Chapitre 27 - Soulagée

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J'enfouis mon visage dans le trench couleur sable de Maximilien, et je prends une longue série de respirations pour calmer mon cœur sur le bord de l'implosion. Son parfum musqué est suave, et ses grandes mains dans mon dos effectuent de larges cercles. Étonnée par ce geste d'une tendresse inattendue, je me recule. Autour de nous, quelques personnes nous regardent, mais la plupart tentent de nous ignorer.

Si quelqu'un avait tenté de m'enlever, là, tout de suite, il aurait pu le faire aisément. Déjà les passants ont cessé de nous scruter, et je me sens misérable d'avoir paniqué comme je l'ai fait... mais surtout d'avoir pensé qu'on viendrait m'aider.

Dans quel monde vit-on?

— En cas de problème, mieux vaut hurler au feu pour obtenir de l'aide. Les gens vont toujours voir si c'est vrai; ils ne se mêlent que rarement des histoires d'enlèvements ou d'agression autrement. Viens, déclare Maximilien d'un ton bourru en fusionnant sa main à la mienne. Ne restons pas ici.

Sa poigne est solide. Je le laisse m'entraîner dans la foule pendant que je jette des regards frénétiques derrière moi. Je m'attends à tout moment à voir surgir le mastodonte pour nous barrer la route, ou encore le type avec sa capuche basse sur ses yeux pour nous épier en toute sécurité.

— Heureusement que je t'ai dit d'avoir l'air normale, grogne mon sauveur.

Rappelée à l'ordre, je m'efforce de regarder devant nous. C'est difficile, mais pas impossible.

En cas de pépin, j'imagine que je pourrais être en moins bonne compagnie à l'heure actuelle. Je trouve une certaine paix d'esprit à la pensée que Maximilien est armé sous son manteau. Peu loquace, mon garde du corps m'accompagne dans un silence relatif : il se contente de m'indiquer quand tourner, les yeux attentifs à notre entourage. Il a une mission et il est concentré pour la mener à bien.

Je n'ai pas envie de diminuer sa vigilance, alors je conserve le silence aussi jusqu'à ce que nous atteignions la voiture. Puis je me tourne vers lui pour dire :

— J'aimerais parler à Al.

Maximilien m'ouvre la portière et se penche vers moi, ce qui donne probablement l'illusion qu'il m'embrasse. Sa bouche est tout près de la mienne; elle a l'odeur du café fraîchement ingurgité.

— Al n'est pas disponible pour le moment. Vous devrez traiter avec moi.

— Vous pouvez me tutoyer, dis-je pour toute réponse.

Après tout, c'est ce qu'il faisait tout à l'heure. Le vouvoiement me semble soudainement déplacé. Mon interlocuteur allait s'éloigner, mais il s'arrête et incline la tête.

— Ça vous plairait?

— Oui.

— Alors je ne le ferai pas, répond-il avec une moue. Notre relation est censée être cordiale, rien de plus.

Interpellée par sa réponse, j'ouvre la bouche pour le questionner, mais il claque la portière dès que je suis assise dans l'habitacle. Je l'observe contourner le véhicule par l'arrière puis s'arrêter pour observer les alentours avant de venir me rejoindre. Lorsqu'il se laisse tomber sur son siège, la structure rebondit sous son poids.

— Qu'est-ce que vous voulez dire?

— Attachez-vous, m'ordonne-t-il en montrant l'exemple.

Je m'exécute pour entrer dans ses bonnes grâces et peut-être ainsi lui extirper des réponses. Je ne suis pas folle : notre relation est soumise à des conditions, alors que, à la base, je ne pensais même pas que nous serions appelés à nous fréquenter sur une aussi longue période qu'actuellement.

Le fauve écarlateWhere stories live. Discover now