Chapitre 21

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DÉCEMBRE 2018



Il a fallu une bonne demi-heure pour que mon sauveur arrive. Pendant ce temps j'ai traîné un peu dans les rues sans trop m'éloigner du point de rendez vous. Une belle voiture noire s'arrête devant moi et quand la vitre passagère se baisse, j'ai un moment d'arrêt avant de sourire, c'était presque évident.

- Grimpe, il me dit avec un petit sourire.

Je monte difficilement à l'arrière avec ma valise que je glisse entre la banquette et le siège conducteur.

- Qu'est-ce que tu fais là toi ? J'interroge le passager.

- On était tous chez papy pour une soirée avant que j'me casse au Japon. Quand t'as appelé on allait partir mais j'voulais savoir c'qui s'passait.

Je hoche la tête pour lui dire que j'ai compris et l'habitacle retombe dans un lourd silence. Je vois Deen et Ken se jeter des petit regard et je souris. Je me demande, autant qu'eux, qui sera le premier à me demander des comptes. Je crois que le plus âgé de nous trois arrive à saturation puisque lorsqu'il s'arrête à un feu rouge, il se retourne pour me regarder.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu t'retrouves dans ma bagnole à une heure du mat' ?

Je soupire et me gratte la joue, pas certaine de vouloir leur étalé à quel point je peux être là plus grosse des connes. Alors je lui demande un peu de répit et lui promet que je leur dirais ce qu'ils veulent savoir, quand on sera chez lui. Un peu déçus, ils acceptent tous les deux et on retombe dans le silence.

Ce silence qui me permet de cogiter sur des sujets que je n'ai pas envie de ressasser mais mon esprit n'a pas l'air d'en tenir compte. Pourquoi, après tout ce temps, j'arrive encore à attirer les emmerdes ? Est-ce qu'ils jubilent de l'autre côté ? Est-ce que Julia est fière d'elle ? Et pourquoi elle a voulu faire ça ?

Elle savait que ça me ferait du mal, c'était le but, mais quel plaisir elle peut prendre à le faire ? Je ne dis pas que je n'ai jamais jouis du malheur de quelqu'un que je n'aime pas, je l'ai fait. Je ne suis qu'un être humain. Mais j'ai toujours trouvé que la manipulation était l'un des actes les plus degueulasse qui soit. Les sentiments, c'est fragiles, faut pas s'amuser avec ça.

Peut être que je l'ai cherché aussi. Peut être que j'aurais pas du être mauvaise avec elle dès le départ, plusieurs mois en arrière. Elle n'aurait pas eu cette espèce d'envie de vengeance. Ouais, ça doit bien être de ma faute au final. Qui sait... le karma est une sombre pute, c'est bien connu.

Je sens presque les larmes monter mais je ferme fortement les yeux pour ne pas les laisser sortir. Hors de question qu'une seule larme ne coule pour eux. Hors de question de montrer que ça m'atteint à ce point. Je suis blessée, dans mon estime, dans mon amour propre, dans mon ego mais personne n'a besoin de le savoir.

Je lâche un énorme soupire bien bruyant malgré moi quand on arrive. Bloquer ce qui ne demande qu'à sortir, ça demande beaucoup d'énergie. Énergie que je ne suis pas sure d'avoir. Pendant une seconde, j'ai envie d'être une enfant de six ans, qui pourra pleurer sans qu'on ne la regarde avec pitié. Qui pourra être consoler avec un simple bisous magique, et qui oubliera dix minutes plus tard, tous ses malheurs.

- On y est... annonce notre chauffeur.

J'ai tout juste le temps de me détacher que les garçons sont déjà sortis et ouvrent chacun une portière arrière. Deen récupère ma valise et je vois Ken me tendre la main. Sur son visage, je vois qu'il a compris que si j'étais avec eux ce soir, c'est pas pour fêter son départ en grande pompe.

𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀDonde viven las historias. Descúbrelo ahora