Chapitre 14

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SEPTEMBRE 2018



Deux heures avant qu'il ne monte dans l'avion, on doit déjà être à l'aéroport. Pendant la première heure avant son vol, je reste avec Mathieu puisque lors de la deuxième, il sera en salle d'embarquement. J'ai envie de profiter au maximum de sa présence parce que c'est pas demain la veille que ça va se reproduire.

Il m'a prévenu que dans cinq jour son tout premier album sort et qu'après ça, il allait avoir pas mal de travail. Entre les préparatifs de sa tournée à venir, la promo, les interviews etc... s'il répondait au minimum à mes textos, je pourrais m'estimer heureuse.

Hier, on a passer la journée qu'à deux. Les autres nous on proposé de sortir mais dans un geste d'égoïsme j'ai refusé. J'voulais le garder pour moi toute seule. Déjà qu'en temps normal j'ai du mal à être affectueuse, avec du monde autour c'est encore pire. Mais pour le coup, je fais un effort et prends sur moi parce que je sens qu'il va me manquer. Je ne lui dirait pas, bien entendu, alors j'essaie de lui montrer.

Ce matin il pleuvait, et même si plus rien ne tombe, le ciel reste noir, et menace de faire à nouveau tomber une averse. Alors j'ai pris cette excuse pour voler un sweat à Mathieu, alors que j'en ai des dizaines mais j'en voulais un à lui. Je me sens d'humeur sentimentale apparement, j'aime la pluie.

- Tu veux pas rester encore un peu ? Je demande d'une petite voix alors que je me blottie contre lui.

On est dehors, lui en train de fumer et moi je cherche son contact. Je glisse mes poings dans la poche ventrale de son pull alors qu'il referme son bras libre autour de moi.

- J'voudrais bien, ses lèvres frôlent mon front à chaque syllabe qu'il prononce. Mais j'peux pas...

J'ai laissé partir un tas de gens, physiquement et mentalement. Ça n'a jamais été aussi dur qu'aujourd'hui.

- À quoi tu penses ? Il demande.

- J'ai peur.

Ouais, je l'ai dit. J'en suis moi même la première étonnée. Il n'en est pas loin non plus puisqu'il éloigne mon corps du sien pour scruter mon visage. Je ne veux pas qu'il me demande pourquoi, si l'avouer est une chose difficile, l'expliquer l'est d'autant plus et je ne suis pas certaines d'en être capable.

Je pense qu'il comprend, il soupire et me ramène près de lui. J'ai la nette impression que sa prise sur mes épaules s'est raffermie. Il ne dit rien, il ne me force pas à parler non plus. Il fume et je panique en silence.

Puis je me reprends en main. Je le savais. Je connaissais les risques de m'attacher à quelqu'un qui vit aussi loin de moi. Je l'ai quand même fait, il faut que je l'assume maintenant. Il jette son mégot et sa main fraîchement libre attrape l'arrière de ma tête.

Il pose un baiser sur mon front, un autre a la jonction entre mon oreille et ma mâchoire, un dans ma nuque et il laisse finalement tomber sa tête sur mon épaule. Je déplie mes bras pour qu'ils entourent sa taille et pour l'une des première fois de ma vie j'offre volontairement un câlin, parce que j'en ai envie. Je resserre ma prise au maximum en essayant de lui faire passer tout ce que je n'arriverai pas à dire.

- Pourquoi j'ai l'impression que tu me dis adieu ? Il murmure.

- On sait jamais.

- T'as peur que mon avion se crash ? Il ricane doucement.

- Ouais, je remonte ma main dans sa nuque que je gratouille avec mes ongles. On va dire ça comme ça.

𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin