☀︎︎ CHAPITRE 1 ☀︎︎

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Assise sur son lit, Lyah repensait à tous les efforts qu'elle avait fournis pour en arriver là. C'était ahurissant.

Sa vie n'était que souffrance. Fuir un oncle qui voulait la trucider à cause de son propre héritage, pour ensuite se retrouver dans un pays où certaines personnes ne manquaient pas de lui montrer qu'elle n'était pas des leurs. Mais il n'y avait pas que ça.

Désormais, elle devait se battre contre une femme qui ne cessait de lui faire des remarques sur sa couleur de peau. Il fallait croire que la vie s'acharnait à lui faire mordre la poussière. Et, pourtant, elle n'avait rien demandé. Tout ce qu'elle désirait, c'était de mener une vie tranquille, loin du stress et des problèmes. Mais elle avait eu droit à l'inverse.

Toutefois, en cinq ans, son existence n'avait pas seulement été amère dans ce pays. Il y avait eu des bons côtés, comme ces quelques personnes qui l'admiraient, qui l'aimaient, et c'est justement ce qui lui donnait la force de surmonter les calomnies de cette femme.

Mais si jamais elle voulait parvenir à dire adieu aux injures de cette dernière, il lui fallait la vaincre. Et Lyah n'était pas rassurée à cette idée.

— Lyah, tu n'es pas encore prête ? l'interpella son amie.

Nouria s'était rapprochée de Lyah dès son arrivée dans ce pays. Elles s'étaient rencontrées devant un supermarché dans lequel la jeune amie avait du mal à charger ses affaires dans sa voiture. C'est ainsi que Lyah lui proposa son aide, puis au fil des temps, une amitié avait fini par naître entre elles. Un lien si solide que rien ni personne ne pouvait les séparer.

Nouria avait toujours été là pour elle. Pour Lyah, elle représentait un pilier. C'était cette épaule sur laquelle la jeune fille pouvait pleurer dans les moments de faiblesse.
Mais ce qu'elle n'avait jamais compris, c'était les disparitions et les réapparitions si soudaines de son amie. Et lorsqu'elle lui demandait des explications, elle ne recevait que des histoires qu'elle ne comprenait jamais.

— Non, et à vrai dire, j'ai peur, répondit-elle.

— Je te comprends.

Nouria balança sa longue chevelure brune sur son épaule et s'assit aux côtés de sa meilleure amie. Elle envisageait de la rassurer :

— Je peux imaginer la peur et l'angoisse que tu ressens. Mais pense à tout ce qui pourrait changer pour toi si jamais tu arrivais à remettre cette femme à sa place. Il faut que tu le fasses.

Lyah n'était plus sûre. Elle en arrivait même jusqu'à se demander s'il était vraiment impérial pour elle de mener ce combat. Après tout, Lima, son ennemie, était dans son pays. C'était une citoyenne de ces terres, contrairement à elle qui n'était qu'une simple étrangère. Lima avait peut-être tous les droits de la traiter comme elle voulait.

Devant l'air confus de son amie, Nouria tenta de la convaincre à nouveau.

— Lyah, je suis avec toi. Et tout le monde, d'ailleurs. Seule cette Lima ne t'aime pas.

— Raison de plus pour ne pas mener ce combat, détonna-t-elle en se dirigeant vers la fenêtre.

— Et moi je veux que tu le fasses.

D'un coup, la demoiselle pivota sur ses talons pour faire face à son amie qu'elle avait laissée avachie sur son lit. Lorsqu'elle planta ses yeux dans les siens, elle pu lire toute la fureur que contenait le regard de la brune. Cela la fit frissonner.

Brutalement, elle en vint à s'imaginer ce qui se passerait si jamais elle gagnait ce combat. Peut-être pourrait-elle avoir la vie dont elle rêvait tout ce temps. Loin des calomnies et de la haine que lui livrait Lima. Loin de la méchanceté gratuite de cette dernière et loin de ces regards haineux qu'elle recevait à chaque fois qu'elles se croisaient.

Mais il y avait encore un petit doute qui lui triturait l'esprit.

— Mais...

Nouria l'interrompit.

— Il n'y a pas de mais, Lyah ! Ce combat changera ta vie, crois-moi. En plus, tu sais manier plusieurs armes. Je te l'ai appris, donc ne viens pas me dire que tu ne sais pas le faire parce que je sais que c'est ce que tu t'apprêtais à faire !

Son amie était en colère, chose qui arrivait rarement. Lyah n'arrivait pas à comprendre pourquoi son amie était autant énervée, mais la rage de Nouria était bien fondée.

Elle avait été témoin de toutes les atrocités que faisait vivre Lima à son amie. À chaque fois que Lyah se faisait humilier sur la place du marché devant tout le monde, c'est dans ses bras qu'elle allait pleurer. Et quand Lima lui lançait son venin au visage à travers des injures sur sa couleur de peau, elle était là. Elle consolait son amie et emmagasinait toute sa haine à l'égard de cette bonne vieille dame, attendant patiemment le moment où elle arriverait à lui faire ravaler sa méchanceté.

Mais ce n'était pas à elle de le faire. Ce combat n'était pas le sien. Néanmoins, elle n'arrivait pas à convaincre Lyah que cette confrontation lui serait la clé du bonheur. De la liberté. Voilà pourquoi elle était énervée.

— Calme toi, Nouria, tenta Lyah. Je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans un tel état à cause d'un combat contre une personne qui ne t'intéresse même pas.

— Je ne veux pas que cette femme gagne ! Si elle remporte le combat, le pays sera plongé dans l'ombre ! Lima a beaucoup de contacts. Elle serait prête à plonger cette nation dans son venin, je ne veux pas de ça.

— De quoi parles-tu, Nouria ? Il s'agit d'un combat entre Lima et moi. Que vient chercher le bien du pays dans cette histoire ?

La brune se rembrunit. Elle ferma immédiatement la bouche et pris une expression horrifiée, comme si elle venait de commettre une énorme erreur.

Lyah continuait de l'observer dans l'attente d'une réponse. Mais, à la place, Nouria détourna la tête et se passa négligemment la main sur le visage.

— Tu as raison, finit-elle par détonner, je ne devrais pas me mettre dans cet état.

— En effet.

— Mais c'est plus fort que moi. Promets-moi que tu feras ce combat, Lyah.

La mine sérieuse de son amie la déconcerta. Mais, doucement, Lyah ferma les yeux et acquiesça de la tête. Son amie arbora un énorme sourire, comme si on venait de lui annoncer une augmentation de salaire. Elle lui fit alors un câlin et dû s'éclipser.

Alors qu'elle se retrouvait enfin toute seule, Lyah inspira une grande bouffée d'air. Une brise fraîche lui caressa les poumons et elle put se remettre à penser normalement.

Nouria avait peut-être raison. Il fallait qu'elle gagne ce combat contre Lima et tout serait terminé. Elle espérait juste que cela ne soit pas le début d'un autre affront encore plus grand que la menace de Lima.

L'élue Du Sultan : La Passion D'Aboubak Al ZohraWhere stories live. Discover now