Chapitre 17

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Lupius Macrina avançait d'un bon pas, sans se douter que deux ombres l'observaient depuis les toits. Fait plutôt inhabituel, il se promenait seul et non accompagné d'une dizaine de gardes comme c'était le cas quand il se rendait sur les quais. En même temps, ici, dans la ville haute, on se sentait en sécurité. Les rues étaient larges et éclairées, les hommes du guet patrouillaient régulièrement et les habitations aux volets fermés abritaient d'autres citoyens honnêtes, déjà probablement endormis à cette heure tardive. Pourtant, il semblait nerveux, ne cessant de se retourner comme s'il craignait que quelqu'un le suive.

— Je n'arrive pas à croire que Silus nous ait envoyé tous les deux pour éliminer ce type. Regarde-le, un enfant serait plus difficile à tuer, murmura Edwane.

Callum jeta un regard noir à son camarade. Une telle nonchalance était indigne d'une ombre. Voilà pourquoi il préférait bosser en solo.

— Il ne me fait plus confiance, commenta-t-il tout de même sans quitter leur cible des yeux.

Celle-ci s'arrêta devant l'entrée d'une demeure dont l'assassin savait qu'il ne s'agissait pas de la sienne. Les maisons de ce quartier appartenaient toutes à la petite noblesse. Que venait faire un roturier, tout onarachi soit-il, par ici ?

La porte s'ouvrit sur une vieille dame, une domestique si Callum se fiait à sa chemise de nuit défraîchie. Elle tenait une lanterne à la main dont la lumière vacillante se mêlait à celle de l'unique lampadaire qui éclairait la rue. Elle échangea quelques mots avec Lupius, trop bas pour que les deux tueurs les entendent depuis leur perchoir, avant de se décaler pour le laisser entrer.

Derrière Callum, Edwane s'étira comme s'il se réveillait d'une longue sieste.

— Au boulot.

— Il vaudrait mieux attendre qu'il ressorte, hésita Callum.

Il n'aimait pas s'aventurer en terrain inconnu. Une mauvaise préparation entraînait presque toujours des victimes collatérales.

— Si jamais il ressort. Si ça se trouve, c'est à sa maîtresse qu'il rend visite et nous ne le reverrons pas de sitôt. Dois-je te rappeler que Silus a exigé que le boulot soit terminé avant l'aube ? Et puis, tu ne veux pas savoir avec qui il a rendez-vous ?

Pour toute réponse, Callum grogna. Edwane commençait à l'agacer à avoir raison. Bien entendu qu'il voulait savoir. L'empressement de Silus à vouloir voir ce type mort avait éveillé sa curiosité. Oh, bien sûr, Lupius mettait un peu trop de zèle dans sa tâche de responsable des douanes ce qui représentait une épine dans le pied du roi des rats. Ce n'était donc pas si étonnant qu'il souhaite s'en débarrasser. Mais pourquoi imposer que l'assassinat ait lieu cette nuit ? Quelques mois plus tôt, Callum aurait tout simplement posé la question à son maître, mais, comme il l'avait dit à Edwane, il sentait bien que celui-ci ne lui faisait plus confiance. Il avait l'impression d'être mis à l'écart et cela l'inquiétait beaucoup. C'était sans doute pour ça qu'il avait accepté cette idée de filature quand le rouquin le lui avait proposé alors que son côté prudent lui préconisait de saisir la première occasion qui se présentait. Il voulait comprendre ce qui se passait et le comportement suspect du bonhomme avait fini à le décider.

Il se pencha pour vérifier que la voie était libre avant d'entreprendre la descente. Quelques secondes plus tard, il atterrit avec souplesse dans la rue déserte. Edwane le rejoignit et, ensemble, ils observèrent l'habitation devant eux. Il s'agissait d'une austère bâtisse en pierre, bien loin de l'extravagance des nouvelles constructions qui fleurissaient un peu partout dans la ville haute. Elle était également plus petite que ses voisines. Les fenêtres du rez-de-chaussée étaient équipées de barreaux, pas celle du premier. Son propriétaire ne craignait donc pas outre mesure les voleurs. Probablement un baron ou un banneret, issus d'une famille désargentée, mais assez ancienne pour obtenir une charge à la cour. Aidan aurait sans doute été capable d'identifier le blason — deux clefs entrelacées — qui figurait sur la porte, mais Callum, lui, n'avait jamais été doué à ce genre d'exercice.

Le prince et l'assassin - tome 1 : les rats [ a l'arrêt]Where stories live. Discover now