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Point de vue de Laurena :

Beacon le jour, c'est déjà glauque, mais la nuit, c'est bien pire. Pourquoi est-ce que ce genre d'expédition doit toujours se passer la nuit ? Dans les films c'est dans ces moments-là qu'un tueur en série avec une tronçonneuse tue tous le monde. Je ne veux pas être la victime d'un meurtrier, et j'imagine qu'Hannah n'a pas envie non plus.

On déambule dans l'asile qui est plongé dans la pénombre. Lorsque l'on passe devant les fenêtres, la lueur de la lune nous donne un visage à la pâleur cadavérique. J'ai manqué de sursauté en regardant l'inspectrice. Mais à mon avis, je fais bien plus peur qu'elle.

En réalité, ça se révèle assez simple d'être discrètes. Les hurlements des patients couvrent le bruit de nos pas. Il faut juste qu'on évite de tomber sur un aide soignant de nuit, sinon on est dans la merde. Se lever la nuit est interdit, et être avec quelqu'un de l'extérieur c'est encore plus interdit. De toute façon Beacon est le temple de l'interdiction, nous n'avons le droit de rien faire.

Hannah est bien plus douée que moi pour ce genre de chose. Quand elle entend un bruit suspect, se révélant souvent être celui de nos respirations, elle éteint sa lampe torche pour que nous devenions invisibles dans la nuit. Avant les missions de nuit que j'effectuais avec l'aide de Sparkly n'étaient que de simples allers venus aux toilettes du sous-sol. Aujourd'hui je me retrouve à pénétrer par effraction dans le bureau de mon médecin, qui est aussi le psychiatre d'Hannah. Je vais aller en enfer je le sens.

On se repère facilement dans l'asile même de nuit. Hannah y vient très souvent et moi je parcours ces couloirs devant presque deux ans, je connais cet endroit comme ma poche, même si je n'ai actuellement pas de poches. L'uniforme de Beacon à des poches, mais j'ai toujours refusé de porter cette horreur. Je le sais déjà que je vis ici, alors je n'ai pas besoin d'avoir quelque chose sur moi qui me le rappelle tous les jours.

Nous atteignons rapidement le bureau du docteur sans encombres. Il n'y personne pour nous mettre des bâtons dans les roues. J'espère que notre bonne étoile va briller encore un peu de temps. On a juste besoin de récupérer des informations, rien de plus.

Tandis qu'Hannah trafique la serrure de la porte sans que je n'y comprenne quoi que ce soit, moi je fais le guet derrière elle. Je n'ai aucun talent de crochetage, du coup je fais ce que je peux pour lui être utile. Avec un peu de chance, si on se fait surprendre, j'arriverai à nous débarrasser de celui qui veut nous déranger. Certes, je ne sais absolument pas me battre, mais je pourrai servir d'appât. Aucun aide soignant résistera à son envie de me coller en isolement.

Un petit clic nous informe que la porte est déverrouillé. Avec l'inspectrice on s'engouffre dans la pièce sans trop tarder pour ne pas trop tenter le diable. Il fait encore plus sombre dans le bureau que dans les couloirs, heureusement qu'Hannah à pensé à ramener une lampe torche. Grâce au tapis, les bruits de nos chaussures sont atténués, ce qui fait que nous pouvons tourner autour du meuble en bois sans attirer tous les gens de Beacon.

Au fil de mes nombreux rendez vous avec Jimenez, j'ai pu remarquer qu'il prenait bien soin de ranger ses notes et ses dossiers dans un tiroir. S'il y a quelque chose d'intéressant ici, nul doute que c'est sous clé dans son bureau. Sans Hannah, je n'aurai jamais pu faire tous ça. Déjà parce que je ne sais pas crocheter, et ensuite car jamais je n'aurai eu le courage de désobéir autant aux règles de l'asile. Je suis bien contente de l'avoir rencontré.

- Où as-tu appris à crocheter ?

Je murmure si bas que je ne suis pas sûre qu'elle m'ait entendu. Mais lorsque je remarque son regard pétillant d'excitation à cause des dossiers qu'on s'apprête à fouiller, je comprends qu'elle est contente d'avoir ce talent.

- Je n'en sais rien du tout... Il y a beaucoup de choses que je sais faire et qui viennent de je ne sais où.

- J'aimerai tant savoir faire autant de choses que vous.

Hannah rit discrètement, avant de sourire jusqu'aux oreilles en me montrant un lot de dossiers qu'elle qu'elle a réussit à extraire du tiroir. Ça doit lui faire tellement de bien d'être à deux doigts d'avoir des preuves sur les magouilles de Jimenez.

- On cherche quoi à votre avis ?

Il doit y avoir une vingtaine de dossiers là dedans si ce n'est plus. Je n'ai pas envie de savoir la vie des malades d'ici ça ne me regarde pas. Il nous faut quelque chose de plus utile.

- Quelque chose en rapport avec toi... Ou moi. Ça dépend et peut-être d'autres preuve potentielles.

- Il doit y avoir un dossier à nos noms. Cherchez celui de Leslie aussi, je veux voir si Jimenez à noté des choses sur ce qu'il subit au quotidien.

Hannah me passe une pile de dossiers tandis qu'elle garde une autre moitié pour elle. Les premières feuilles sont sans intérêt ce qui commence à agacer l'inspectrice au vu de ses soupirs réguliers. On remet dans le tiroir ceux qu'on juge inintéressants, ce qui fait qu'il nous reste rapidement que deux ou trois dossiers chacune.

Soudain, un grognement guttural nous cloue sur place. Nos coeurs qui battent la chamade résonnent entre les murs au fur et à mesure que les bruits étranges se font de plus en plus fort. Ce n'est pas humain, j'en suis sûre. On dirait le cri d'un animal sauvage, ou d'un très gros chien, sauf qu'il n'y a aucune bête à Beacon, si ce n'est les aides soignants.

Mon front commencer à perler de sueur à cause de la peur et je remarque le raidissement des muscles de l'inspectrice qui ne bouge plus d'un iota. Nous nous retrouvons là, effrayés comme jamais, avec des dossiers entre les mains sans savoir comment réagir. J'ai toujours su que Beacon était pire la nuit.

De nouveaux bruits se font entendre, plus proche qu'il y a quelques minutes. On dirait un pas lourd, traînant, presque hésitant, comme celui d'une personne qui à un peu trop bu, mais les grognements qui accompagnent ces bruits ne sont pas ceux d'un humain saoul à cause de l'alcool. Comme une seule et même personne, Hannah et moi avons l'idée de nous jeter sous le bureau, lampe torche éteinte. L'obscurité la plus complète rajoute un côté sinistre à cette situation. Je tremble tellement que l'inspectrice pose une main sur mon épaule, mais elle aussi tremble légèrement. Nous avons l'impression d'être cerner par des animaux prêts à nous déchiqueter alors que nous savons que ce sont pas des animaux.

Quoi qu'il se trouve dans l'asile, ce n'est pas quelque chose que nous connaissons.

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