Chapitre 39.

2.6K 297 82
                                    

Camille soupira en se réveillant doucement alors qu'un frisson lui parcourait l'échine. Elle sentit sa couverture remonter toute seule sur ses épaules et referma les yeux pour se rendormir.
Sauf qu'évidemment, son esprit n'était pas du même avis, et maintenant qu'il avait quitté la phase du sommeil, il bombardait Camille des derniers souvenirs qu'elle avait. L'explosion, la nuit horrible qu'elle avait passé, les mains d'Enzo sur son corps et sa chaleur alors qu'elle s'endormait.

Ouvrant doucement les yeux, elle n'eut pas beaucoup de difficulté à réaliser qu'il n'était plus dans son lit. Elle ressentit une pointe de déception à cette constatation, mais en tendant la main sur sa place vide, elle s'aperçut qu'elle était encore chaude.

Tournant doucement, elle vit que la porte-fenêtre qui menait à son balcon et à un petit escalier qui lui permettait de quitter sa chambre était entrouverte. Dehors, il faisait nuit, signe qu'elle avait dormi toute la journée. Elle avait encore l'impression d'être passée sous un troupeau de chimères éléphant, mais elle n'était plus fatiguée.

Se levant prudemment, elle attendit que sa tête cesse de tourner avant de quitter son lit. En sortant la tête par l'ouverture elle vit qu'Enzo était assis sur la dernière marche de l'escalier, songeur.

Avec un petit sourire, elle alla jusqu'à la cuisine préparer du chocolat chaud avec de la guimauve avant de prendre un plaid et de le rejoindre.

— Tu as dit que tu ne partirais pas, chuchota-t-elle en venant s'asseoir près de lui.

Elle ne savait pas d'où lui venait cette certitude, mais il avait promis qu'il ne partirait pas.

— Tu rumines ?

Il lui sourit doucement, mais ce sourire n'atteignait pas son regard. Puis il prit le plaid et l'étendit sur leur épaule comme s'il s'inquiétait qu'elle prenne froid.

— Je ne rumine pas, je réfléchis.

Camille gloussa en lui tendant une tasse, étrangement heureuse d'être là.

— Du chocolat chaud ? s'amusa-t-il.

— Avec de la guimauve, précisa-t-elle en portant sa propre tasse à ses lèvres.

Cette fois-ci, son sourire était plus sincère.

— Je vais tout de suite beaucoup mieux, se moqua-t-il.

Elle se serra un peu plus contre lui, lorsqu'une brise froide d'automne souleva le plaide.

— Le chocolat résout tous les problèmes, confirma la rousse en buvant une grande gorgée. Tu ne m'as jamais dit pourquoi tu étais devenu Solitaire...

Il lui lança un regard qui disait qu'il voyait parfaitement qu'elle tentait de le distraire. La vérité était que Camille n'avait pas envie de reparler de ce qui s'était passé la veille, elle ne voulait pas se replonger tout de suite dans ce cauchemar. Alors il passa simplement un bras autour de ses épaules pour la tenir plus proche de lui et raconta.

— L'hiver de mes quinze ans, un vieux solitaire est venu demander l'asile à Éclipses. Comme toujours, Lashlan, l'alpha de l'époque - mais tu le sais déjà - avait accepté. C'était un homme très surprenant, qui racontait toujours des drôles d'histoires sur ses aventures et qui avaient dans son sac des tas de breloque improbable, des petits trésors pleins de valeur.

— Tu en as aussi ? demanda-t-elle surprise en relevant la tête pour le regarder.

Il sourit.

— Je te les montrerais, si tu veux.

Satisfaite de cette réponse, elle reposa sa tête dans son cou.

— Il disait qu'il aimait être solitaire, qu'il adorait voyager, mais que depuis quelques années il voyageait pour une autre raison.

— Laquelle ?

— Sa femme était morte et sa fille avait disparu, il était à la recherche de cette dernière pour la ramener chez eux. Il était las des voyages et la mort de sa compagne l'avait anéanti. Alors il errait de meute en meute à la recherche d'une enfant disparue. J'ai toujours trouvé ça très poétique. Je me demande s'il l'a trouvé finalement.

— Depuis le temps, je pense que oui, assura Camille.

— J'espère aussi. Quand l'hiver, c'est terminer, il m'a proposé de venir avec lui. Mes parents...
Il s'interrompit en grimaçant.

— Qu'est-il arrivé à tes parents ? osa demander la louve rousse.

— Je n'ai jamais vraiment été en bon terme avec eux, éluda-t-il. Alors j'ai accepté d'aller avec lui. J'ai été solitaire pendant plusieurs années à ses côtés, et puis un jour nos chemins se sont séparés. Mes raisons se sont affinées avec le temps, j'étais à la recherche du plus précieux des trésors.

— Un trésor ? s'amusa la jeune femme.

— Oui, rare est presque impossible à trouver lorsqu'on le cherche.

— Et tu l'as trouvé.

Il sourit mystérieusement.

— Oui.

— Tu me le montreras ?

— Oui, mais pas tout de suite.

— Pourquoi ?

— C'est un trésor très fragile, il faut en prendre soin et ménager sa sensibilité. Si je te le montrais, tu l'effrayerais.

Elle fronça les sourcils, perplexe.

— Si tu me dis que tu as mis la main sur un bébé Dhrakon, je ne te croirais pas.

— C'est plus dangereux qu'un bébé Dhrakon, s'amusa-t-il. Je suis désolé pour notre dîner avorté, poursuivit-il en changeant de sujet avec naturel. Tu dois avoir faim, tu as dormi toute la journée.

Camille soupira en comprenant que l'heure des histoires était terminée.

— Il faut que j'aille voir Ethan pour lui faire mon rapport.

— Il est passé pendant que tu dormais, il a dit que tu pouvais venir demain, que comme il avait déjà le rapport de Aymen, ce n'était pas pressé.

— Ça veut dire que j'ai la nuit de libre ? s'exclama-t-elle en lui lançant un regard entendu.

— Camille, la réprimanda-t-il.

Une lueur d'amusement brillait dans ses yeux verts.

— Ne t'inquiète pas, gros loup grognon, je ne te demanderais pas de jouer au docteur avec moi.

— Tiens ? s'étonna-t-il en soulevant un sourcil. Tu es raisonnable, maintenant.

Elle leva les yeux au ciel.

— J'ai surtout faim, tu as déjà chassé l'élan ?

3- La Meute Eclipse - Désir ÉcarlateDonde viven las historias. Descúbrelo ahora