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Point de vue de Laurena :

Ma tête est assailli de plaintes de douleur et de flashs lumineux accompagnés de bourdonnements. Je suis obligé d'appuyer mes deux mains sur mon bureau qui tient lui-même à peine debout pour ne pas m'écrouler. J'entends la voix d'Hannah résonner en echo, elle répète mon prénom mais c'est comme si jetais à des kilomètres d'elle. Les hurlements de Laura m'empêche de me concentrer pour reprendre le dessus sur ce malaise étrange. J'ai détesté Laura pour m'avoir conduite ici, mais l'entendre crier de tristesse me fend toujours le coeur.

La douleur s'estompe peu à peu, suffisamment pour que je puisse me tourner vers Hannah pour la rassurer. Son visage est blême, je crois bien qu'elle était à deux doigts de la syncope elle aussi. Je m'en veux, à cause de moi elle est toujours un peu plus inquiète au fil des jours. Il faut se méfier de moi comme de la peste, elle devrait le savoir.

- Écartez vous un peu s'il vous plaît, j'ai des choses à vous montrer.

Je cache les dessins de Laura pour éviter que Jimenez s'en débarrasse. Sur mon bureau, ce ne sont que de simples lignes noires formant de temps à autre un visage, les feuilles les plus intéressantes sont sous mon lit.

Je soulève tant bien que mal mon matelas. Quand je réfléchi un peu plus, je me dis que j'aurai sûrement dû demander un coup de main à l'inspectrice. La pauvre est venue m'apporter des cadeaux, et moi je l'entraîne dans une chambre miteuse.

J'extrait de sous mon lit un rouleau de feuilles enroulées maintenu par un élastique marron. Ces dessins sont là depuis des mois, l'humidité à commencé à les attaquer mais on y voit encore les formes que j'ai représenté. Uns pas uns, j'étale les papiers sur le sol, chacun à une place défini. J'avais déjà remarqué que les dessins formaient une histoire, mais je n'en avais jamais compris le sens.

Ce n'est pas du grand art, mais on comprend ce qu'il se passe. Sur la première feuille, un champ jaune, des tournesols sans aucun doute, avec en son centre un édifice en bois. La suivante ressemble à la première, mais autour de ce que je pense être une grange, un amas épais de silhouettes noires, des personnes à mon avis. Enfin sur la dernière, j'y ai dessiné la même chose que sur les deux premières, sauf que le bâtiment est dévoré par des traits grossiers oranges et jaunes, ce que j'imagine être du feu.

- J'ai dessiné ça il y a plusieurs mois, enfin ce n'est pas vraiment moi qui les ai fait. J'étais dans une sorte de transe, ma main bougeait toute seule et quand j'ai repris conscience, tous ces dessins étaient là.

Hannah est abasourdi. Elle regarde les feuilles les unes après les autres en déglutissant bruyamment. Ses sourcils sont froncés, et sa bouche forme un drôle de rictus. Son esprit semble soudainement ailleurs.

- C'est exactement la scène de mon rêve sauf que je vois juste la fille mourir sous mes yeux.

- Je vous ai dit qu'il s'agissait de mes dessins mais en fait, j'ai un peu menti. Oui c'est moi qui les ai fait, mais c'est Laura qui m'a demandé de les faire.

Hannah ne peut avoir rêvé de cette scène puisqu'il s'agit en réalité de quelque chose qui provient de Laura. J'étais déjà perdu après avoir pris conscience que j'avais une réelle voix dans ma tête, mais maintenant la confusion prend une toute autre tournure. Comment une inspectrice peut être liée de près ou de loin à une voix dans ma tête ?

J'ai aussi menti en disant que Laura ne parlait pas beaucoup. Certes, elle passe le plus clair de son temps à crier, mais lorsque la nuit tombe et que Beacon est plongé dans le silence le plus complet, j'entends ses murmures qui me supplient de faire quelque chose.

- Je n'ai pas tout dit non plus... j'ai vu un homme. Au moins un 1,78 mètre, les yeux blancs et gravement brûlé. Il porte une cape et une capuche dissimule sa tête.

Un nouveau bourdonnement bien plus intense me prend jusqu'aux tripes. Laura est déchaînée comme une lionne, elle essaie d'articuler quelque chose mais seuls des hurlements arrivent à sortir.

- Tu crois que Laura voudrait me parler ? Enfin, si elle le peut.

La requête de Hannah me fait sortir de ma torpeur. C'était court mais pendant un instant j'avais l'impression d'être ailleurs. Là, je sens de nouveau que je suis dans ma chambre et que l'inspectrice est avec moi. Je ne suis plus seule desormais, il faut que je parvienne à m'y faire.

- En réalité, j'ai encore menti. Laura parle, la nuit quand le silence envahit l'asile. Je pense qu'elle va vous trouver suffisamment intéressante pour accepter de vous parler.

- Très bien. Dans ce cas je l'écouterais exactement comme j'ai pris le temps de t'écouter toi.

Jamais personne n'a voulu écouter Laura. Parfois, même moi je jouais les sourdes car j'en avais marre de l'entendre geindre. En quelques jours, nous avons trouvé quelqu'un qui accepte de nous écouter toutes les deux et de nous prendre au sérieux. Jimenez nous aurait déjà gavé de médicaments et d'électrochocs.

Hannah est une perle rare.

Sunflowers Sisters Where stories live. Discover now