☀︎︎ CHAPITRE 2 ☀︎︎

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Trois semaines s'écoulèrent et Lyah était terrassée par la peur. La peur d'échouer. Elle était habitée de cette crainte de ne pas être à la hauteur, si bien qu'elle ne tenait plus en place. Ses mains tremblaient, son cœur battait la chamade et son pied gauche n'arrêtait pas de claquer frénétiquement contre le sol en marbre tellement bien ciré qu'on aurait pu se mirer dedans. Elle se trouvait désormais dans une salle qui la séparait de son destin. Ce qui lui faisait le plus peur, c'était de ne pas sortir vivante de ce combat. Après tout, elle n'allait pas boire le thé avec Lima, non. C'est dans un duel à mort que les deux femmes se livreraient dans les heures à venir. Lyah n'était pas certaine d'en sortir indemne.

Nouria lui avait appris à se battre avec la main comme avec une épée. C'était une véritable combattante. Mais elle craignait son adversaire plus que tout. Lyah ne voulait pas que sa haine envers Lima prenne le dessus sur elle pendant le combat, parce que son instinct lui disait qu'elle allait finir par la tuer si jamais cela arrivait. Lima était un véritable serpent. Elle avait le don de faire sortir les gens de leurs gonds, et cela marchait bien avec Lyah. Elle avait énormément de mal à se contrôler à chaque fois que ce démon l'agressait.

— Lyah ?

Sortant de sa torpeur, Lyah se leva pour faire une accolade à son amie. Jamais elle ne cesserait de la remercier pour tout ce qu'elle avait fait pour elle, mais désormais, plus rien n'était certain. Elle ne savait même pas si elle allait encore la revoir.

Cela pouvait très bien être leur dernière entrevue. Peut-être que les deux amies ne se reverraient plus jamais, et Lyah voulait à tout pris sentir la chaleur corporelle de la brune pour une ultime fois. Elle préférait partir en se sentant en paix avec son for intérieur.

— Tu es prête ? demanda son amie en lui prenant la main.

— Je ne sais pas, Nouria.

Sa voix était emplie de tristesse et Nouria le remarqua. Elle ressera son emprise sur ses mains :

— Tout va bien se passer, je te le promets.

— Tu dis ça parce que ce n'est pas toi qui feras ce combat, Nouria.

— Lyah, je te comprends parce que moi aussi j'ai déjà combattu. Et crois-moi que c'était beaucoup plus compliqué que ton duel.

Lyah était perplexe.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? s'enquiert-elle en fronçant les sourcils.

Nouria soupira.

— Moi, j'ai dû me battre contre une princesse. Tu te rends compte ? Une descendante de famille royale, Lyah. Et, tout ça, dans le but de sauver ma mère et mon frère.

— Une princesse ?

La confusion et le choc se mélangèrent dans l'esprit de la jeune fille.

— Oui, une princesse, Lyah. Et c'était un moment douloureux pour ma famille et moi.

— En parlant de ta famille, tu ne m'as jamais présentée à ta mère.

— Ma mère est morte.

— Oh… je suis désolée, Nouria.

Lyah se senti subitement éprise de culpabilité. Jamais elle n'aurait cru que Nouria avait perdu sa mère. Elle ne lui avait jamais posé la question auparavant, principalement parce que la brune parlait de sa mère comme si elle était encore des leurs. Elle devait sacrément l'aimer.

La demoiselle se rendit alors compte qu'elle ne connaissait pas aussi bien son amie que ce qu'elle croyait. Cela lui noua la gorge, mais elle s'efforça de continuer leur discussion.

— Et ton frère ?

Nouria se mit immédiatement à sourire.

— Oh, il va bien ! J'ai d'ailleurs hâte que tu gagnes ce combat pour que tu le rencontres. Nous serons enfin réunis tous les trois, débita-t-elle d'un air exagérément rêveur.

— Tous les trois ?

— Oui. Toi, mon frère et moi.

La brune accompagna sa réplique d'un immense sourire qui laissa son amie encore plus perplexe qu'elle ne l'était déjà. Mais Lyah ne voulait pas répondre, de peur de gâcher l'humeur de sa camarade. La nouvelle de la mort de sa mère l'avait rendue triste.

— Êtes-vous prête, mademoiselle?

Elles se retournèrent au même moment pour apercevoir un homme d'un certain âge, se tenant debout dans l'encadrure de la porte. Immédiatement, les battements de cœur irréguliers de Lyah reprirent du service.

— Oui ! répondit Nouria à sa place.

La peur lui noua l'estomac, son cœur se mit à battre si fort qu'elle se demanda si ces deux personnes dans la salle ne l'entendaient pas. Son pied se remit à claquer et ses tremblements revinrent. Tout semblait se mélanger dans son esprit. Des questions sans réponse lui trituraient les pensées.

Serait-elle à la hauteur ? Arriverait-elle à gagner ce duel ? Y laisserait-elle sa peau ? Rien n'était joué d'avance et, cette fois-ci, Lyah devait se jeter à corps perdu dans l'aventure. Ce qui devrait arriver arriverait.

— Il n'y aura que Lima et toi sur le terrain. Moi, je dois partir.

— Tu me laisses seule ?

Sa voix débordait de désespoir.

— Bien-sûr que non ! lui répondit Nouria.

— Où est-ce que tu vas, alors ?

— Je serai dans un endroit caché.

— Après le combat, j'exige, Nouria, que tu m'expliques pourquoi tu es si mystérieuse. Je ne supporte plus toutes tes cachotteries.

— Je t'aime, Lyah.

Elle avait bien compris que son amie changeait volontairement de sujet. Mais elle ne discuta pas plus.

Après un bref soupir, elle répondit enfin :

— Moi aussi je t'aime, Nouria.

Elles s'enlacèrent pendant quelques minutes, puis Nouria s'écarta pour lui cacher le visage.

— On se retrouve après le combat. Bisous.

Elle ne pipa pas un mot et observa son amie quitter la pièce. Même après que cette dernière ait disparu de son champ de vision, ses yeux ne quittèrent pas la direction qu'elle avait prise.

Il fallait qu'elle gagne. Il le fallait à tout prix. Il y avait tellement de personnes qui l'aimaient et comptaient sur elle, elle ne pouvait pas les décevoir. Elle ne pouvait pas se permettre ce luxe.
Soudain, l'image de ses parents, sa grand-mère et de Nouria lui revinrent à l'esprit. Cela ne fit qu'accentuer sa détermination. Elle était décidée à mettre un point d'honneur à cette histoire, une bonne fois pour toute.

— Je suis prête. Allons-y.

L'élue Du Sultan : La Passion D'Aboubak Al ZohraHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin