Chapitre 18.

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— Romeoooo ! hurla Llea. Arrête de faire ta princesse et sors de cette foutue salle de bain !

Camille soupira en portant sa tasse de café à ses lèvres, essayant d'ignorer les hurlements matinaux de ses quatre petits diables.

— Je n'ai pas fini ! Et je ne suis pas une princesse, je prends soin de moi ! répondit vertement le plus jeune de la fratrie.

— Grouille princesse, on va être en retard ! en rajouta Keen.

— Voilà pourquoi je me lève plus tôt le matin, marmonna Tydian en avalant une gorgée de café, qu'il prenait noir.

C'était une vilaine habitude qu'il avait prise vers treize ans, et visiblement, il ne voulait pas s'en défaire. Cela dit, il était tout simplement invivable avant sa première tasse, alors personne ne lui disait rien.

Camille était inquiète pour son fils, il était de plus en plus renfermé, de plus en plus sombre, comme si son incapacité à se transformer l'éloignait un peu plus de ses frères et sœurs. Il allait falloir qu'elle en touche deux mots à Ethan, heureusement elle avait une réunion avec les lieutenants ce matin.

Elle jeta un coup d'œil à la pendule du salon avant de se lever pour terminer de se préparer. Elle allait être en retard sinon.

— Vous pouvez utiliser ma salle de bain, autorisa-t-elle, mais ne faites pas de bêtise !

Trop tard, Llea et Keen se précipitaient déjà vers sa chambre en glissant et en s'injuriant.

— Bonne journée, mon grand salua Camille en venant embrasser Tydian.

Elle grimaça en entendant une porte claquée suivie d'injure.

Levant les yeux au ciel elle attrapa ses chaussures à talon de huit centimètres. Elle avait beau être grande, elle travaillait avec des géants et c'était déjà assez dur de se faire respecter en tant que femme sans que les hommes estiment pouvoir se servir de sa tête comme d'accoudoirs.

Ce matin-là, elle avait choisi une minijupe noire et un croc-top rouge qui mettait sa poitrine en valeur. Elle ne savait pas pourquoi elle avait choisi cette tenue, c'était stupide, mais elle n'avait plus le temps de se changer. Tant pis.

— Et faites-moi le plaisir de ranger la pagaille que vous avez mis hier.

Elle sortit et marcha d'un pas déterminé jusqu'au bureau d'Ethan.

Camille était perdue, elle pouvait se l'avouer maintenant qu'elle était seule. Comment était-elle censée réagir face à Enzo après la soirée qu'il avait passé ? Après ce qu'il lui avait dit avant de partir. Il ne pouvait pas vraiment l'aimer...

Camille secoua la tête pour se sortir cette idée de la tête. Enzo était naïf, parce qu'elle était son opposée, il pensait que l'amour allait de soi. Camille, elle, savait que c'était faux. Le lien d'opposé n'avait jamais empêché son père de partir année après année pour de longs mois de solitaire, la laissant elle et sa mère seules et réapparaissant comme une fleur lorsque ça lui chantait. Et sa mère qui lui pardonnait toujours, alors qu'elle était si malheureuse lorsqu'il repartait après avoir promis de revenir vite.

Son père était un gros con, voilà tout, et même si Camille savait que tous les solitaires n'étaient pas comme ça, elle savait aussi que la vie en meute les oppressait. Personne n'enchaînait les solitaires. Pas même une famille. Rien ne les retenait lorsque le désir de solitude les prenait. Il s'en allait tout simplement.

Et quoi de plus oppressant qu'une compagne possessive et jalouse ? Camille connaissait ses défauts, elle savait aussi les réguler. Ça ne voulait pas dire qu'elle voulait le faire. Elle ne voulait pas être la compagne d'un homme qui lui demanderait de changer. Et Enzo le lui demanderait. Il disait l'aimer, mais il ne la connaissait pas vraiment. Pas suffisamment.

3- La Meute Eclipse - Désir ÉcarlateWhere stories live. Discover now