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Point de vue de Hannah :

L'entretien avec Jimenez se passe comme d'habitude, il me demande toujours comment je vais. C'est gentil mais je trouve que cette question est trop banale. Il devrait déjà sourire, c'est rare quand il me sourit et la plupart du temps il me parle comme si j'étais une demeurée. Je ne suis pas une demeurée je crois même être bien plus intelligente que lui.

Jimenez est vieux, la cinquantaine, dégarni, la peau creusée de rides et vêtu de cette fameuse blouse blanche de médecin avec son insigne épinglée dessus.

J'ai toujours eu l'impression de le connaître ce type, même quand je venais à peine de le rencontrer. J'avais l'impression de l'avoir déjà vu et déjà connu auparavant et étant donné que je ne me souviens de rien du tout... Aucun risque que je me rappel ou j'ai bien pu voir ce satané médecin incompétent.

Ne me jugez pas. Il est incompétent, c'est la vérité. On dirait qu'il fait tout pour éviter que je retrouve ma mémoire avec ses discours du genre "Tu devrais peut-être essayer de ne pas te concentrer là dessus pour l'instant" ou "Ne te fais pas de mal par là."
J'ai l'impression qu'il essaie de me protéger de quelque chose ou bien de quelqu'un. C'est une sensation étrange.

- Alors Hannah. Dis moi comment ça se passe au poste de police?

- Ça va bien, je me forge une bonne réputation.

- Je sais bien, je sais bien. Et avec ta famille d'accueil?

- Ça va bien aussi. Sebastian était un peu secoué par mon départ de la maison.

- Ah oui. C'est vrai, tu es partie vivre seule. Et ça se passe bien ?

Je hausse les épaules, j'essaie tout de même de cacher mon exaspération, je déteste ce ton qu'il emploie avec moi! On dirait un papy qui parle à sa petite fille de quatre ans.

- Oui ça se passe plutôt bien. J'aime bien rester seule de temps en temps même si je passe la major partie de mon temps chez Sebastian.

- Départ précipité?

- Non, pas du tout. J'en avais besoin quelque part...

J'inspire un grand coup.

- Dites docteur... Il m'arrive de voir des choses étranges dans mon sommeil. Comme le cauchemar dont je vous ai déjà parlé.

- Et je t'ai déjà dis que ça venait peut-être de film que tu avais vu, dit-il avec une pointe d'énervement dans la voix.

- J'ai jamais vu de film avec une grange qui brûle! Ni même un film avec un tableau ďune famille... Enfin si mais pas ce genre de famille!

- Décris moi cette famille.

- Oh euh, un homme aux airs sévère, une femme aux cheveux attachés et noirs, une jeune fille aux longs cheveux noirs vêtue de rouge, c'est déchiré à l'emplacement de ses yeux et il y a un petit garçon qui ressemble énormément à son père, l'homme aux traits sévères.

Jimenez esquisse un sourire crispé, il devient à nouveau blanc comme la fois où je lui ai expliqué ce fameux cauchemar. La grange qui brûle et cette même fille en rouge qui meurt consumé par les flammes.
Et il y a cette phrase... Tout est de votre faute.

Je l'entends chaque nuit...

- Tout est de votre faute.

- Pardon?

- C'est ce que j'entends presque toutes les nuits depuis quelques temps. Enfin je l'entends uniquement lorsque je vois cette grange et le tableau de cette famille.

Sunflowers Sisters Where stories live. Discover now