Et ensuite ?

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ANDRÉA 05

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ANDRÉA
05.2019

L'avantage d'avoir un Nekfeu dans ma vie, c'est qu'à partir de ce jour, j'allais avoir un cul à damner les saints. A force de marcher, je faisais travailler des muscles que je ne connaissais même pas. Mais sur le coup j'étais ingrate parce que Ken a probablement été, ces derniers jours, la personne à qui je dois le fait de tenir encore sur mes jambes.

Quand je suis partie de chez Mathieu, j'ai passer quelques jours chez le grec qui a passé un temps fou à m'écouter.... ne rien dire.

J'arrivais même pas a caler un peu d'ironie comme je le faisais d'habitude. J'étais juste complètement vide. Ce soir là, j'avais laissé mon cœur sur la table basse de Mathieu, si ça n'avait pas été une métaphore, j'aurai probablement jeté mon organe vital au milieu du cendrier parce que clairement, j'avais l'impression de ne plus en avoir besoin.

C'était pas des pensées suicidaires, j'étais trop lâche et peureuse pour ça. Mais c'est ce soir là que j'ai compris que j'avais atteint le point de non retour, c'était moralement et physiquement plus possible. Pour moi même, parce que je ne supportais plus d'avoir mal, mais par dessus tout, je ne supportais surtout plus de voir les gens que j'aime souffrir par ma faute.

Alors j'avais écouté Ken et appelé au premier numéro qui portait un nom pas trop bizarre. De toute façon, il m'avait prévenu que ça allait probablement prendre un peu de temps avant que je trouve la bonne personne. J'imagine qu'il parle en connaissance de cause.

Et me voilà aujourd'hui, à l'aube d'une nouvelle moi.

Je sais même pas si cette phrase a du sens, mais c'est probablement la chose la plus sure que j'ai dite ces derniers jours.

Je longeais la petite rue piétonne qui descendait abruptement, tout en pensant au chemin du retour où il allait falloir que je remonte la côte. La rue descendait vers la mer et je sentais qu'après mon rendez vous, ça allait être mon prochain projet.

Paraît que la mer ça apaise.

Je terminais ma cigarette en balayant du regard la façade devant moi. Je sais pas à quoi je m'attendait en réalité mais j'étais un peu déçue, c'était un immeuble banal. Mais je me repris assez vite en me rappelant que j'en avait pas grand chose à foutre au final, j'étais même prête a faire ça dans une décharge publique. Pour dire ou j'en suis...

Une fois mon mégot écrasé sur l'asphalte, je sorti mon téléphone pour exécuter un dernier conseil du grec. Je glissais mes doigts jusqu'à un album photo créer spécialement pour l'occasion. J'ouvrais la première photo sur mon chat qui dort.

Ma mère, mon frère, encore mon chat, Romy, Inès, Mehdi et Samir, Yacine et sa maman, Selim, Mathieu, encore mon frère, Manel...

Tout ces gens que j'aimais probablement plus que ma vie. Faire défilé leur photo, c'était me rappeler pourquoi je faisait ça. Et je ricanais en tombant sur une dernière photo de mon chat, le seul qui en avait strictement rien à foutre en passant.

Puis je pris mon courage en main et je poussais la porte. Il y avait une note qui disait de monter au premier étage et de sonner. J'exécutais et la porte s'ouvrît automatiquement. J'avais atterrit dans une salle d'attente immaculé, tout était blanc juste les chaises en plastique était de couleurs vives. J'aimais plutôt bien l'environnement, je partais donc avec un bon apriori.

Je posais mon fessier sur une chaise bleu, c'était cool le bleu. J'avais beaucoup de cliché en tête à me dire que le choix de ma chaise allait aussi être décrypter alors que je suis sure qu'on s'en carre les reins.

Je préparais déjà mon discours, il était trop long parce que je m'épanchais sur des choses futiles. Mais comme c'est moi qui signait le chèque à la fin du rendez vous, j'avais bien le droit de blablater si ça me plaisait.

J'ai pas attendu très longtemps, pourtant j'étais en avance. Comme si le destin ne voulait pas me donner la chance de faire machine arrière. C'était déjà trop tard quand une petite rousse à lunette qui ne devait pas avoir plus de trente ans se planta devant moi. Elle avait un doux sourire sur les lèvres, ça ne me rassurait pas comme ça le devrait.

- Andréa ?

Sa voix était aiguë, et ça résonnait davantage quand je lui répondis par l'affirmative avec ma propre voix enrouée par la cigarette et mon mutisme de ces derniers jours.

Je me levais et la suivi dans son bureau tout en mettant mon téléphone en mode avion. J'entrais dans la pièce tout aussi lumineuse que la précédente, les clichés n'étaient pas toujours infondés. Il y avait un canapé en cuir vert face à une chaise qui avait l'air assez confortable. Dans un premier temps elle me demanda de m'installer sur le sofa.

- Je m'appelle Samantha, et tu peux m'appeler comme ça si tu le souhaites.

Je ne le ferais pas. On était pas amies. Je parlais pas à mes amis.

Mais j'hochais la tête quand même pour lui signifier que j'avais compris.

- Qu'est-ce qui t'amène Andréa ?

Je pris une grande inspiration.

- Avant toute choses, je commençais avant de me racler la gorge, je veux qu'on soit claires sur un point. Je ne veux pas ressortir d'ici avec une ordonnance, avant tout, je veux des réponses à mes questions.

De toute façon si la doc me refiler des médicaments, je ne les prendrais pas. J'en avais déjà pas envie mais j'étais incapable de suivre un traitement. J'arrivais même pas à prendre la pilule ni même une cure de levure de bière parce que j'oubliais tout le temps, alors des trucs bizarre n'en parlons pas.

- Pas de souci, elle souriait toujours. Je t'écoute, dis moi ce que tu veux, on y va à ton rythme.

Je restais silencieuse un certain temps avant de me lancer. C'était décousu mais je suis certaine qu'elle avait déjà du voir pire.

- Je sais même pas où et quand commence mon histoire... mais je sais où elle se termine.

𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀWhere stories live. Discover now