Chapitre 53: Les œufs

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Des œufs, DES ŒUFS!? Mon odorat ne me trompe pas, ça j'en suis sûre, c'est l'odeur de nos dragons qui monte à jusqu'à mes narines. Mais mon cerveau refuse ne serai-ce que d'envisager cette possibilité. Comment est-ce que cela peut être possible, comment cela a pu t'il arriver? Comment diable ont-ils fait pour les faire revenir à l'état d'œuf? Des dragons revenir à l'état d'œuf, c'est comme si je retournais dans le ventre de ma mère ça n'a pas de sens!

J'ouvre l'incubateur avec délicatesse, une vague de froid en sort. J'y prend l'œuf de mon dragon toujours abasourdie par ce que l'on vient de découvrir. Ce que je tiens dans les mains est rugueux au toucher et à la fois agréablement doux, l'œuf dégage une chaleur presque imperceptible mais pourtant bien présente, témoin indéfectible de la vie présente à l'intérieur. Je nage toujours en pleine incompréhension.

Je coule un regard en direction de Jeremy, il se trouve lui aussi dans un état de choc. Comment ne pas être ébranlé de toute façon? Légèrement remise de ma surprise, je reprends les choses en main. Je me re-concentre sur mon œuf et prononce la formule "regresus", j'observe l'œuf rétrécir dans ma main jusqu'à ce qu'il atteigne la taille d'une cerise puis je le fourre dans ma poche. Je fait de même avec les quatre autres, sous le regard surpris de mon compagnon. Enfin je referme l'incubateur maintenant complètement vide. Je pousse un long soupir, pourquoi rien ne peut il être facile pour une fois? Quand tout sera fini je le ferai éclore à nouveau, je retrouverai Eldrys, tout n'est pas perdu. Je refuse de le croire.

"Hé bien, je crois que nous avons trouvé ce que nous cherchions. Il est grand temps de sortir d'ici, dis je à mon ami"

Nous sortons de la pièce refermant bien la porte derrière nous, réparant le boitier en apparence pour éviter les soupçons le plus longtemps possible. Il ne nous reste plus qu'à espérer être loin quand ils s'en rendront compte. Tandis que nous remontons ce long couloir sinueux, cette même impression désagréable s'insinue à nouveau en moi. Il flotte dans l'air ambiant une odeur de sang rendant l'atmosphère lourde et terrifiante. J'essaye tant bien que mal d'ignorer ce sentiment. Je ne veux pas savoir ce qu'il se trame ici, en réalité je m'en doute, j'ai toujours en tête les horreurs que nous ont révélé Zahira et son peuple ce jour là. Je ne veux juste pas le voir de mes propres yeux.

Au pas de course nous arrivons à la deuxième porte, nous y appliquons le même procédé une seconde fois. Une fois arrivés dans l'arène, les clameurs de la bataille qui fait rage se font entendre à nouveau. Dans les entrailles de l'académie rien de tout cela nous était perceptible mais dehors les cris de rage, la haine débordante et la hargne n'était que bien trop audible.

Soudain je pris conscience que mes amis étaient dans cette tourmente, un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale, trop préoccupée par les dragons j'en avais oublié Alicia, Valentine et Lucas qui se battaient là-bas. Je me retourne vers mon compagnon d'arme de toujours, son visage est fermé, son corps tendu, il s'inquiète certainement lui aussi. Après tout il est vrai que ces derniers temps Jerem s'était bien rapproché d'Alicia. Elle qui doit se trouver en ce moment même en plein milieu de la lutte. Mais avant de plonger tête baissée dans ce chaos, il me faut faire une dernière chose.

" Vas y, moi il me faut d'abord mettre ça l'abris, j'annonce à Jeremy tout en tapotant ma poche des doigts. Je ne peux pas risquer qu'ils se fassent écraser par un quelconque coup de pied ou autre."

Ce serait vraiment trop bête. Jeremy s'apprête à protester mais devant mon regard il hoche la tête:

" Bon courage, on se revoit après tout cette histoire!"

Je le regarde s'éloigner, puis je m'en vais à mon tour. Je sais où est-ce que je vais planquer les œufs. Le grenier de l'internat me semble parfait, ça fait des années que les affaires des élèves s'y entassent les unes sur les autres. Je m'empresse donc de courir en direction de l'internat.

Enfin la chance semble tourner de mon coté, l'internat se trouve à l'opposé de la bataille. J'évite tout de même les endroits à découvert et j'opte pour faire le tour de la cour plutôt que de la traverser. Enfin j'arrive devant le grand bâtiment, je pénètre à l'intérieur, sans me poser plus de question, je me jette sur les escaliers et file au dernier étage.

A bout de souffle j'arrive au grenier. J'en ouvre la porte, une vague de poussière s'en dégage me faisant éternuer. Les yeux un peu mouillés je m'avance dans la pièce sombre. Les seuls raies de  lumière nocturne qui filtre au travers des lucarnes du toit révèlent toutes les particules volantes de l'air. Cela doit faire un petit moment que personne n'y est pas venu faire le ménage. Je balaye la pièce du regard. Un tas d'affaires dorment ici: des tableaux couverts par de longs draps blancs, des tabourets en bois, des armoires, des chaises, d'anciens lits sans matelas, de vieux jouets d'enfants et j'y trouve même un grimoire. En tout cas je ne m'étais pas trompée, c'est bien ici que je vais trouver mon bonheur. Je cherche quelques minutes la planque parfaite, puis satisfaite de celle que j'ai déniché, j'y dépose les œufs.

Je ressors de l'internat, il est temps de se jeter dans le cœur du conflit. Mais indépendamment de ma volonté mes pieds refusent de bouger tandis que l'angoisse de la mort s'insinue dans mes veines. Je suis figée par la peur, je ferme alors les yeux, inspire une grande goulée d'air frais afin de me recentrer. Je sens mon cœur s'affoler dans ma poitrine, je sens le sang battre à mes tempes me confirmant que je suis encore bel et bien en vie. Je vérifie l'emplacement de mes dagues, je sens la garde froide sous mes doigts. Puis petit à petit les battements de mon cœur ralentissent, mon esprit se focus sur ce qui doit être. Je ré-ouvre les yeux et m'élance vers le combat guider par les bruits de ce dernier.

" Anissa! m'interpelle quelqu'un"

Je me stop net tandis qu'une profonde colère prend racine dans mon cœur. Et même si elle est accompagné d'un sentiment de tristesse je le chasse et l'enfouie au fond de moi avant de faire face à cette personne le regard dur.

La section DragonWhere stories live. Discover now