Chapitre 8

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SEPTEMBRE 2018



Depuis ce matin, c'est à peu près la millionième fois que je regarde l'heure sur mon téléphone. Il me reste environs une heure de train et malgré les trois cents kilomètres heure, j'ai l'impression que ce tas de ferraille n'avance pas. Le soleil a déjà commencé à se coucher et lorsque je débarquerai à la Gare de Lyon il fera nuit.

La vibration de mon téléphone me fait sursauter et je suis presque folle de joie de voir que la civilisation pense encore à moi. Cette excitation retombe lorsque j'ouvre la vidéo de Yacine qui essaye de rattraper les bonbons qu'il envoie en l'air avec sa bouche. Bien sûr, il ne réussit que le dernier. Il ouvre grand les yeux et saute de joie mais je crois deviner qu'il se cogne contre sa table basse vu la grimace qu'il tire avant que l'image ne s'efface.

Vraiment, les amis sont la famille que l'on choisit mais je pense qu'on devrait avoir le droit à une période d'essai. Du genre « satisfait ou remboursé ». Parce que même si j'aime Yacine de tout mon cœur, quatre-vingt dix pour-cent du temps j'aimerai le renvoyer au service après vente.

Vingt minutes avant notre arrivée en gare, le train a déjà légèrement ralenti et je reçoit un texto de Mathieu.

[ MATHIEU : dsl j'pourrai pas vnir te chercher à la gare. J'ai une galère. ]

Ok... donc c'est comment ? Je prends le train retour ou quoi ?

[ MATHIEU : rejoins nous à cette adresse ]

Il m'envoie l'adresse et puis plus rien. J'ai bien envie de l'insulter. Fort. Mais je me garde ça pour quand il sera face à moi.

Alors me voilà dans le hall de la gare à tenter de me repérer. J'aurai pu prendre un Uber, mais c'est presque devenu ma phobie depuis la dernière fois que j'en ai pris un. Alors à pile ou face, j'ai choisi de prendre le métro. Mais alors la vrai galère ! Je comprends rien !

Il m'a fallut une heure et des poussières pour rejoindre l'adresse indiquée. La prochaine fois je le fait à pied, c'est à l'autre bout de la ville mais j'en ai rien à faire. Autant de temps et moins d'emmerde.

Seulement, me voilà arrivée devant un immeuble avec un interphone qui contient plusieurs noms, mais aucun qui ne me paraisse familier. Alors j'appelle Mathieu, même si clairement ça m'écorche les doigts.

- Ouais, il réponds.

- J'sonne à quel nom ?

Les gens on tendance à dire que je m'exprime froidement. Mais je ne le remarque pas vraiment. Sauf que cette fois je m'en rends compte, c'est que ça doit être glacial et j'espère de tout cœur que mon interlocuteur s'en rend compte aussi. J'ai clairement la haine contre lui.

- C'est Andréa ? J'entends une voix crier dans le fond.

Mathieu acquiesce et finit par me dire que quelqu'un arrive. Ni bonjour, ni merde, ni assaisonnement, je raccroche. Je ne vais pas le louper mais je me préserve pour le moment ou il ne s'y attendra pas.

Une bonne minute plus tard, Manel déboule en trombe devant l'immeuble et me saute dans les bras. Alors qu'elle entoure ses bras autour de me épaules, je suis les bras ballants, à me contenir pour ne pas la repousser violemment. Alors je lui tapote maladroitement le dos, histoire de dire que c'est bon, les effusions j'en ai mon quota pour le mois avec ce câlin.

- Ah ! Je suis trop contente de te voir !

Elle parle trop fort pour être sobre et je suis trop mal à l'aise pour être mignonne ce soir.

- J'avais cru comprendre en effet, je dis un peu sarcastique.

- Allez viens !

Elle attrape ma main et me traîne derrière elle à travers les escaliers et les couloirs. On termine notre chemin dans un appartement qui sent la beuh, l'alcool et la chaleur humaine. Terrible, j'ai envie de pleurer.

𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin