Chapitre 33

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AVRIL 2019



Ce matin, dès que j'ouvre les yeux je suis agréablement surprise de voir que la lumière qui pénètre dans la chambre n'est pas aussi éblouissante que les autres jours. En effet, le ciel est gris et le tonnerre gronde par dessus le bruit monotone des goutte de pluie qui tombent. J'adore la pluie, aujourd'hui je suis servie.

Je tire la couette qui couvre le haut de mon corps en m'étirant. Après avoir réveillé mes muscles un par un je me rend compte que la place à côté de moi est vide et froide. Mon colocataire de la nuit est déjà debout et depuis un moment apparement. Je me redresse en prenant appui sur mon coude et mes yeux tombent directement sur Mathieu qui est assis sur un fauteuil qu'il a déplacé juste à côté de la fenêtre. Celle-ci est entre ouverte pour filtrer la fumée de sa cigarette artisanale. Il a son téléphone dans une main et ne semble pas m'avoir entendu me réveiller.

Non sans peine, je m'extirpe des draps et enfile un gilet appartenant au blond qui trainait avant de m'approcher de lui. Il me jette un regard furtif avant de se déconcentrer sur l'extérieur. Je passe ma main dans sa nuque et frotte sa peau avec mon pouce. Il a l'air d'apprécier le geste puisqu'il penche la tête en avant, j'embrasse le creux à la base de son crâne et me redresse à temps quand lui même bascule sa tête en arrière pour me regarder.

Je pose l'une de mes cuisses sur l'accoudoir et je remarque que son téléphone est ouvert sur l'application note. De nombreuses lignes sont inscrites et ça ne m'étonnerait pas qu'il ait passé sa nuit dessus.

- T'as reçu un message de Clément.

Je hausse l'un de mes sourcil en entendant sa voix éraillée me parler d'un ton si neutre. J'ai vu la notification Instagram ce matin et je me demande bien pourquoi il relève ce point.

Un jour pendant une dispute, Mathieu m'avait confié qu'il aimerait bien faire des « perquis' » sur mon téléphone. Il a avoué que c'était une pratique courante lors de ses dernières relations. Je lui ai rien bien fort au nez en affirmant qu'il pourrait toujours courir pour poser un doigt sur mon téléphone. Pas que j'ai quelque chose à cacher mais pour le principe il en était hors de question. Seulement, quand on est arrivé en Espagne j'ai bien compris que cette affaire de manque de confiance était sérieuse. Alors que je suis persuadée qu'on va se louper en tentant quelque chose, lui est plus soucieux du fait que je parte avec quelqu'un d'autre.

Alors pour le rassurer, pour que l'on parte sur des bases saines sans prise de tête dès le début, je lui ai donné les codes d'accès à mes réseaux sociaux à la condition qu'il ne fasse que regarder. Je lui ai dit que le fait qu'on se voit rarement, et qu'à chaque fois ça soit prévu à l'avance engendrait le fait que je pouvais supprimer tout ce que j'avais de comptometant, que si ça lui conviendrai quelques temps, ça ne suffirai pas à apaiser ses craintes. Alors je lui ai listé mes mots de passe, parce que ça le rassure et que je n'ai rien à cacher alors je m'en fiche. Si ce simple fait peut nous éviter des embrouilles inutiles, ainsi soit-il.

- Je sais, je lui réponds. Il faudra que je l'appelle tout à l'heure.

- C'est qui ?

Je pouffe de rire à la réponse tout à fait honnête que je m'apprête à lui donner.

- Un pote de pote, qui est devenu un pote.

Il fronce les sourcils, apparement lui, ça ne le fait pas rire.

- À la base c'est le meilleur pote de Marie et Éden. A force de le voir à toute les soirées, c'est vite fait devenu un pote. On s'entend bien, on se suit sur les réseaux et si j'ai son numéro c'est juste parce que je devais lui rembourser une partie de notre voyage au ski l'année dernière, je l'ai fait avec une appli.

𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant