3- La Meute Eclipse - Désir Écarlate

Chapitre 6.

Enzo était furieux, frustré et inquiet. Son loup s'agitait dans son esprit, il voulait que l'humain fasse demi-tour et aille prendre sa compagne dans ses bras. La câliner et l'embrasser. Car le loup avait senti chez Camille une certaine vulnérabilité et il avait eu envie de la protéger. L'humain lui, avait compris que rester près de cette louve acculée serait la pousser dans ses retranchements, et il n'était pas encore temps. Un jour, il la pousserait. Mais il était trop tôt.

Au lieu de ça, il alla jusqu'à la cour intérieure. Ça faisait peut-être cinq ans qu'il n'était pas revenu, mais il avait passé son adolescence dans ces couloirs de pierre clairs et il les connaissait par cœur. Il n'eut donc aucun mal à trouver le lieu convoité. La cour intérieure était en fait un grand jardin entouré par les murs du manoir et qui permettait donc de laisser les louveteaux jouer en toute sécurité. Mais c'était aussi l'endroit de prédilection d'entraînement pour les soldats. Comme prévu, Enzo y retrouva Alan qui entraînait un groupe de jeune soldat.

Enzo avait coché sur sa fiche « capacité à entraîner les soldats ». Il avait hâte d'avoir les retours de sa louve rousse. Il espérait que l'emploi du temps qu'elle lui concocterait lui laisserait assez de temps pour la séduire. Enzo comprenait que Camille ressente le besoin de le faire courir, il n'était pas contre. C'était comme ça que les dominants se faisaient la cour, et seule une conversation sérieuse et posée entre les deux parties pouvait y mettre un holà. Enzo se demandait si la diatribe de Camille pouvait s'y apparenter. Cette idée lui brisa le coeur, savoir que son opposé pouvait refuser de seulement le connaître était une déchirure. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui au juste pour que Camille le repousse ainsi ? Il avait senti une réticence plus profonde que la nécessité primaire de faire courir le mâle, et il n'avait pas réussi à savoir ce que c'était. C'était la seule chose qui lui permettait de croire que le problème ne venait peut-être pas de lui.

Décidément, il allait avoir besoin de temps pour creuser. Enzo réalisa qu'il voulait apprendre à connaître Camille. Ne serait-ce que parce qu'elle avait l'air intelligente et forte, et si malgré ça, elle se refusait toujours à lui... eh bien, il n'avait aucun droit de la forcer. Mais cette solitude-là serait une douleur éternelle.

***

Camille employa la semaine qui suivit à éviter soigneusement Enzo. Ce n'était pas bien difficile, puisque c'était elle qui s'occupait de son emploi du temps, elle savait toujours où il était et dès qu'elle le pouvait, elle l'envoyait aussi loin que possible d'elle. Mais visiblement, ce n'était pas suffisant, puisque le loup trouvait le moyen de la tourmenter en laissant des petits mots sur son bureau lorsqu'elle était absente, ou en posant des questions sur elle à toute personne de la meute susceptible de parler. C'est-à-dire tout le monde. Ces traîtres ! Mais quoi qu'ils aient pu lui dire, ce n'était probablement rien de flatteur à son sujet. Camille avait pour ainsi dire passé plus de dix ans à mal se comporter pour salir au mieux sa réputation, dans l'optique du jour où un mâle déciderait de s'attacher à elle.

Mais le souci avec les questions que s'obstinait à poser Enzo, c'était que du coup, il avait attiré l'attention de toute la meute sur leur histoire. Et Elstrya seule savait que les loups étaient les pires curieux que cette terre ait portés. Après tout, elle-même n'avait pas pu s'empêcher de se mêler de l'histoire de Maya et Alan. Le Karma avait un sale sens de l'humour. C'était beaucoup moins marrant quand ça la concernait elle.

De plus, l'éloignement d'Enzo, bien loin d'apaiser le désir qu'elle avait tout de suite ressenti en le voyant, n'avait fait que l'exacerber. Ainsi, à la fin de la semaine, elle n'avait jamais aussi mal dormi, et elle avait l'impression d'avoir la louve à fleur de peau constamment. Il fallait absolument qu'elle fasse quelque chose avant de libérer sa frustration sur un pauvre subordonné innocent.