Chapitre 38.

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Quand Aymen et plusieurs soldats vinrent prendre la relève, aux petites lueurs du jour, Camille crut défaillir. Elle était si épuisée qu'elle n'était pas certaine de pouvoir rester debout une minute de plus.

Enzo l'aida à marcher jusqu'à une carriole qu'avait fait appeler le lieutenant et s'y installa. Mais au lieu de la laisser s'asseoir sur la banquette, il la prit sur ses genoux.

— Laisse-moi te tenir, Camilla, chuchota-t-il lorsqu'elle fit mine de se dégager. Laisse-moi juste te tenir.

Il tremblait contre elle, alors elle se laissa aller la tête sur son épaule, profitant de sa douce chaleur qui chassait doucement le froid glacial qui s'était installé dans sa poitrine.

Camille s'était presque endormie lorsque le carrosse s'arrêta devant le manoir. Enzo l'aida à descendre, et la soutint jusqu'à sa chambre. Mais au lieu de la laisser s'effondrer sur son lit comme elle en rêvait, il l'emmena à la salle de bain.

— Enzo, je veux dormir... marmonna-t-elle en posant son front contre son torse.

— Tu seras mieux si tu te douches avant, assura-t-il en s'éloignant pour allumer l'eau chaude.

De ce fait, il libéra l'espace pour qu'elle puisse se voir dans le grand miroir de plain-pied. Ce fut un choc. Son arcade sourcilière était rompue et avait laissé se déverser sur son visage un flot de sang qui avait coagulé. Elle était couverte de poussière, sa robe était abîmée et déchirée par endroits. Elle eut l'impression de se prendre un coup de poignard dans le ventre, et une boule de désespoir lui coupa la respiration en s'ancrant dans sa gorge.

La robe de sa mère était foutue. Une immense fatigue s'abattit sur ses épaules. Elle avait vu trop d'horreur cette nuit-là pour combattre la vague qui menaçait de la submerger.

— Ma robe, murmura-t-elle en se sentant si stupide de s'inquiéter pour ce genre de chose futile.

Enzo se plaça derrière elle. Lui aussi était en mauvais état, il n'avait plus de cravates, son costume était tout déchirer et il lui manquait une manche.

Il la força à détourner son regard de son reflet.

— Je suis désolé, s'excusa-t-il, alors que ce n'était pas de sa faute.

Avec beaucoup de douceur, il fit glisser la fermeture éclair astucieusement dissimulée sur le côté et fit tomber la robe rouge au sol. Camille se laissa faire. Elle se sentait tellement vidée qu'elle n'aurait probablement pas pu protester de toute façon. Il récupéra son vêtement après lui avoir retiré sa culotte et les rangea délicatement sur le rebord du lavabo.

Tout de même un peu consciente, la jeune louve profita qu'il se déshabille à son tour pour s'occuper de sa protection hygiénique, puis elle le suivit sous l'eau chaude.

Elle eut l'impression que son corps hurlait de douleur alors que l'eau coulait sur toutes les petites égratignures qui abîmaient sa peau. Elle se laissa aller contre le mâle avec un soupir tremblant. Il la soutint jusqu'à ce que la douleur cesse, puis il attrapa le bloc de savon, et très délicatement commença à la savonner. Ses mains, fermes, mais douces commencèrent par frotter doucement ses joues, le côté de sa tête pleine de sang, puis il descendit jusqu'à sa gorge, en profita pour masser ses épaules engourdies, parcourut chacun de ses bras. Il revint à son buste, savonna son dos, puis ses seins. L'eau qui coulait abondamment sur son corps nettoyait les savons après le passage des mains d'Enzo, mais l'écho de leur chaleur subsistait.

Ses mains descendirent jusqu'à son ventre, retournèrent dans son dos, glissèrent sur ses fesses puis revinrent... plus basses.

Camille se figea et s'apprêta à protester, mais il s'arrêta pour l'embrasser. Un baiser doux, emprunt de révérence.

3- La Meute Eclipse - Désir ÉcarlateDove le storie prendono vita. Scoprilo ora