𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀ

Chapitre 39

MAI 2019

Quand je regarde enfin mon téléphone je me rends compte que ça fait un peu plus d'une heure que j'ai le cul poser sur l'asphalte. J'ai plusieurs appels manqués et des messages non lus. J'ouvre le dernier qui vient du numéro de Ken et je me retrouve sur une discussion pleine des ses messages.

[ KEN : TU M'SOULE À PARTIR COMME ÇA ]

[ KEN : T'ES OÙ ?]

[ KEN : Réponds moi ta race ]

Encore beaucoup d'autre dans ce genre mais c'est le dernier qui me pousse à lui répondre.

[ KEN : Reviens quand t'es prête. J'te ramène chez moi. ]

[ ANDREA : J'arrive. ]

Je me redresse assez difficilement et enclenche le GPS pour retrouver mon chemin jusqu'à l'appartement de Mathieu. Sur la route je m'estime chanceuse de n'avoir croisé personne, de ne pas m'être aventurée au mauvais endroit et surtout d'avoir pu ruminer le tourbillon de sentiments qui me partageait.

Après un bon quart d'heure de marche j'arrive enfin devant l'immeuble et je préviens Ken pour qu'il me rejoigne en bas. J'ai pas envie de monter, de toute façon je redescendrait aussitôt alors ça ne sert à rien de me fatiguer plus que ça. S'apitoyer sur son sort ça bouffe vraiment beaucoup d'énergie.

C'est finalement Lesram qui me rejoins en premier, trop occupée à tenter de savoir comment je me sentais, je n'ai pas cherché à comprendre ce que je pouvais penser de leur rôle dans cette histoire.

- J'suis désolé, il débute rapidement. On est tous désolé, il nous a dit que vous étiez plus ensemble.

Je ricane froidement, j'ai même pas la force de leur en vouloir.

- Il était pas loin de la vérité, il a juste oublié de me prévenir, je hausse les épaules.

Il soupire et ses épaules s'affaissent brusquement, je tente un petit sourire pour le rassurer. Il y a assez d'âme en peine pour ce soir, j'ai pas envie que lui ou les autres garçons se casse la tête avec une histoire qui ne les concerne pas.

Je ne réagis même pas lorsqu'il passe ses bras autour de moi pour me serrer contre lui dans un geste réconfortant. Je me fige un peu, je ne lui rend pas son étreinte mais je ne le repousse pas. C'est probable la dernière fois que je le vois alors autant se faire des adieux correctement.

- Mec, une voix surgis, tu peux nous laisser s'te plaît ?

Je sens Marcel se détacher de moi pour ouvrir mon champs de vision sur Mathieu. Son visage est fermé, dénué de toute émotions alors je voile les miennes aussi. Celui qui me tenait encore dans ses bras il y a quelques secondes presse gentiment mon épaule avant de retourner à l'intérieur du bâtiment.

Mathieu allume sa cigarette mais ne tergiverse pas. Il me dit qu'il a réussit à grappiller quelques minutes à Ken.

- J'suis désolé, il me dit sans en avoir l'air.

- Moi aussi, je lui réponds.

Ses sourcils se froncent et il me regarde, plein d'incompréhension.

- Je ne sais pas ce qui t'as poussé à faire ça, mais j'ai du merder quelque part alors je suis désolé.

- T'as pas à l'être.

Il se racle la gorge et même si son expression ne le montre pas, se geste me prouve qu'il est gêné. C'est déjà ça.

- Si, je réplique. Je préfère me dire que c'est de ma faute et que je l'ai mérité. C'est plus facile à encaisser que de me dire que j'le méritais pas. Puis au fond, j'le mérite carrément en fait.