Royal Wedding

XX

J-505 ...

Le grand miroir au coin de mon dressing me renvoie mon reflet. Je contemple totalement dubitative la personne qui me fait face. J'ai enfilé une robe à paillette qui se trouvait aux fins fond de ma penderie, vestige d'une vieille soirée de Nouvel an. Sans doute ai-je grossi depuis sa dernière utilisation car je suis toute boudinée dedans. Je fais quelques pas pour me regarder sous toutes les coutures, la robe remonte au moindre de mes mouvements. Impossible que je porte cela ce soir sans passer ma soirée à être mal à l'aise.

Dépitée, je souffle...

Derrière moi, ma penderie est à l'image de ma contrariété. Une pile de robes, jupes et vêtement en tout genre jonche le sol. Je n'ai aucune idée de comment me vêtir. Plus j'essaye d'habits et, plus j'ai l'impression que rien ne me sied. Il faut dire que j'ai la pression, un peu serait un euphémisme. Louis m'a envoyé une invitation pour venir assister au feu d'artifice du 13 juillet. C'est un grand honneur que d'assister à cet évènement. Seulement certains invités, spécialement choisis au sein de la noblesse, ont le privilège d'être convié à cette mondanité. Le spectacle lumineux a lieu à Versailles et, marque la fin de cette journée de commémoration. Le 13 juillet est un jour important pour la France : c'est la date à laquelle on fête les Saint Henri. Il s'agit de la fête nationale car ce jour fait référence à Henri IV, roi de France qui a fondé la dynastie des Bourbon en France à laquelle Louis et sa famille appartiennent.

La journée a été remplie de festivité et de cérémonie. Ce matin, la parade militaire le long des Champs Elysées a rassemblé une foule impressionnante de français. Le cortège militaire défile, composé d'unités à pied, montées, motorisées et aériennes, descend l'avenue des Champs-Elysées, de la place de l'Etoile jusqu'à la place de la Concorde. C'est à ce moment-là que les militaires saluent notre Roi, son gouvernement, les principales autorités de l'Etat, le corps diplomatique ainsi que des personnalités politiques étrangères conviées à la cérémonie. Les militaires suivent un protocole extrêmement précis et encadré. Ils doivent avancer synchroniquement à une allure qui ne dépasse pas 14 km/h. Le long des rues, une multitude de drapeaux flottent dans le vent, ils sont aux couleurs des armoiries de la famille Bourbon : un fond d'azur, sur lequel sont apposées des fleurs-de-lys d'or. Le défilé se clôture par le survol de neuf Alpha Jets de la Patrouille de France qui trace dans le ciel les couleurs du drapeau.

Au détour d'un regard circulaire de ma penderie, mon oeil finit par se poser sur LA robe. Sobre mais sensuel, simple mais glamour, cette ancienne robe de demoiselle d'honneur couleur bordeaux est parfaite. Son dos nu est sensationnel ! Elle tombe élégamment au-dessus de mes genoux. Je l'agrémente de talon compensé, ainsi que d'une multitude de bijoux en or.

Aux abords des escaliers, je croise ma mère. Cette dernière marque un arrêt en me voyant arrivée. Son regard perçant me scrute de la tête aux pieds, me donnant l'impression de passer sous un scanner. Je n'ose plus bouger ni même respirer, attendant son approbation.

- Tu es ravissante, me soulage-t-elle d'un poids. Je n'aurais pas choisi cette paire de talon. Tu aurais sans doute dû mettre une autre couleur de rouge à lèvre.

- Merci.

Je ne tiens pas compte des remarques, pour ne retenir uniquement que le compliment qui m'a été fait. Avec ma mère, c'est toujours comme cela, un compliment est toujours suivi par une critique. Je la connais trop pour y prêter attention, je préfère en faire abstraction. Mes soeurs et moi, nous avons été habituée dès le plus jeune âge à l'exigence de notre mère. Pour elle, ce n'est jamais parfait, il faut toujours qu'elle est une remarque à nous dire. Elle a toujours mis la barre extrêmement haut pour nous. Notre mère voulait le meilleur pour nous et, que nous soyons les mères dans tout et partout. J'ai arrêté de courir après son approbation quand j'ai vu que je ne serais jamais assez bien pour elle, assez parfaite...