Chapitre 20 - Partie 1

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— Clay... Callum, s'il te plaît, lâche-moi.

Callum entendait la peur qui faisait trembler la voix du prince. Il lisait la panique dans son regard, mais il ne parvenait pas à l'intégrer. Au contraire, elle l'excitait. De le voir ainsi, vulnérable, à sa merci, gémissant et suppliant, ses mèches blondes, trempées de sueur, lui collant au front, sa chemise, ouverte pendant leur combat, dévoilant sa peau blanche, étouffait toute pensée raisonnable. Ses lèvres, si proches, semblaient appeler les siennes... Il s'apprêtait à succomber à la tentation quand quelque chose ou plutôt quelqu'un se jeta sur lui, le martelant de ses petits poings. Fleur-de-Lune ! Il reprit brusquement conscience de la réalité. Qu'est-ce qu'il était en train de faire ?

Il lâcha Aidan et recula vivement comme s'il venait de se brûler. Il se retrouva alors face à Fleur-de-Lune qui le dévisageait avec un mélange de colère, de peur, d'incompréhension, mais plus que tout le reste, ce fut la déception qui se lisait sur son visage d'enfant qui blessa Callum. La fillette lui lança un dernier regard avant de lui tourner le dos pour se précipiter vers Aidan. Elle se blottit contre lui, encerclant son torse de ses petits bras.

— Je... Commença Callum, mais Aidan leva vers lui ses grands yeux humides et les mots se bloquèrent dans sa gorge.

« ... suis désolé » continua-t-il dans sa tête.

Il avait voulu rendre Aidan plus fort, le pousser dans ses ultimes retranchements. Cela avait fonctionné jusqu'à ce qu'il perde le contrôle de la situation et gâche tout en quelques secondes. Peut-être valait-il mieux qu'il reste loin d'Aidan, pour le bien de celui-ci ? Il devait garder à l'esprit qu'il n'était pas Clayton, mais Callum. Callum qui avait juré devant le cadavre décapité de son père de tuer le roi. Quels que soient ses sentiments, cela ne changerait ni le passé ni l'avenir. Arzhel I mourrait pour ses crimes et Aidan le haïrait pour ça. Il n'y avait pas d'autre fin possible à cette histoire. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était de protéger le prince... dans la mesure de ses moyens.

— L'entraînement est fini pour aujourd'hui, dit-il d'un ton plus rude qu'il ne l'aurait voulu. Viens, je vais te raccompagner jusqu'à la chambre.

Il se retourna ensuite sans un regard pour le duo.

Dans sa précipitation à quitter les lieux, il faillit percuter Edwane qui rentrait à ce moment-là.

— Ah, Callum, je te cherchais justement. Silus veut nous voir.

L'attention du rouquin se porta alors sur Aidan et Fleur-de-Lune.

— Oh, mais je vois que tu n'étais pas seul. Votre Altesse, c'est toujours un plaisir de vous voir, dit-il en esquissant une légère révérence. J'espère que ce gros ours mal léché de Callum vous traite correctement.

— Ce ne sont pas tes affaires, Edwane, le rabroua Callum en poussant son collègue vers la sortie. Dis à Silus que j'arrive. Je raccompagne « Son Altesse » et je vous rejoins.

— Si ça ne te dérange pas, je vous accompagne. Silus m'a spécifiquement demandé de te ramener et je n'ai pas la moindre envie de me présenter à lui les mains vides. Tu sais tout comme moi que la patience ne fait pas vraiment partie de ses qualités. Tu m'excuseras, mais je préfère autant que sa mauvaise humeur retombe sur toi plutôt que sur moi.

— Si tu y tiens.

Le trajet du retour se passa dans le silence. Edwane avançait en tête, sifflotant une chanson que son collègue ne reconnut pas. Venaient ensuite Aidan et de Fleur-de-Lune qui se tenaient la main. Callum clôturait le convoi, le visage sombre et fermé.

Il était presque arrivé quand ils croisèrent un groupe de soldats Islaodians. Ils parlaient fort comme s'il était déjà en territoire conquis. Callum pesta en voyant Aidan se figer. Il ne manquait plus que ça...

— Clayton. Qu'est-ce que...

— Avance, grogna-t-il en poussant Aidan dans le dos.

— Mais...

— J'ai dit : avance.

Le ton menaçant de sa voix eut raison de la résistance du prince qui reprit sa route, tête basse. Il valut aussi à Callum un nouveau regard noir de la part de Fleur-de-Lune qui avait visiblement décidé de se faire la défenseuse d'Aidan.

— Ferme bien derrière toi. Et surtout, n'ouvre à personne, ordonna Callum quand ils arrivèrent à destination.

Aidan ne se donna pas la peine de lui répondre. Il entra dans la chambre sans un regard pour l'assassin. Ce fut Fleur-de-Lune qui ferma la porte. Callum ne partit pas avant de l'entendre mettre le verrou. Quand il se retourna, il se retrouva face à Edwane qui l'observait d'un air moqueur.

— Quoi ?!

— Rien. Je trouve que vous formez une mignonne petite famille.

Callum prit la direction de la salle du trône, dans l'espoir que, s'il l'ignorait, Edwane finirait par se terre. C'était bien mal le connaître.

— En revanche, je pense que tu devrais arrêter de traiter le prince comme s'il s'agissait d'un enfant, poursuivit le rouquin en lui emboîtant le pas. Ce n'est pas comme ça qu'on construit une relation solide. En même temps, tu me diras, vous partez sur des bases plutôt fragiles. Il sait que tu t'apprêtes à tuer son père ?

C'en fut trop pour Callum. Il attrapa Edwane par le col de sa chemise pour le plaquer contre le mur.

— Ne parle plus jamais d'Aidan, c'est compris !

— Ouais, pas de soucis. J'ai compris. Le prince = sujet interdit, dit Edwane en levant les mains en signe de reddition. Tu peux me lâcher, maintenant ? À moins que tu veuilles faire attendre Silus plus que nécessaire.

Et voilà, un petit bout de chapitre pour me faire pardonner la fin du précédent.

A bientôt,

Abigaël


Le prince et l'assassin - tome 1 : les rats [ a l'arrêt]Where stories live. Discover now