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Point de vue de Hannah :

Laurena et moi avons gagné le réfectoire après avoir confié Leslie à Tatiana. C'est bien l'une des seules personnes qui, je suis sûre, ne fera pas de mal à Leslie.
Quant au soignant, je l'ai laissé dans la salle d'attente.

La jeune fille s'assoit en face de moi avec son plateau, il y a une purée grumuleuse et un steak qui ressemble à une planche de carton. Je comprends pourquoi elle est aussi maigre... La bouffe semble vraiment répugnante.

- Ne mange pas ça, Laurena. Tu aimes bien les cookies? J'ai une boîte dans ma voiture je pourrais te l'amener après ta déposition.

- Les cookies ? Ça fait des siècles que je n'en ai pas mangé. Vous m'en donnerez vraiment ?

Les yeux de Laurena pétillent de joie. Je souris, cette petite m'attendri.

- Oui! Bien sûr, tu pourras même garder la boîte si tu veux. Elle n'est pas encore ouverte.

Un large sourire fend le visage pâle de Laurena alors que je sors un calepin et un bic.

- Merci beaucoup, la générosité se fait rare à Beacon. Bon, qu'est ce que je peux faire pour vous ?

- Avec plaisir Laurena. Alors... Est-ce que ça arrive souvent ce genre de violence envers Leslie, voir même les autres patients?

Laurena semble soudainement pensive, l'esprit ailleurs. Elle fixe une table près du mur avant de reporter son attention sur moi. Ses yeux sont ternes comme vide de toute vie.

- Quotidiennement, c'est tous les jours la même rengaine. Les personnes ici sont trop faibles pour se défendre alors les soignants en profite.

J'ai un haut le coeur. Les gens qui profitent des faiblesses des autres me dégoûtent.

- Est ce qu'ils s'en prenne à Leslie sans raison ou bien ils ont un motif?

- Je ne pense pas qu'il y ait un motif qui puisse excuser qu'on s'en prenne à lui. Mais Leslie est spécial, il a une capacité hors du commun pour décrypter les pensées des autres. Forcément ça déplaît aux soignants du coup ils le tapent pour qu'il se taise.

J'écris nerveusement sur le calepin que je viens de sortir. Quelle bande de crétins ces soignants, pas étonnant que les patients soient malheureux. Quand je pense que la police passe à côté de ça depuis sûrement un bout de temps!
Laurena me regarde un instant puis dit :

- Vous allez casser votre bic, inspecteur.

- Oh. Oui ce n'est rien... Est ce que tu as déjà subi des violences, Laurena?

- On peut dire ça comme ça. C'est plutôt mental ce que je subi en réalité. On m'enferme en isolement ou je me retrouve sur la chaise à électrochocs quand je me défend un peu trop à leur goût.

Je manque de tourner de l'oeil alors que Laurena reste de marbre, un peu comme si elle était habitué à tout ça. Je bredouille quelques mots, un peu sonné par ces révélations. Quand le capitaine va voir ça... Il va lancer une enquête sur le champ! Je l'y obligerait s'il faut.

- La chaise à quoi...? Et en quoi consiste cette méthode? Et pourquoi on te met la dessus?

- La chaise à électrochocs. C'est une machine qui envoie des chocs électriques dans le cerveau. On nous met sur la chaise, puis on nous sangle les membres, enfin on nous met le casque sur la tête. A partir de là, un type tourne un bouton sur sa machine, ça augmente l'intensité des chocs. C'est pour calmer les patients récalcitrants. En fait, je suis malade, enfin c'est ce qu'ils disent. J'ai une voix dans ma tête, elle est dangereuse, du coup on me met sur la chaise pour faire taire les agissements de la voix.

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