Chapitre 34.

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Laisser Camille seule alors qu'elle était blessée avait été la tâche la plus dure qu'Enzo n'avait jamais eu à accomplir et lorsqu'il l'aperçut nue et vulnérable, la peau si pâle et les lèvres bleues, il regretta instantanément de lui avoir obéi.

Elle avait vainement tenté de le mettre en joute, mais elle était si faible que son bras était immédiatement retombé. Ils avaient couru aussi vite que leur permettait la vitesse réduite de Maya pour rejoindre la jeune femme. Escorter par quatre soldats, deux sous-formes lupines et deux humains, Maya et Enzo s'approchèrent de la lieutenante.

— Sécurisez le périmètre, ordonna-t-il aux loups, en s'accroupissant près de la rousse.

Il ne souhaitait pas que les soldats voient Camille dans cet état. Se saisissant d'une des grandes couvertures thermiques qu'il avait rapportées, il enroula la jeune femme dedans, la déplaçant pour la caler contre son torse.

— Qu'une égratignure ? répéta-t-il, furieux de l'avoir cru.

Maya s'agitait déjà autour de sa jambe, y versant une poudre coagulante.

— Réchauffe là, ordonna-t-elle, elle va tomber en hypothermie, il ne faut surtout pas qu'elle s'endorme.

Maya prit une autre couverture et commença à frotter vigoureusement l'autre jambe de Camille pour la réchauffer. Faisant de même avec ses bras et son dos, Enzo s'inquiétait du manque de réaction de la louve rousse.

— Ne dors pas, Camilla, je suis là, gronda-t-il en posant ses lèvres contre son oreille.

Sa peau était gelée. Pour recevoir une réaction, il lui mordit l'oreille. Elle sursauta et échappa un pauvre grognement qui se rapprochait plus du miaulement.

— Il fait si froid, Enzo... chuchota-t-elle d'une voix enrouée.

Il prit ses mains entre les siennes pour les préserver de l'air glacial du début de la nuit.

— Il fait trop noir ici, râla Maya. Il faut l'apporter au manoir.

Elle lança un regard à Enzo, comme une question muette.

— Je la porterais, assura-t-il immédiatement.

C'est ce moment que choisirent les patrouilles pour revenir.

— On a trouvé des pièges, et le cadavre d'une biche, visiblement cet homme était un habitué, lui rapporta l'un des soldats sous forme humaine, accompagner de son binôme animal.

— Quadrillez le secteur, je veux que tous les pièges soient retirés, et enterrez-moi cet humain là où on ne le retrouvera jamais...

Le loup d'Enzo protesta intérieurement, il était d'avis de mettre l'humain bien en évidence aux limites de leur territoire, histoire de dissuader d'autres chasseurs de venir braconner. Mais le mâle savait bien que ça ne pourrait poser que des problèmes. Si aucun lieutenant ne s'était déplacé, c'était parce qu'ils faisaient confiance au solitaire pour gérer cette crise avec calme et efficacité. Même s'il avait bien du mal à rester calme en sentant Camille grelotter entre ses bras, l'odeur ferreuse de son sang empestant l'air froid.

L'un des loups s'approcha, visiblement curieux de voir ce qui était arrivé à la lieutenante, son museau frémissant à l'odeur sanglante. Pas d'humeur à plaisanter, Enzo gronda en projetant son aura ambrée contre le pauvre soldat, qui s'aplatit immédiatement contre la terre, les oreilles basses et la queue entre les jambes, il s'éloigna à reculons.

— Je vais te ramener à la maison, assura Enzo à Camille avant de l'enrouler confortablement dans les épaisses couvertures.

Puis il passa un bras dans son dos et l'autre sous ses jambes et il la souleva sans aucune difficulté. Son loup se sentait agité à l'idée qu'elle soit si légère, si passive entre ses bras. Il voulait la mordre et la secouer pour qu'elle redevienne la compagne de jeu qu'il avait eue cet après-midi.

3- La Meute Eclipse - Désir ÉcarlateWhere stories live. Discover now