden, mais quoi bon les amener vers la mort, eux aussi.

On entendit une voix rauque et ténébreuse s'élever dans le ciel.

- Aragorn... Elessar...

Sauron ne voyait plus que par Aragorn, et c'était exactement le plan. Attirer le regard de Sauron pour laisser une chance, même infime, aux deux hobbits gardien de l'anneau de s'en débarrasser, sans être vu. Le plan était risqué, mais c'était le seul qu'ils avaient. Aragorn se tourna vers la Communauté, ses plus chers amis, et dit, presque dans un chuchotement et les larmes aux yeux :

- Pour Frodon...

Il s'élança à corps perdu. Les premiers à charger à sa suite furent Merry et Pippin. Ils hurlèrent, et les hommes les suivirent. Les cris de guerre résonnaient, et la charge vint s'abattre sur l'armée du Mordor. La Bataille Finale commençait.

Le bruit de casques fracassés et des épées s'entrechoquant était assourdissant. Anya frappait les créatures avec rage et force. Si elle devait mourir ici, elle devait tout donner sans aucun regret. Elle gardait tout de même un œil sur ses compagnons, et en particulier sur Legolas. Le nombre d'orcs étant très important, leurs chemins s'étaient séparés bien vite, mais elle continuait de voir ses longs cheveux blonds valser au milieu du sang et de la guerre qui faisait rage. C'était un excellent soldat, et même s'il n'était pas invincible, elle avait suffisamment confiance en lui pour être sure que les orcs ne réussiraient pas à le vaincre si facilement. Pourtant, le sang d'Anya se glaça lorsque des bruits stridents parvinrent à ses oreilles. Les Nazguls étaient de la partie, et Halvan n'était pas là cette fois. Elle vit l'ombre de la monture Nazgul la survoler, et elle leva les yeux, qui s'écarquillèrent de stupeur. Ce dragon blanc, elle l'aurait reconnu entre mille. Cependant, il n'était pas seul. De gigantesques aigles avaient rejoint la bataille, et, fort heureusement, ils s'étaient rangés du côté des Hommes. Ils avaient attaqué les Nazguls avec une force déconcertante, pendant qu'au sol, le combat faisait toujours rage. Anya croisa le regard de son fidèle compagnon, et elle sentit toute la bienveillance et l'attachement de l'animal dans son regard. Lorsqu'elle baissa finalement les yeux vers ses adversaires, elle vit avec stupeur un orc, d'au moins deux mètres et demi de haut se ruer sur Aragorn.

- Aragorn !

C'était Legolas. Il tentait de se frayer un chemin jusqu'à son ami, et Anya en faisait de même. Ils ne seraient pas trop de deux. Elle utilisait ses dernières forces pour trancher la tête des orcs se trouvant sur son passage. L'énorme orc avait poussé Aragorn au sol, et avait son pied répugnant contre son torse. Anya se battait comme un beau diable pour venir en aide le plus vite possible à son ami, mais un cri strident résonna. Elle tomba à terre, tant la douleur causée par ce cri dans sa tête était insupportable. Elle était à bout de force, et essayait tant bien que mal de se boucher les oreilles. Elle eue juste le temps de regarder derrière elle, et de voir que le bruit émanait de Sauron lui-même. Le sol tremblait, et les orcs s'enfuyaient sans demander leur reste. Puis, tout devint noir.

- Anya ? Anya !

Elle se réveilla, la tête de Legolas couverte de sang face a elle. Elle se redressa, sans oublier de pousser un râle parce que son dos la faisait atrocement souffrir. Legolas lui attrapa fermement les épaules, et plongea son regard dans celui de la jeune femme.

- On a gagné Anya, dit il en désignant la tour au-dessus de laquelle était perchée l'oeil de Sauron.

Elle était littéralement en train de s'effondrer, l'œil disparaissant peu à peu. Le sol, s'était ouvert, engouffrant une bonne partie de ce qui restait de l'armée du Mordor dans les entrailles de la Terre du Milieu. Les larmes montèrent encore une fois aux yeux d'Anya. Le cauchemar était donc vraiment terminé. Sauron était mort, pour de bon.

Elle se jeta au cou de Legolas, et pleura de joie.

- On a gagné !

Legolas passa ses bras autour d'elle, et serra le corps de la jeune fille contre le sien.

- Je te l'avais promis. Nous l'avons vaincu...

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Bonjour ! Désolée encore une fois pour l'attente, mais comme promis, voilà le chapitre 30. 

Je vous annonce aussi que le prochain chapitre sera le dernier de cette aventure ! J'avais peur de finir, je me suis vraiment attachée à ces personnages. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin :) 

A très vite, pour le chapitre 31 !

Une Biche blanche dans la Forêt NoireWhere stories live. Discover now