Le prince et l'assassin - tome 1 : les rats [ a l'arrêt]

Chapitre 22

Après avoir enfermé le prince dans un cachot, Callum se dirigea vers sa chambre. Il avançait dans un état second, sans se soucier, encore sous le choc des émotions qu'il venait de ressentir. Dans cette tempête qui l'habitait, une unique idée parvenait à émerger : Fleur-de-Lune était là quelque part, toute seule et probablement effrayée. Il connaissait suffisamment la petite pour savoir qu'elle n'aurait jamais laissé Aidan vagabonder dans le repaire sans l'accompagner. Il la soupçonnait fort également d'avoir conduit le jeune homme jusqu'à la sortie, même si un acte aussi idiot le surprenait beaucoup de la part de la fillette. Après tout, malgré son étonnante maturité, elle restait une enfant, faible et influençable. Tout était sa faute à lui, il aurait dû faire plus attention, trouver quelqu'un digne de confiance pour surveiller Aidan... mais cette dernière catégorie se faisait plutôt rare chez les rats. À part Edwane, il ne connaissait pas vraiment les gens qui l'entouraient. À la réflexion, il ne savait pratiquement rien non plus du rouquin. Non, il fallait qu'il se rende à l'évidence : à ne vouloir se lier avec personne, à se méfier de tout le monde, il était tout seul. Désespérément seul.

Il entra dans la petite pièce qu'il avait partagée avec Aidan pendant deux semaines et l'absence du prince le frappa. Il le voyait encore assis en tailleur, un livre sur les genoux, s'attendait presque à qu'un léger sourire apparaisse sur son visage comme à chaque fois qu'il se rendait compte que l'assassin l'observait... Il se força à chasser ces souvenirs parasites et s'approcha de la fillette recroquevillée dans un coin. Quand il s'accroupit devant elle, elle releva la tête, dévoilant ses joues inondées de larmes. Il ouvrit les bras et elle s'y jeta. Il la serra contre lui, soulagé de la retrouver saine et sauve. Sans vraiment s'en rendre compte, il s'était pris d'affection pour cette adorable orpheline au point de la considérer comme un membre de sa famille.

Fleur-de-Lune se tortilla pour se dégager de son étreinte. Elle commença à signer si vite que Callum ne parvint à saisir que quelques mots « Sortir » « Attraper » « danger » « Aider ». Il s'agenouilla face à la fillette et lui attrapa les poignets pour la réduire au silence. Il l'attira à nouveau contre lui, pressant son petit corps frémissant contre son cœur. Celle-ci hoquetait, en proie à la panique. Il la berça doucement dans l'espoir de la calmer.

— Je sais. Je l'ai retrouvé. Ne t'inquiète pas. Il est en sécurité. Du moins... autant qu'il puisse être, rectifia-t-il, incapable de mentir à l'enfant.

Ces mots semblèrent apaiser Fleur-de-Lune qui cessa progressivement de trembler. Ils restèrent un moment blottis l'un contre l'autre, puis Callum la souleva dans ses bras.

— Tu ne peux pas rester ici. Ce n'est pas un endroit pour une enfant. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt. Je suis désolé, Fleur-de-Lune, je me suis montré égoïste.

La fillette s'agita, visiblement en désaccord avec cette affirmation, mais Callum ne lui laissa pas le loisir d'exprimer son opinion. Serrant son précieux fardeau contre lui, il prit la direction de la sortie.

Arrivé à destination, il se retrouva face à Abnur et Ignus qui étaient revenus à leur poste. Leurs regards se croisèrent et les deux brutes baissèrent les yeux.

— Désolé, Callum, déclara Abnur — ou peut-être était-ce Ignus — , on n'a pas eu d'autre choix que de l'emmener devant Silus.

— Attend-moi une minute, tu veux bien ? Dis Callum en posant Fleur-de-Lune sur le sol.

Puis sans attendre sa réponse, il poussa violemment le cogneur contre le mur. Celui-ci faisait bien deux têtes et une bonne trentaine de kilos de plus que Callum, et pourtant, une expression de frayeur se dessina sur son visage quand la dague de l'assassin se retrouva contre sa gorge. Il leva les mains en signe de reddition tandis qu'à côté de lui, son frère faisait de même.