Chapitre 7 - 1

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I

Sur le dos de son cheval, il marchait inlassablement vers l'Ouest, suivant sans cesse l'eau agitée et agressive de la rivière. De temps à autre, de l'écume venait se déposer sur eux. La terre était humide, et les pierres dangereusement instables. A sa gauche demeurait une grande forêt, et à sa droite, ce fameux cours d'eau, qui coupait la forêt en deux. Sa monture se montrait épuisée, et le sentier requérait une vigilance toujours plus intense. Si Echo avait le malheur de faire un pas de travers, soit ils finissaient dans l'eau, soit ils butaient contre un arbre. C'est pourquoi Kal décida de mettre pied à terre, et en profita pour observer la lune. C'était un cercle parfait, coloré par diverses nuances de gris et de blanc. Autrement dit, il détaillait minutieusement la pleine lune, en se rappelant peu rassuré que sa lumière réveillait bien des Créatures qu'il n'avait, pour la plupart, jamais rencontrées et qu'il n'était pas en état d'affronter. Par réflexe, le jeune homme tâta sa plaie pour se donner une idée de l'avancement de la cicatrisation, puis marcha devant sa monture, en serrant les dents. Le jeune homme était aux aguets du moindre bruit, du moindre mouvement, rien ne devait lui échapper. La moindre erreur lui serait très certainement fatale. Alors qu'un léger vent se levait, faisant voler les feuilles des arbres, un mauvais pressentiment grandissait en Kal, et il n'aimait pas ça.

Kal descendit sur la berge afin de remplir sa gourde. L'eau était aussi fraîche que la température extérieure. Dans cette région, le climat demeurait en général plutôt frais, ce qui contrastait avec les températures de sa destination, où les températures se montraient très chaudes. Targhon étant la région la plus chaude du continent, le froid n'était pas un climat où Kal se sentait à son aise. Quand il avait atterri chez Lélia, il avait bien mis plusieurs semaines à ne plus grelotter de froid. L'idée de retrouver le vent chaud et l'air humide de Targhon lui plaisait bien. On pouvait même dire qu'il avait hâte. Mais, pour le coup, même s'il avait fait un froid de canard dans sa région natale, l'idée de retourner aux Ruines, d'accomplir sa quête, et de venger Elaïa, restait plus forte et motivante. Rien ne pourrait l'empêcher de se venger, de les venger.

Suite à cette courte réflexion, il entreprit de remonter sur le chemin de terre pour rejoindre son cheval et trouver un endroit plus sûr pour la nuit. Seulement, encore accroupi au bord de l'eau, quand il tourna la tête à gauche, Kal fut interloqué par une empreinte. Le jeune homme s'approcha de celle-ci, et la mesura à l'aide de sa main. Il pouvait y mettre son poing, et y enfoncer son bras. En l'examinant un peu plus attentivement, il vit que la trace était assez récente. La forme de cette dernière ressemblait à celle du trou d'un bâton planté dans le sol, qui aurait été poussé de l'arrière vers l'avant. Le Chasseur fronça les sourcils et serra la mâchoire. Il prit une grande inspiration, et parcourut une dizaine de mètres d'un pas vif malgré sa plaies qui le lançait, avant de retrouver une empreinte similaire. Son pressentiment se confirmait.

Ni une, ni deux, il grimpa jusqu'au sentier, retrouva son cheval, et le fit marcher d'un même pas rapide derrière lui, ignorant sa plaie.

- Écho, lui dit-il pour extérioriser ses pensées, je crois qu'on est dans une belle merde. Les Géants des Forêts sont de sortie, et cela n'augure rien de bon. Dépêchons.


Il essayait d'écouter le moindre bruit de feuille ou vibration du sol, pour jauger l'activité des êtres qu'ils fuyaient. Kal ne pouvait pas se mesurer à eux. Ils mesuraient au moins 3 fois sa taille pour les plus petits. Les plus anciens atteignaient parfois la vingtaine de mètres. La plupart du temps, la grande taille des arbres permettait de les cacher, mais ils arrivaient que dans certaines forêts, leur tête dépasse de la mer de feuilles.

Soudain, quand ils eurent enfin retrouvé un sentier non étroit, des bruits sourds se firent entendre, et le jeune homme sentit une petite vibration sous ses bottes. Il n'y avait pas à tergiverser sur la cause de ces événements, et la forte secousse qui suivit allait dans ce sens. La marche s'accéléra. Ils devaient au plus vite trouver un endroit qui les protégerait, ou sortir de cette forêt. Mais Écho commençait à fatiguer, et la sortie était à plusieurs heures. Ce n'était donc pas une option envisageable. En continuant un peu, le jeune homme s'aperçut bien vite, qu'il n'y aurait aucune grotte où se cacher. Ce fut donc à contrecœur que Kal laissa son cheval à ses côtés pendant qu'il s'adossait contre un arbre, un peu à l'écart du chemin. Il attendrait quelques heures avant de reprendre sa route.

Nominé : Préambule du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant