Chapitre 36 - Transportée

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Je clignote des yeux, percluse de doute : ai-je bien entendu?

— Sers-toi de moi comme je me sers du reste du monde. Je veux te voir exploser d'une jouissance que seul cet oreiller miteux a su provoquer jusqu'à maintenant.

D'une poussée, son corps s'imbrique au mien avec une délicieuse impatience. Sa voix est un ronronnement suave qui me fait frémir. Ses doigts pétrissent la chair de mes hanches, virulents, diffusant à la fois une vague de douleur vers mon cerveau et un tsunami de chatouillis entre mes cuisses, en raison du frottement qu'il provoque entre nos deux sexes. Je réprime un gémissement en mordant ma lèvre inférieure.

Si expressif. Son regard de jade m'absorbe, m'envoûte. J'y vois de la vulnérabilité, de l'envie, du désir et toutes les émotions qu'il ne semble pas en mesure de montrer le reste du temps.

— Monsieur Oreiller n'est pas miteux... réussis-je à articuler, prise d'une urgence impérieuse, celle de diminuer la tension incroyable qui nous enserre depuis le début de cette discussion.

— Tu as raison, je suis simplement jaloux de son sort.

Sa déclaration, crue et sans fioriture, m'assèche la bouche.

Si je suis toujours incertaine quant au sérieux de ses paroles, je suis convaincue que je désire cet homme de tout mon être. Pas juste parce qu'il est séduisant, et pas vraiment parce qu'il représente le danger et l'insaisissable. Je veux Alaster au complet. Le bon comme le mauvais.

Mon intérêt dans cette histoire tient sa source de la complexité du personnage. D'une grande part de curiosité, mais aussi du désir de tirer le meilleur parti de ma situation. Alaster est séduisant et intelligent; il est, même s'il s'évertue à le nier, le meilleur du côté obscur, j'en suis certaine. Il tente de sauver des vies malgré ses obligations meurtrières : Tom, par exemple. Il semble avoir mûrement réfléchi à une relation sérieuse entre nous, même si j'ai l'impression que ce qu'il m'offre est trop beau pour être vrai.

J'attends le revers magistral, l'arnaque qui se profile. Et je sais que l'entourloupe n'est pas loin.

Pour le moment toutefois, j'ai la chance, non pas de me donner à lui, mais de le prendre à ma guise. De vivre dans la réalité ce que mes rêves me font miroiter depuis notre rencontre. Je doute qu'il m'offre souvent une telle soumission... alors autant y aller à fond.

— Les mains sur les yeux, et pas un mot, ordonné-je.

Dans son haussement de sourcils, je vois qu'il est à la fois agréablement surpris et perplexe. Je décide de répondre à son interrogation, quitte à ce qu'il sente le désir alourdir ma voix.

— Monsieur Oreiller n'a pas le luxe de tâter autre chose que ce que je désire qu'il tâte... et il ne parle pas. Alors pour la première explosion, tu devras te contenter de la bande-son.

Une évidente satisfaction se peint sur son beau visage. Il me lâche les flancs et lève les bras de façon théâtrale et exagérément lente pour recouvrir la partie supérieure de sa tête à l'aide de ses avants-bras, ne laissant visibles que sa bouche charnue et la pointe de son nez droit. Le mouvement étire son buste, contracte ses muscles, faisant ressortir la moindre crevasse et la moindre aspérité.

Je frémis d'impatience à l'idée de parcourir sa peau veloutée de ma langue.

À commencer par ses lèvres, dont je n'ai que trop peu profité.

Je me penche sur elles pour les conquérir, les goûter, les savourer, leur tirant un grognement quand mes dents s'y enfoncent avec sensualité. Je les fais taire du bout de l'index, et la réponse primitive qui en surgit m'allume encore plus : Alaster me désire déjà; il est impatient de passer à la vitesse supérieure, c'est évident. Doté d'une vie propre, le long bâton de chair turgescent dans son caleçon tressaute contre mon intimité.

Le fauve écarlateOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz