Chapitre 12

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Aidan se recroquevilla en entendant des coups frappés à la porte. Qui cela pouvait-il être ?

— Aidan, ouvre, c'est moi.

Clayton ! Rassuré de reconnaître la voix de son ami, il se leva pour tirer le verrou. L'assassin entra soutenu par le rouquin qui était venu le chercher un peu plus tôt.

— Par tous les dieux, Clayton ! Que s'est-il passé ? s'exclama-t-il en découvrant son dos ravagé.

— C'est ce qui arrive quand on ne respecte pas les règles, lâcha la deuxième ombre en aidant son collègue à s'allonger sur sa paillasse. J'espère que vous en valez la peine, votre Altesse.

— Va-t'en, Edwane, je crois que tu en as assez fait.

— Comme tu voudras, Callum. Mais n'oublie pas ce que je t'ai dit : tu ne peux pas compter uniquement sur toi même. Je pourrais être l'ami dont tu as si cruellement besoin.

Callum grogna quelque chose d'incompréhensible et le jeune homme s'éloigna. Avant de sortir, il marqua un arrêt devant Aidan.

— Prenez bien soin de lui, lui murmura-t-il à l'oreille.

Il plongea ensuite dans une révérence exagérée, un petit sourire moqueur au coin des lèvres.

— Votre Altesse, je vous donne mon congé, le salua-t-il avant de quitter la pièce.

Aidan s'empressa de fermer le verrou derrière lui. Il resta un bref instant appuyé contre le panneau en bois, le temps de se préparer au spectacle des blessures de Clayton. Les ongles enfoncés dans la paume des mains pour empêcher les larmes de couler à la vue de l'état dans lequel se trouvait son ami, il prit une grande inspiration et se retourna. Couché sur le ventre, l'assassin semblait à peine conscient. Des entailles de profondeurs variables s'entrecroisaient sur son dos et ses épaules dans un motif sanglant. Aidan approcha, le cœur au bord des lèvres. Jamais il n'avait assisté à un acte d'une telle barbarie.

Malgré sa volonté de ne pas pleurer, il sentit une goutte perler au coin de son œil pour descendre sur sa joue. Clayton avait été battu par sa faute, parce qu'il avait dû venir à sa rescousse, comme cette autre fois où il avait affronté Aymeric et fini couvert de bleus. Les années étaient passées, mais rien ne changeait. Aidan était toujours aussi faible et inutile. Même là, alors qu'il ne s'agissait pas de combattre, il restait les bras ballants, terrifié à l'idée de mal faire. Il connaissait pourtant la marche à suivre. Il avait lu des traités de médecine, avait assisté aux soins que les palefreniers prodiguaient aux chevaux martyrisés par des maîtres brutaux. Il savait qu'il devait nettoyer les plaies pour éviter un empoisonnement du sang et peut-être même recoudre les entailles les plus profondes. Il lui faudrait également appliquer du baume cicatrisant s'il voulait que son ami guérisse correctement et ne garde aucune séquelle. Mais où trouver le matériel nécessaire. Au palais, il lui aurait suffi d'appeler Alberic, le médecin royal, mais ici...

Un coup discret à la porte, presque un grattement, le tira de sa séance d'apitoiement.

— Va ouvrir, lui ordonna Clayton, qui, finalement, n'avait pas perdu conscience.

— Mais...

Et si la personne avait de mauvaises intentions. Clayton n'était pas en état de se battre, et lui, ne se sentait pas capable de défendre son ami blessé.

— Je t'ai dit d'aller ouvrir, grogna Clayton.

Le regard d'Aidan se posa sur l'arme qu'avait abandonnée Clayton quand les deux hommes étaient venus le chercher. Cela ne lui servirait pas à grand-chose contre une ombre, mais c'était déjà mieux que rien, se dit-il en la ramassant. Les doigts crispés sur le manche du couteau et le cœur battant la chamade, il tira le verrou. Et resta figé de surprise.

Le prince et l'assassin - tome 1 : les rats [ a l'arrêt]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant