Chapitre 9 - Partie 2

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WARNING : Contenu susceptible de choquer les plus jeunes

Aidan se réveilla le cœur lourd, les images de son rêve encore bien présentes dans son esprit. Clayton lui manquait, sa gentillesse, son sourire, cette impression que, tant qu'il serait à ses côtés, rien de grave ne pourrait lui arriver. Après la mort de sa mère, le jeune Bellamont était devenu tout son univers, son rocher au milieu de cet océan de tristesse et de brimade. En se sauvant, il avait arraché un bout du cœur du prince, mais celui-ci n'avait jamais douté qu'il reviendrait et, qu'un jour, il ne formerait à nouveau plus qu'un. Et puis Callum était apparu, cet autre qui ressemblait tant à son ami tout en étant tellement différent.

Plongé dans les souvenirs d'une époque révolue, Aidan n'entendit pas les bruits de pas qui résonnaient dans le couloir. Il sursauta donc quand la porte s'ouvrit dans un grincement métallique, et son cœur se mit à battre plus vite. Les dieux avaient-ils reçu sa prière muette ? Avaient-ils fait en sorte que Clayton aussi se rappelle ce fameux jour et de ce qu'il lui avait promis ? Il se leva, après avoir essuyé ses larmes, s'avança vers la silhouette qui demeurait dans l'obscurité.

— Clayton. Je suis désolé, je n'aurais pas dû...

L'homme fit un pas en avant et Aidan s'interrompit, figé de stupeur. Car si l'individu était bien vêtu de noir, il ne s'agissait aucunement de Clayton. Leurs regards se croisèrent et le prince recula, terrorisé par ces iris bicolores qui hantaient ses cauchemars depuis des années, ces mêmes iris qu'avait contemplés Derik au moment de mourir.

— Bonjour petit prince, tu me reconnais ? Je voulais te rendre visite plus tôt, mais j'ai eu quelques difficultés à me procurer ceci, dit-il en agitant un trousseau de clés devant lui. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur.

Le tintement des clés glaça le sang d'Aidan. Il refusait de croire que Callum l'ait donné de son plein gré à ce sadique. Non, l'Ombre avait dû lui prendre. Une vision de son ami, baignant dans une mare de sang, la gorge tranchée, s'imposa à lui.

— Clayton, murmura-t-il.

— Clayton ? Ah oui, c'est le petit nom que tu donnes à Callum. Non, ce n'est pas lui qui m'a donné les clés. Callum ne prête jamais ses affaires, mais, tant pis, je me passerais de sa permission.

Aidan passa ses options en revue. La cellule était étroite et le tueur lui barrait le passage, rendant toute fuite impossible. Quant à se battre, inutile d'y penser. Il ne ferait jamais le poids contre une Ombre.

L'homme sourit et s'avança jusqu'à se retrouver à quelques centimètres d'Aidan. Ce dernier s'efforça de garder la tête haute, malgré la peur qui lui tordait les entrailles.

— Supplie-moi, petit prince, et peut-être que je serais gentil avec toi, lui susurra l'assassin à l'oreille.

Aidan sortit alors la dernière arme qui lui restait.

— Si vous me touchez, Callum vous tuera, dit-il en essayant de maîtriser les tremblements de sa voix.

L'agresseur éclata de rire, anéantissant ainsi les dernières bribes d'espoir du prince.

— Il sera furieux, oui, mais il ne me tuera pas. Il n'en a pas le droit. Nos règles sont claires : tout problème entre ombres doit se régler devant notre roi, et Silus n'autorisera personne à me faire du mal, surtout pas pour venger ton honneur, petit prince. De toute façon, Silus finira par ordonner ton exécution, ce n'est qu'une question de temps. Et ce jour-là, ton cher Callum ne lèvera pas le petit doigt pour te sauver, il se pliera à la volonté de son maître, comme un gentil toutou. Alors maintenant à genoux, petit prince.

Comme Aidan, figé de stupeur, n'obéissait pas, l'autre lui balança un violent coup à l'estomac et le prince se plia en deux de douleur. La brute en profita pour le saisir par la nuque, le forçant à s'agenouiller, le torse penché vers le sol.

— Les choses seraient plus simples si tu acceptais d'y mettre un peu du tien, grogna le tueur.

À ce moment-là, Aidan comprit ce qui risquait de lui arriver. Cela lui fit l'effet d'une gifle qui le sortit de sa torpeur. Il se débattit, mais l'autre resserra sa poigne, l'étranglant presque. Sa vision se brouilla sans qu'il sache si c'était dû au manque d'oxygène ou aux larmes d'impuissance que provoquait son incapacité à se défendre.

D'une main, son agresseur dénoua la corde qui lui servait de ceinture, dévoilant son appareil reproducteur.

— Je te conseille d'y mettre un peu de salive si tu veux que ça passe plus facilement, dit-il en agitant son machin sous le nez d'Aidan.

L'odeur, aigre, qui s'en dégageait retourna l'estomac du prince qui fut pris de haut-le-cœur. L'assassin ne sembla pas s'en formaliser.

— Non ? demanda-t-il une dernière fois. Comme tu veux, petit prince.

Sur ces mots, il souleva Aidan par le cou comme il l'aurait fait avec un chiot récalcitrant et le plaqua contre le mur, le visage collé à la pierre humide.

— N'hésite pas à crier, ça m'excite encore plus, lui murmura-t-il à l'oreille avant de lui baisser le pantalon.

Aidan ferma les yeux le plus fort qu'il put, comme si cela allait faire disparaître tout ce qui l'entourait. Au lieu de ça, cela eut pour principal effet d'accentuer sa perception de l'agresseur dans son dos, l'odeur de sa sueur, sa respiration de plus en plus rauque à chaque seconde, le bruit spongieux qui s'échappe de son engin qu'il masturbait fiévreusement.

Soudain, une voix s'éleva, irréelle, providentielle, salvatrice.

— Lâche-le immédiatement, Marcurio !

Clayton ! Il avait tenu sa promesse. Il était là pour le sauver !

Le prince et l'assassin - tome 1 : les rats [ a l'arrêt]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant