Chapitre 12

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Le lendemain soir, après avoir passé encore toute la journée à penser à ce rêve qu'il avait fait à propos de Lysandre, Milo n'y tint plus.

Tout la journée, il s'était retrouvé dans l'incapacité de regarder son meilleur ami dans les yeux car dès qu'il le faisait, il ne pouvait empêcher son regard de se baisser afin de se river droit sur les lèvres de son meilleur ami. Dès lors, il revoyait danser devant ses yeux le souvenir de ce fameux rêve. Il se questionnait sur la saveur qu'auraient les lèvres de Lysandre s'il se permettait, dans un moment d'égarement, d'y goûter. Il se demandait la texture qu'elle pouvait bien avoir. Si elles seraient un peu visqueuses et douces au toucher, à l'instar de celles d'Océane ou si, au contraire, elles seraient plutôt sèches et rugueuses. Il s'imaginait aussi quelle sensation cela lui procurerait de les embrasser.

Il n'en pouvait plus de toutes ces interrogations qui ne devraient même pas exister en premier lieu. Personne de sensé ne penserait à de telles choses. Il y avait un problème et il fallait s'en occuper rapidement avant que la situation ne finisse par lui échapper et qu'il casse quelque chose.

Il fallait que cela cesse, tout simplement.

- Tu veux voir un psychologue ? répéta sa mère, sceptique.

Milo hocha la tête.

- Mais... Pourquoi ? Est-ce qu'on t'embête au lycée et tu ne veux pas m'en parler ? demanda-t-elle, visiblement très inquiète.

- Quoi ? Non ! s'exclama Milo. Absolument pas ! Pourquoi est-ce qu'on m'embêterait ?

Il s'était toujours très bien entendu avec les gens de sa classe. Même s'il y en avait deux ou trois qu'il avait du mal à supporter tant il les trouvait désagréable, ce n'était pas pour autant qu'ils allaient l'embêter. Au lycée, les élèves avaient un minimum de maturité pour ne pas faire subir du harcèlement.

- Alors pourquoi tu veux consulter ?

Milo se mordit la lèvre d'un air hésitant.

Il ne pouvait pas lui dire la raison. Parce qu'il savait que sa mère serait dégoûtée s'il lui racontait ce qui le tracassait depuis quelques temps. Elle qui détestait les homosexuels verrait son rêve comme une trahison et le rejetterait probablement. Même s'il n'était pas homosexuel.

Heureusement, son père vola à sa rescousse.

- Tu ne devrais pas lui poser ce genre de questions, dit-il. S'il ressent le besoin d'aller un psy, c'est parce que c'est quelque chose dont il ne veut pas parler avec nous. Il ne se peut-être pas prêt à dire ce qui lui pèse mais à besoin de l'oreille d'un adulte. Il nous dira un jour la raison.

- Mais il pourrait très bien se faire embêter ! Hier encore, j'ai lu un article qui parlait d'un élève en seconde qui s'est...

- Personne ne m'embête, affirma immédiatement Milo. Tout comme je n'ai aucune envie suicidaire. Ne t'inquiète pas, maman. C'est juste que... j'ai lu sur internet que c'était bon de consulter un psy de temps en temps parce que ça aide à se vider l'esprit de quelques contrariétés, de voir les choses sous un autre angle... Je pense que c'est important, à mon âge, d'avoir un bon état d'esprit car sinon, ça pourrait se répercuter sur mes notes.

Milo fut lui-même surprit par la facilité avec laquelle il venait de justifier sa décision. Ce n'était pas un mensonge à proprement parlé : il avait réellement lu, il y a quelques mois, un article sur internet qui parlait de l'utilité de consulter un psychologue même lorsqu'on n'en ressentait pas le besoin.

Sa mère le détailla du regard attentivement, à la recherche du moindre signe qui pourrait lui indiquer que Milo mentait et qu'il allait mal. Il comprenait qu'elle s'inquiète pour son bien-être. C'était sa mère, elle voulait le protéger, s'assurer qu'il ait une vie épanouie.

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