𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀ

Chapitre 29

AVRIL 2019

La vie a doucement repris son cours. Les beaux jours se sont définitivement installés sur la ville et ça ne me réjouis pas tant que ça. Je déteste l'été. La chaleur c'est trop pour moi, même si lorsque le mercure du thermomètre indique une valeur inférieur a vingt cinq, je commence à frissonner.

C'est exactement pour cette raison que je me demande pourquoi j'ai accepté de partir en vacances avec la bande d'énergumènes qui m'accompagne. Deux voitures, trois personnes par véhicule, les coffres plein à ras bord, nous somme en route pour la côte espagnole. Pour une fois qu'on était tous libre en même temps, Ines, Romy, Yacine, les jumeaux et moi même avons décidé d'en profiter.

Avant de passer la frontière, et de ne plus avoir de réseau, je discutais encore avec Mathieu et Manel. Depuis les obsèques de mon grand père, j'ai beaucoup cogité. D'avoir vu cet homme aussi proche de mon cercle intime familial ça m'a encore fait paniqué. J'ai eu une montée d'angoisse tout le reste du séjour, j'ai esquivé tous ses appels et ses messages à tel point que j'ai pensé à en parler à ma mère. Bien sûr, je ne l'ai pas fait mais j'ai appelé Hakim.

Je ne sais pas trop à quel moment on a commencé à se rapprocher lui et moi. On est pas ami, mais on se comprend. Déjà parce qu'il ressemble à une version un peu plus âgé de Mehdi, et parce que de mon côté, je partage son besoin d'être tranquille. Je sais ce que c'est de ne pas être dans le  même délire que les autres, d'être barricadé aux malheurs du monde temps qu'ils ne touchent pas les gens à qui je tiens. De plus, ce qu'il y a d'agréable avec Mekra, c'est qu'il ne parle pas pour rien dire et ça me fait du bien. Contrairement à Ken le rêveur, Hakim est terre à terre et n'hésite pas à me balancer des grenade dans la tronche alors que Nekfeu me montrerai un autre chemin pour éviter les champs de mine. Ça fait du bien d'être remis à sa place des fois.

Je n'ai pas eu les réponses à mes questions mais il m'a bien fait comprendre que le seule moyen de savoir, c'était d'essayer. Il m'a dit que j'avais le droit de battre en retraite et d'abandonner mais que ce voulais dire que je passerai ma vie a me demander « et si ? ».

- Le premier choix est flippant, le deuxième est carrément nul. A voir ce que tu préfères.

C'est ce qui m'a dit, et j'ai étonnamment apprécier.

De toute façon, avec tout notre entourage qui nous pense en froid, c'est un peu plus facile de freiner nos ardeurs. Mathieu a plusieurs fois proposer de se libérer pour descendre dans le sud passer un week-end mais j'ai refusé à chaque fois. Cette fausse crise est peut être l'occasion de ralentir, j'ai l'impression qu'avec lui, tout mes ressentis sont multipliés. Je commence même à découvrir des facette sentimentalement fragile de ma personnalité et ça me fait flipper. Le problème, c'est qu'avec ce constat, je ne peux pas m'empêcher de penser que le sentiment de déception sera lui aussi bien multiplié.

C'est comme l'impression que j'ai déposé mon cœur à ses pieds et qu'à partir de cet instant, il peut en faire ce qu'il veut : en prendre soin ou taper un foot avec. Pour ma conscience personnelle, je continue à garder un œil sur mon organe vital u cas où je verrais Mathieu esquisser un premier geste dangereux. J'essaie de me rassurer en me disant que je serai assez rapide pour le récupérer avant le coup fatal. Foutaise, je le sais.

Mes meilleures amies ne sont pas de mon avis, Manel non plus. Elles essaient toujours de nous rabibocher et si possible de nous lier encore plus qu'avant. C'est d'ailleurs grâce à leur manque flagrant de discrétion que je le sais. Les trois filles se sont arranger pour que la bande parisienne nous rejoigne en Espagne. Je ne suis pas sure que je soit sensée en être au courant, mais avec Inès qui abuse et Manel qui s'est fait cramée, Mathieu et moi avons directement compris l'entourloupe. Il ne leur manque plus qu'une couche chacune et un arc pour qu'elles se prennent définitivement pour des cupidons.