Prologue

771 95 158
                                    

Je courais dans la forêt, à toute allure, terriblement angoissé. J'évitai de me retourner de crainte qu'ils m'aient déjà rattrapé. Je les imaginais qui accéléraient et s'approchaient de moi peu à peu, réduisant la distance qui nous séparait. Un frisson me parcourut à la simple pensée de ce qui suivrait et les souvenirs de tout le martyre qu'ils m'avaient fait subir. Je guettais leurs ombres, le cœur battant comme un tambour.

Je redoublai alors de vitesse, usant de toute mon énergie ou plutôt ce qui en restait car j'étais déjà épuisé. La dernière fois où j'avais osé jeter un coup d'œil derrière moi, ils étaient seulement une vingtaine, mais le fracas des branches, le son de leurs pattes et les hurlements successifs me confirmèrent qu'ils devenaient bel et bien plus nombreux et que mes chances de survie avaient constamment tendu vers le zéro. Ils étaient tous plus féroces les uns que les autres, faisant trembler toute la forêt par leurs hurlements stridents qui semaient la frousse dans tous les recoins de mon cœur. Chacune de ces cruelles bêtes sans âmes voulait ma peau à tout prix, car celui qui m'apporterait mort ou vivant aurait une récompense qu'on n'imaginerait jamais.

Le pire de tout était que je ne m'étais pas enfui sain et sauf. J'avais une large entaille au côté, sans oublier les autres blessures relativement légères. Je sentais le liquide rouge couler sur mon pelage blanc et tomber en ruisseaux sur la neige. Je laissais un fil de sang derrière moi, ce qui n'aidait en rien mon camouflage et ma fugue. En outre, mes pattes devenaient de plus en plus lourdes et à maintes reprises elles manquaient de se dérober sous mon poids. Je peinais à éviter les obstacles et chaque fois que je trébuchais, ça me coûtait une nouvelle vague de douleurs. Je sentais des centaines de dagues s'enfoncer dans tout mon corps tellement j'avais mal. Mes blessures, ne laissant aucun vide, me brûlaient à mourir. Un engourdissement s'empara de tous mes membres et je menaçais à chaque seconde de céder sous mon poids. En plus de toutes ces difficultés, ma respiration, saccadée, rendait ma fuite quasi-impossible.

Je décidai alors de trouver une cachette où me reposer jusqu'à ce que je reprenne un peu de mes forces et que mes plaies se referment. C'était soit ça soit je mourrais. Si mon corps tenait encore jusque-là, ce serait par force magique, mais j'aurais parié qu'il en aurait marre si je continuais sur ce rythme encore une seule minute. Il m'avait assez supporté et obéi.

La tempête devenait plus forte au fur et à mesure que j'avançais. Je me renforçais un peu par quelques idées optimistes. Je continuais ma course, espérant pouvoir semer mes chasseurs rapidement, quand je vis enfin une grotte de loin. Malheureusement, le violent vent glacial n'était pas d'accord à l'idée que je survive. Toutefois, je me frayai un chemin et me dirigeai vers l'abri. Ma vision devenait de plus en plus floue et je peinais à continuer mon chemin.

Quand soudain une main m'attrapa la patte...

LE SEUL SURVIVANT: 1-La Braise Glaciale [Terminée] Where stories live. Discover now