Le prince et l'assassin - tome 1 : les rats [ a l'arrêt]

Chapitre 27

La petite troupe gagna la bibliothèque royale sans encombre. Callum songea à Aidan. Cette pièce où peu de gens mettaient les pieds avait été leur refuge, comme si les milliers de livres qui prenaient la poussière sur les étagères pouvaient les protéger du monde extérieur, ce monde qui terrifiait le prince au point de l'empêcher de dormir la nuit. Il l'imagina seul et effrayé dans son cachot obscur, ou, pire aux mains de Silus et il s'en voulut de lui avoir imposé pareille épreuve. Enfant, il lui avait promis qu'il ne laisserait jamais rien lui arriver. Il avait échoué sur toute la ligne.

— Alors, où est le passage ? demanda le sergent sur ce ton suspicieux qui ne l'avait pas quitté.

Callum ne releva pas et se contenta de se diriger vers la partie consacrée aux ouvrages les plus anciens. L'homme le suivit en prenant bien soin de s'interposer entre lui et le roi. Précaution bien inutile. Si l'assassin décidait d'en finir avec son ennemi, aucun des soldats présents ne serait en mesure de l'en empêcher.

Il s'arrêta devant la statue d'Omhet, le dieu de la connaissance. Le vieillard céleste tenait un parchemin dans une main et une plume dans l'autre. Callum se pencha et tourna la bague de pierre qu'il portait à l'annulaire droit. L'étagère à leur gauche recula en soulevant un nuage de poussière, dévoilant un étroit escalier qui descendait dans les entrailles du palais.

— Aidan ne m'a jamais révélé l'existence de ce passage, murmura le roi.

— C'était notre secret. Nous nous étions promis solennellement de n'en parler à personne, rétorqua Callum d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait voulu.

Se trouver en ces lieux éveillait en lui des sentiments et des souvenirs depuis bien longtemps enfouis. Et la présence à ses côtés du Roi, cet homme qu'il s'était juré de tué n'arrangeait rien à son trouble.

­— Maintenant, allons-y. Les Islaodiens peuvent débarquer d'une minute à l'autre.

— Je passe le premier, dit le sergent en avançant d'un pas.

— Encore peur qu'il s'agisse d'un piège, le nargua Edwane.

L'officier lui jeta un regard noir avant de poursuivre :

— Lywel, Gaspar avec moi. Les autres, veillaient à ce que personne ne nous suive. Et garder un œil sur ces deux-là, je ne leur fais pas confiance, et ce malgré tout le respect que je vous dois, Votre Majesté.

— Eh, mec, je te signale que c'est ton patron qui a essayé de buter le roi.

— Ca suffit, les coupa le roi. Sergent, je vous remercie du zèle que vous mettez à protéger ma vie, mais ces deux hommes sont nos alliés. Nous avons assez à craindre des ennemis et des traitres qui ont envahi mon palais sans nous battre entre nous.

— Comme vous voudrez Votre Majesté, céda le militaire même si, de toute évidence, cette décision lui coûtait.

Il disparut dans le passage, suivit de près par deux de ses hommes.

— Après vous, Votre Majesté, dit Edwane en esquivant une révérence moqueuse à l'attention du souverain.

Mais au lieu de descendre à son tour, Arzhel se tourna vers Callum.

— Toutes ses années, je me suis demandé ce que tu étais devenu. Tu étais comme un second fils pour moi, Clayton.

— Ce n'est peut-être pas le moment idéal pour régler vos vieilles affaires, intervint Edwane. Vous aurez tous le temps de discuter de ça plus tard, quand nous serons à l'abri.

— Edwane a raison. Les excuses peuvent attendre, renchérit Callum en attrapant le bras du roi pour le forcer à avancer. De toute façon, rien de ce que vous pourrez dire n'effacera ce que vous avez fait. Vous avez tué mon père.