Chapitre 35 - Désirée

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— Avant d'aller plus loin, je veux savoir clairement ce qui m'attend chez le Chuchoteur... et ce n'est pas la question qui est associée à la perte de mon foulard, Alaster.

Je me retourne pour faire face à mon interlocuteur plutôt que de parler à son reflet. C'était peut-être une erreur. L'homme est toujours aussi séduisant, et sa main, prête à passer au prochain morceau de vêtement, m'effleure la clavicule. Je couvre de la main l'endroit en question et recule d'un pas, brûlée par ce contact imprévu.

— J'adore cette façon que tu as de te braquer quand tu te sens menacée.

— Je déteste cette façon que tu as de te défiler quand tu fais face à des questions, répliqué-je du tac-o-tac.

Sans relever ma réponse, il sourit. Les coins de sa bouche ne semblent toutefois pas aussi enthousiastes que d'habitude; le trait qu'ils forment ainsi semble un peu raide.

— C'est la meilleure façon que j'ai trouvée de ne pas mentir... ni dire la vérité.

Je pressens le pire, mais j'inspire un bon coup. Si je dois entamer une relation avec cet homme, aussi bien m'y faire tout de suite. Ce ne sera pas joli tous les jours.

— Je veux la froide vérité, Alaster. Où est-ce que je m'en vais, et pour faire quoi? Pourquoi est-ce que Tom avait l'air terrorisé par le Chuchoteur?

— Parce que ce dont nous ignorons tout est terrifiant. Je ne peux donc pas te dire où tu t'en vas, et tu ne le sauras même pas une fois sur place. La terreur fait partie du processus. Maximilien y veillera.

À la mention de son second, un frisson me lèche l'échine. J'ai l'impression qu'Alaster se souvient un peu trop bien de ma ridicule boutade de l'autre jour quant à mon prétendu sentiment de sécurité. Pourquoi ai-je aussi l'impression que je vais m'en mordre les doigts très bientôt?

— D'ailleurs, pour la même raison, je ne peux pas te dire ce qui t'attend une fois là-bas. Sache simplement que cette épreuve te permettra d'assurer la sécurité de ta famille... et de Tom. Ses problèmes prendront fin ce soir, grâce à toi.

Je déglutis, et mon regard vagabonde malgré moi sur la peau nue sous mes yeux. Lorsque j'inspecte son visage, ses traits sont sérieux... pourtant un doute subsiste dans mon esprit.

— Comment puis-je être certaine que tu dis la vérité?

— À quel propos? demande-t-il en s'attaquant à ma veste.

Celle-ci n'a que quelques boutons, qu'il aura tôt fait de détacher, alors je me recule une nouvelle fois pour répondre. Je ne compte pas perdre une question alors que la sienne n'est certainement pas une réponse adéquate! Surtout que ce n'était pas une question personnelle, à mon sens...

— Tous propos confondus, voyons! Comment t'attends-tu à ce que je te fasse confiance alors que depuis le début tu t'évertues à me dissimuler des renseignements, à tordre la vérité et à me mentir? Tu crois que c'est là le fondement d'une relation conjugale saine reposant sur la confiance?

Hormis un sourcil qui met en doute mes paroles, l'entièreté de son visage demeure d'une neutralité affligeante. Je déteste aussi cette capacité qu'il a de cacher ce qu'il ressent.

— Je ne t'ai jamais menti, Lyvie. J'ai dissimulé des renseignements, certes, tordu la vérité, quelques fois, oui, mais menti? Jamais. Je suis conscient que la confiance n'est fondée que sur un raisonnement logique lié à des actes ou à des paroles passées, alors je pèse toujours mes mots avec soin. Ceux que je prononce, je les pense. Les gestes que je pose sont calculés en fonction de leurs répercussions... et du risque éventuel qu'ils représentent.

Le fauve écarlateWhere stories live. Discover now