Moi, joueur de football

32e mi-temps

L'arbitre siffle le début de cette finale. Neymar fait la passe à l'un de ses coéquipiers et le match est lancé. Après seulement 10 minutes de jeu, Neymar marque le premier but de cette rencontre sur une passe de Thiago Silva.

Antoine passe le ballon à Kylian pour réengager le match. On pert vite le ballon. Si on continue comme ça on va perdre. On est mené.

Après 25 minutes de jeu, je parviens à récupérer le ballon lors d'une passe entre Neymar et un jeune joueur, Vinicius Jr. Je m'élance et remonte le terrain, je passe le ballon à Antoine qui me le repasse très vite.

J'entre dans la surface de réparation mais un défenseur adversaires se jette sur moi. Il lance sa jambe en avant pour stoper mon tir.

Je parviens quand même à tirer.

Le ballon passe à gauche du gardien et vient se loger dans les filets. L'arbitre siffle le but.

Pendant ce temps, la jambe du défenseur adversaires a fini sa course, son crampons s'est enfoncé dans mon genoux droit. Me faisant m'écrouler au sol en dans un hurlement de douleur. Un silence s'installe dans les tribunes.

Kylian cours vers moi et me tend la main.

— Raph, putain, ça va ?

Je ferme les yeux un instant en contractant tout mon visage pour contenir la douleur. C'est ma deuxième finale de coupe du monde, pas question de quitter le terrain au bout de seulement 25 minutes de jeu. Je ravale mes larmes, tire ma chaussette au dessus de mon genoux et me relève.

Je lève les bras en l'air en souriant pour célébrer ma victoire. Nos supporters crient mon nom pleins de joie.

Les brésilien s'échangent le ballon et remontent petit à petit le terrain, ils veulent marquer un autre but avant la fin de la première mi-temps, il ne reste plus que 10 minutes. Paul récupère le ballon, je m'élance en avant, j'ai terriblement mal au genoux, mais je m'efforce de ne pas y penser, le match et la victoire sont plus importants que ce genoux, ce putain de genoux qui me fait souffrir à chacun de mes pas.

Kylian cour, ballon aux pieds, il est bloqué par un défenseur adverse, et me passe le ballon, je suis sur le bord du terrain, à gauche. Je fais une passe lobée à Antoine qui tire, au moment même où il touche le ballon, je sens que le gardien va l'arrêter. Je m'élance devant la cage, et comme prévu, le gardien stoppe le ballon, mais ne l'attrape pas. Je tire de toutes mes forces dans celui-ci, il passe au dessus de la cuisse du gardien.

L'arbitre siffle, le public se lève et hurle de joie. Je cours sur le bord du terrain les bras écartés, Kylian cour à côté de moi, je rassemble toutes mes forces et lui saute dans les bras.

Le jeu reprend. Je sais que je ne tiendrai plus très longtemps comme ça, plus je cours, plus j'ai mal.

Antoine me passe la balle, je tire en avant, Kylian sprint le plus vite qu'il peut et tire. Il marque un nouveau but, je hurle de joie, et de douleur, mais ça, les autres ne le savent pas.

Une minute plus tard, l'arbitre siffle la mi-temps.

À la seconde où j'entends le coup de sifflet, je relâche tout. Toute cette adrénaline qui m'avait permis de tenir sur mes deux jambes tout ce temps me quitte. Mon genoux craque sous le coup de la douleur.

Omniscient

Alors que l'arbitre venait de siffler la mi-temps et que les chaînes de télévisions annonçaient déjà la publicité, tous annulèrent leur action pour reconcentrer leurs attentions sur le terrain.

Raphaël Moratti venait de s'écrouler sur la pelouse. Grâce à un splendide réflexe de Neymar Jr, le crâne du jeune français manqua de justesse la percutions avec le sol. Le brésilien le tenait à présent allongé, la tête sur ses genoux.

Il baissait la tête et essayait, en vain de faire ouvrir les yeux à son adversaire. Un silence mortel avait conquis le terrain et l'entièreté du public. On entendais le numéro 10 hurler et appeler les secours, qui se précipitaient sur le pelouse munis d'un brancard.

Lorsque Raphaël ouvrit enfin les yeux, un sourire illumina le visage du Brésil.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Demandais faiblement le français.

— Tu viens de t'écrouler. C'est fini pour toi. Vas te reposer.

— Oh....

Une larme s'échappa de l'œil de Raphaël et vint s'écraser sur le pelouse. Il n'allait pas pouvoir finir cette finale. Et il allait sûrement devoir subir de lourdes rééducations. Cela allait donc l'écarter du football, des terrains, et de tout ce qui continuait sa vie depuis beaucoup trop longtemps.

C'est donc ainsi, presque endormi, que notre jeune héros quitta le terrain lors de la finale de la Coupe du Monde 2022, sous l'ovation du stade entier. Ce jour-là, le monde entier reconnu son extraordinaire talent et sa détermination à toutes épreuves. Son plus grand ennemi en ce jour si important fut son propre corps. Il fut le seul à réussir l'exploit de le freiner dans ce match, durant lequel il avait redoublé et fourni toujours plus d'efforts et de buts.

Il était devenu l'un des meilleurs joueurs du monde actuel, et c'était incontestables. Certains diront même qu'il a marqué l'histoire du football.

J'ai dis « il » depuis le début ? Excusez-moi, c'était une erreur. L'habitude de traverser le fil de sa vie accompagnée de son mensonge. Je rectifie.

Elle.

Elle entra dans l'histoire. Et ce n'était que le début d'une formidable ascension.